Le département de la Seine-Inférieure, un des plus riches, des plus peuplés, des plus industrieux el des mieux cultivés de la France, est formé de la partie la plus importante de la ci devant province de haute Normandie, et tire son nom de la partie basse du cours de la Seine qui s'embouche dans la Manche entre Honfleur et le Havre. Ses bornes sont : au nord et à l'ouest, la Manche ; à l'est, les départements de la Somme et de l'Oise ; au sud, celui de l'Eure et une partie de celui du Calvados. Ce département possède seize ports, et a environ 120 kilomètres de côtes, depuis le cap de la Hève jusqu'au Tréport, où commencent les falaises, chaîne de montagnes taillées à pic, qui, sans interruption que celles des baies, règnent le long de la mer jusqu'au Havre, où elles perdent leur nom. La hauteur de ces falaises varie suivant les lieux ; elles ont depuis 30 jusqu'à 240 métrés ; celle de l'est du port de Fécamp eu a même davantage. Dans les beaux jours d'été, ces falaises, vues de quelque distance en mer, offrent une zone d'une blancheur éblouissante, aussi étendue que l'horizon. De temps en temps, surtout à la suite des gelées et dans les saisons humides, il s'en détache des portions considérables. L'arrondissement .du Havre, formé d'une partie du riche pays de Caux, est l'un des plus productifs du département cependant les produits sont, en général, plutôt en raison de l'intelligence et de l'activité du cultivateur, que de la bonté primitive du terroir. Baigné sur ses deux côtés les plus étendus par la Seine et par la mer, cet arrondissement est presque entièrement privé d'eaux vives. Trois ou quatre petits ruisseaux coupent seuls ses fertiles plaines et ne parcourent pas un espace assez considérable pour préserver ses campagnes du fléau de la sécheresse, que l'on prévient en conservant l'eau dans des mares. Les parties inférieures de l'arrondissement, latérales à la Seine, sont généralement fort malsaines, notamment le canton d'Ingouville qui entoure le Havre depuis la mer jusqu'à la rivière de la Lézarde ; du côté de cette rivière, il ne présente qu'un marécage vaseux et malsain, qui cause des fièvres pernicieuses. Une petite partie de l'arrondissement d'Yvetot occupe la rive gauche de là Seine ; le reste s'étend de la rive droite du fleuve jusqu'à la mer. Ce territoire est un des plus fertiles du département. Le sol y est gras et profond; aussi produit-il beaucoup de grains, de légumes et de fruits excellents. Les prairies y sont abondantes et de bonne qualité.
L'arrondissement de Dieppe, borné au nord par
la Manche, est inégal et entrecoupé de collines peu élevées, qui donnent
naissance à de belles vallées sillonnées par une multitude de rivières
peu considérables. Il est fertile et produit toutes sortes de grains,
du lin, du chanvre, des légumes et des fruits, au quels il faut joindre
la vesce, fourrage également nécessaire pour la nourriture des bestiaux
qu'on y élève. La culture du chanvre est plus suivie dans cet arrondissement
que dans aucun autre ; il y réussit en général, et est d'une grande
ressource pour les travaux de la pèche. Une partie des côtes est bordée
de falaises, composées de marne et de-silex, recouvertes de glaise et
de grès.
Le sol de l'arrondissement de Neufchâtel est montueux,
couvert de bois et coupé de larges vallées. Eu raison de la grande étendue
de ses pâturages, de ses bois et des landes qui s'étendent le-long de
ses côtes, il n'offre pas un tableau de culture en grains aussi satisfaisant
que les autres , mais il en est dédommagé par les productions animales
qu'il nourrit. Dans cet arrondissement, plus que sur aucun autre point
du département, l'éducation des vaches à lait est suivie avec succès.
La disposition du pays, coupé par un grand nombre de vallées, seconde
efficacement ce genre d'industrie, un de ceux dont la nature des localités
fait un -véritable devoir aux cultivateurs. Livrés tout entiers aux
soins de leurs bestiaux, aux occupations de leurs laiteries, les habitants
des communes rurales, assises dans les vallées de cet arrondissement,
tirent d'un sol riche et fécond les produits les plus sûrs qu'offre
la terre. Celles des communes qui sont dans les plaines, suivent les
travaux ordinaires du labourage.
L'arrondissement de Rouen présente
une surface très inégale, entremêlée de champs-fertiles, de bouquets
de bois, de collines cultivées, et de belles vallées qui offrent une
multitude de sites pittoresques et de paysages enchanteurs. La partie
méridionale, traversée par la Seine qui y décrit plusieurs sinuosités
, est couverte de forêts très-étendues La Seine Maritime est délimité
au sud par la Seine qui prenant sa source sur le plateau de Langre dans
la commmune de Source Seine et qui après un parcours de 777 km vient
se jeter dans le Manche au havre. Fleuve navigable, aussi bien en amont
qu'en aval de Paris la Seine à de tout temps été l'une des première
voie d'acces pour le révitaillemnt de Paris.
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie 627 800 ha
Population: 1 250 120 (2009)
Densité
: 199 hab./km²
Nb de communes :746
Le territoire que comprend aujourd'hui
le département de la Seine-Inférieure était habité,
à l'époque de.la conquête des Gaules, par deux populations
distinctes les Véliocasses dont la capitale était Rotomagus
(Rouen), et les Calètes, qui occupaient la partie nord-ouest
du département (ancien pays de Caux). Caletum, capitale
de ces derniers, prit, en l'honneur de Jules César,
le nom de Juliubona (aujourd'hui Lillebonne). Colonisé
par les Romains, qui y bâtirent des villes et y creusèrent
des ports, compris dans la seconde Lyonnaise, ce peuple
reçut, dès le IIIème siècle, la foi chrétienne
qui lui fut apportée par saint Nicaise, disciple de
saint Denis.
Après avoir vécu tranquille sous la
domination romaine, il se révolta, ainsi que l'Armorique
(Bretagne), en l'an 408 les contrées insurgées se constituèrent
en république et furent gouvernées par des magistrats
élus jusqu'à la conquête du pays par Clovis.
Pendant
cette première période de notre histoire, la Normandie
fait partie de la Neustrie, qui comprenait tout le territoire
occidental de la France, entre la Bretagne, la Bourgogne
et l'Austrasie. Au milieu des querelles sanglantes qui
remplissent l'histoire des successeurs de Clovis, la
Neustrie eut sa part de crimes et de calamités. Sigebert,
roi d'Austrasie, excité par sa femme Brunehaut, enlève
à son frère Chilpéric la plus grande partie de son royaume,
Rouen et la Neustrie. Chilpéric est contraint de se
réfugier dans Tournay ; désespéré, il semble attendre,
dans une sorte d'impassibilité farouche, que sa ruine
se consomme mais, moins prompte à se décourager, sa
femme Frédégonde fait venir deux jeunes guerriers francs
elle leur peint les malheurs de la famille royale, les
attendrit, les anime encore en leur faisant boire des
liqueurs enivrantes, et leur fait jurer de tuer Sigebert.
Les deux guerriers partent pour la Neustrie, se présentent
devant Sigebert le poignardent et tombent eux-mêmes
percés de coups. Délivré de son frère, Chilpéric rentre
vainqueur à Paris ; il y trouve la reine Brunehaut,
qu'il exile à Rouen. Mais la veuve de Sigebert avait
réussi à inspirer une passion violente au fils même
de Chilpéric, Mérovée. Celui-ci s'échappe, va la rejoindre
à Rouen, l'épouse et fait bénir cette union par l'évêque
de Rouen, Prétextat, qui, parrain du jeune prince, lui
portait une affection paternelle. Furieux, Chilpéric
atteint les coupables, les sépare ; Brunehaut retourne
en Austrasie ; quant à Mérovée, enfermé dans un monastère,
il réussit à s'évader et erre quelque temps d'asile
en asile. Enfin, se voyant près de tomber entre les
mains de sa marâtre Frédégonde et de son père animé
par elle, il se fait donner la mort par un de ses amis.
Cependant l'affection que l'évêque de Rouen avait témoignée
à son pupille avait profondément irrité Chilpéric et
Frédégonde. Prétextat est exilé à Jersey, une des créatures
de Frédégonde, Mesantius, est promu à sa place à la
dignité épiscopale ; quelques années après, Chilpéric
meurt, et Prétextat est rétabli. Frédégonde, outrée
de fureur, fait assassiner le vieil évêque au pied des
autels, pendant le service divin, par un serf de l'Église
de Rouen. La mémoire de Prétextat resta chère au peuple
de Rouen et l'Église l'honore comme un saint.
Mésantius
remonte sur le siège épiscopal toujours en butte à la
haine et au mépris des Neustriens. La chaire épiscopale
fut, après lui., occupée par deux saints, saint Romain
et saint Ouen, dont l'ardente piété réussit à détruire,
dans ces contrées, les derniers vestiges du paganisme.
Saint Ouen fonda les deux fameuses abbayes de Saint-Wandrille
et de Jumièges et s'efforça de propager l'étude des
lettres chrétiennes ; mais, après lui, la Neustrie,
abandonnée aux exactions des seigneurs, aux invasions
des pirates du Nord, ne respira un moment que sous le
règne de Charlemagne.
L'anarchie sanglante qui désola
l'empire des Francs après la mort du grand empereur
allait la livrer de nouveau aux envahissements des hommes
du Nord, aux Northamans ou Normands qui devaient lui
donner sa dénomination définitive. Le sol antique de
la Gaule avait été envahi par des races barbares, d'origine
et de mœurs diverses mais les invasions des Normands
eurent, pour la France, un caractère étrange et inattendu.
Les vikings normands faisaient un genre de guerre tout
nouveau et qui aurait déconcerté les mesures les mieux
prises contre une agression ordinaire. Leurs flottes
de bateaux à rames et à voiles entraient par l'embouchure
des fleuves et les remontaient souvent jusqu'à leur
source, jetant alternativement, sur les deux rives,
des bandes de pillards intrépides et disciplinés. Lorsqu'un
pont ou quelque autre obstacle arrêtait cette navigation,
les équipages tiraient leurs navires à sec, les démontaient
et les charriaient jusqu'à ce qu'ils eussent dépassé
l'obstacle. Des fleuves, ils passaient dans les rivières,
et puis d'une rivière dans l'autre, s'emparant de toutes
les grandes iles, qu'ils fortifiaient pour en faire
leurs quartiers d'hiver et y déposer, sous des cabanes
rangées en files, leur butin et leurs captifs. Attaquant
ainsi à l'improviste et lorsqu'ils étaient prévenus,
faisant retraite avec une extrême facilité, ils parvinrent
à dévaster des contrées entières, au point que, selon
l'expression des contemporains, on n'y entendait plus
un chien aboyer. Les châteaux et les lieux forts étaient
le seul refuge contre eux mais, à cette première époque
de leurs irruptions, il y en avait peu, et les murs
mêmes des anciennes villes romaines tombaient en ruine.
Pendant que les riches seigneurs de terres flanquaient
leurs manoirs de tours crènelées et les entouraient
de fossés profonds, les habitants, du plat pays émigraient
en masse de leurs villages, et allaient à la forêt voisine
camper sous des huttes défendues par des abatis et des
palissades. Mal protégés par les rois, les ducs et les
comtes du pays, qui souvent traitaient avec l'ennemi
pour eux seuls et aux dépens des pauvres, les paysans
s'animaient quelquefois d'une bravoure désespérée, et,
avec de simples bâtons, ils affrontaient les haches
des Normands. D'autres fois, voyant toute résistance
inutile, abattus et démoralisés, ils renonçaient à leur
baptême pour détourner la fureur des païens, et, en
signe de leur initiation au culte des dieux du Nord,
ils mangeaient de la chair d'un cheval immolé en sacrifice.
Cette apostasie ne fut point rare dans les lieux les
plus exposés au débarquement des pirates ; leurs bandes
mêmes se recrutèrent de gens qui avaient tout perdu
par leurs ravages ; et d'anciens historiens assurent
que le fameux roi de mer Hastings était fils d'un laboureur
des environs de Troyes. Brulée une première fois, en
841, par ces pirates, qui remontaient le cours de la
Seine, pillant et ravageant tous les riverains, Rouen
les voit s'établir dans ses murs en 845, puis se retirer.
Mais, après ces courses rapides, vint la grande invasion,
celle de 896. Roll ou Rollon, banni de la Norvège ;
sa patrie, réunit autour de lui de hardis compagnons
résolus à suivre tous les hasards de sa fortune. Avec
une flotte nombreuse, il entre dans la Seine, qu'il
remonte jusqu'à Jumièges, à cinq lieues de Rouen. Aucune
armée ne se présente pour leur disputer l'entrée du
pays. Le prince qui régnait alors était Charles le Simple
faible d'esprit et de cœur. Au milieu de l'épouvante
générale, seul l'archevêque de Rouen ose ne pas désespérer
du salut de la : ville il se rend au camp des Normands
et offre à Rollon l'entrée de Rouen à la condition qu'il
ne sera fait aucun mal aux habitants. Rollon accepte
; Rouen devient sa place d'armes, le centre de ses entreprises.
Après en avoir pris possession, il remonte la Seine
jusqu'à l'embouchure de l'Eure, et là, établis dans
un camp fortifié, les Normands attendent l'arrivée de
l'armée que Charles réunissait enfin contre eux. Dans
cette armée se trouvait un païen converti le Norvégien
Hastings ; connaissant l'énergie sauvage de ses anciens
compatriotes, il donne le conseil de ne point tenter
de forcer leurs retranchements « Voilà un conseil de
traitre, » s'écrie un seigneur français. Hastings, indigné,
quitte aussitôt le camp. La bataille s'engage ; les
Normands sont vainqueurs, et le duc de France, chef
de l'armée française Regnauld, périt de la main d'un
pêcheur de Rouen, qui avait suivi l'armée des envahisseurs.
Rollon poursuit sa marche victorieuse jusqu'à Paris,
qu'il assiège inutilement. Forcé de reculer, il se rabat
sur Bayeux, dont le comte est tué ; la beauté de la
fille du comte, Popa, touche le cœur du chef normand,
qui l'épouse. Après avoir pris Évreux, Rollon échoue
devant Chartres. Néanmoins, la terreur que les Normands
inspirent est si grande, que le cri général impose à
Charles le Simple la nécessité de traiter avec ces pirates.
La paix est conclue à Saint-Clair-sur-Epte, en 912.
Rollon et ses principaux compagnons consentent à embrasser
la foi chrétienne, à condition qu'on leur cèdera les
contrées maritimes, avec Rouen et ses dépendances. On
raconte qu'après la cérémonie, où Rollon jura foi et
hommage au roi de France, on voulut exiger de lui qu'il
s'agenouillât, selon l'usage, devant le roi et lui baisât
le pied. « Jamais je ne m'agenouillerai devant un homme,
» dit Rollon ; puis, les seigneurs français insistant,
le Normand fit signe à un de ses gens de venir baiser
à sa place le pied du roi. Le soldat se baisse, saisit
le pied, puis, le relevant vivement comme s'il eût voulu
le porter à sa bouche, jeta le roi à la renversé, aux
grands éclats de rire de tous ses compagnons. Dès lors,
l'histoire des envahisseurs devint l'histoire même du
pays auquel ils ont donné leur nom. Ils se partagèrent
le pays, les anciens propriétaires furent dépossédés
ou contraints de tenir leurs domaines à ferme ou en
vasselage ; mais le calme dont jouit enfin le pays,
sous la domination ferme et intelligente de Rollon,
le dédommagea un peu des malheurs de sa condition nouvelle
; en quelques années, les terres furent défrichées ;
les villes, les églises, les monastères et les châteaux
sortirent de leurs ruines. Longtemps après la mort de
Rollon, le nom de ce chef de pirates resta célèbre en
Normandie, comme celui de l'ennemi le plus acharné des
larrons et du plus grand justicier de son siècle. Guillaume
1er, fils de Rollon, recula les limites de
son duché, vainquit une armée de rebelles normands,
aux portes mêmes de Rouen, dans une prairie qui a conservé
depuis le nom de pré de la Bataille, et mourut assassiné
par trahison, dans une conférence où l'avait attiré
Arnould, comte de Flandre. Ce duc, ainsi que ses successeurs,
Richard 1er et Richard II, se distingua par
une vive piétée et par sa libéralité envers l'Église
; les moines normands, seuls historiens de cette époque,
en ont récompensé ces princes par les éloges les plus
magnifiques.
Sous Richard Il, les paysans, écrasés
d'impôts, tourmentés par les nouveaux dominateurs, formèrent
un vaste complot pour secouer le joug de leurs tyrans.
Ils choisirent des délégués qui se réunissaient en une
assemblée générale et communiquaient ensuite à chaque
village le résultat des délibérations. Raoul, oncle
de Richard II encore enfant, fut informé de ces assemblées
secrètes et du lieu où elles se tenaient ; il fond avec
ses chevaliers sur ces paysans sans armes et les supplices
les plus atroces furent infligés à ces malheureux, ainsi
qu'à tous ceux qui avaient comme eux nourri l'espoir
de reconquérir leur liberté.
Sous Richard III et
son frère Robert le Diable, l'histoire intérieure de
la Normandie ne présente rien de remarquable mais c'est
à cette époque que des aventuriers normands, sous la
conduite des fils de Tancrède de Hauteville, étonnèrent
le midi de l'Europe par l'éclat de leurs faits d'armes,
et conquirent Naples et la Sicile. Les habitudes et
le caractère des Normands, à cette époque héroïque de
leur histoire, ont été dépeints par Michelet dans son
Histoire de France, avec la vivacité pittoresque qu'on
lui connait. Les historiens de la conquête d'Angleterre
et de Sicile se sont plu à représenter leurs Normands
sous les formes et la taille colossale des héros de
chevalerie.
En Italie, un d'eux tue d'un coup de
poing le cheval de l'envoyé grec. En Sicile, Roger,
combattant cinquante mille fantassins avec cent trente
chevaliers, est renversé sous son cheval, mais se dégage
seul, et rapporte encore la selle. Les ennemis des Normands,
sans nier leur valeur, ne leur attribuent point ces
forces surnaturelles.
Les Allemands, qui les combattirent
en Italie, se moquaient de leur petite taille. Dans
leur guerre contre les Grecs et les Vénitiens, ces descendants
de Rollon et d'Hastings se montrent peu marins et fort
effrayés des tempêtes de l'Adriatique. Mélange d'audace
et de ruse, conquérants et chicaneurs comme les anciens
Romains, scribes et chevaliers, rasés comme les prêtres
et bons amis des prêtres (au moins pour commencer) ;
ils firent leur fortune par l'Église et malgré l'Église.
La lance y fit, mais aussi la lance de Judas, comme
parle Dante. Le héros de cette race, c'est Robert l'Avisé.
La Normandie était petite, et la police y était
trop bonne pour qu'ils pussent butiner grand-chose les
uns sur les autres. Il leur fallut donc aller, comme
ils disaient, gagner par l'Europe. Mais l'Europe féodale,
hérissée de châteaux, n'était pas au XIème
siècle facile à parcourir. Ce n'était plus le temps
où les petits chevaux des Hongrois galopaient jusqu'au
Tibre, jusqu'à la Provence. Chaque passe des fleuves,
chaque poste dominant avait sa tour ; à chaque défilé
on voyait descendre de la montagne quelque homme d'armes
avec ses varlets et ses dogues, qui demandait péage
ou bataille ; il visitait le petit bagage du voyageur,
prenait part, quelquefois prenait tout, et l'homme par-dessus.
Il n'y avait donc pas beaucoup à gagner en voyageant
ainsi. Nos Normands s'y prenaient mieux. Ils se mettaient
plusieurs ensembles bien montés, bien armés, mais de
plus affublés en pèlerins de bourdons et de coquilles
ils prenaient même volontiers quelque moine avec eux.
Alors, à qui eût voulu les arrêter ils auraient répondu
doucement, avec leur accent trainant et nasillard, qu'ils
étaient de pauvres pèlerins, qu'ils s'en allaient au
Mont- Cassin, au saint sépulcre, à Saint-Jacques de
Compostelle on respectait d'ordinaire une dévotion si
bien armée.
Le fait est qu'ils aimaient ces lointains
pèlerinages il n'y avait pas d'autre moyen d'échapper
à l'ennui du manoir. Et puis c'étaient des routes fréquentées
; il y avait de bons coups à faire sur le chemin, et
l'absolution au bout du voyage. Tout au moins, comme
ces pèlerinages étaient aussi des foires, on pouvait
faire un peu de commerce, et gagner plus de cent pour
cent en faisant son salut. Le meilleur négoce était
celui des reliques on rapportait une dent de saint Georges,
un cheveu de la Vierge. On trouvait à s'en défaire à
grand profit ; il y avait toujours quelque évêque qui
voulait achalander son église, quelque prince prudent
qui n'était pas fâché à tout évènement d'avoir en bataille
quelque relique sous sa cuirasse. »
Le successeur
de Robert le Diable, son bâtard Guillaume, allait illustrer
le nom normand par la conquête de l'Angleterre. Il appuyait
ses prétentions au trône de la Grande-Bretagne sur un
testament que le feu roi des Anglo-Saxons, Édouard,
aurait fait en sa faveur sur le don que le pape Alexandre
II faisait de ce royaume aux Normands, fils si dévoués
de l'Église ; enfin, sur une nombreuse armée, composée
d'aventuriers de toutes nations, qu'attirait l'espoir
du pillage et des conquêtes. La victoire d'Hastings
en 1066 leur livra l'Angleterre. Le roi des Anglo-Saxons,
l'intrépide Harold, y fut tué.
Guillaume le Conquérant
imposa les lois et la langue normandes à son nouveau
royaume, qu'il partagea en fiefs au profit de ses compagnons.
Guillaume, depuis cette conquête, séjourna alternativement
en Normandie, où il eut à réprimer la rébellion de son
fils Robert, appuyée par de nombreux mécontents, et
en Angleterre, où l'appelaient des révoltes continuelles,
excitées par la tyrannie sanguinaire des nouveaux conquérants.
Ces atrocités contribuèrent à enrichir le clergé de
Normandie. Les seigneurs de Normandie se sentaient parfois
des remords en songeant aux crimes de toute sorte qu'ils
avaient commis en Angleterre ; les évêques décidèrent
qu'ils devaient s'en délivrer par la pénitence ou par
des aumônes faites aux églises les conquérants, enrichis
par le pillage et les massacres, préférèrent en général
ce dernier genre d'absolution.
C'est de cette époque
que date la construction des plus riches églises de
Normandie. Les États de Guillaume le Conquérant furent,
à sa mort, partagés entre ses trois fils Robert Courte-Heuse
eut la Normandie; Guillaume le Roux, l'Angleterre, et
Henri le comté de Mortain. C'est ici que finit l'époque
héroïque de la Normandie.
Robert Courte-Heuse, prince
faible et débauché, vit son pouvoir souvent menacé par
la révolte de ses vassaux. En 1096, il partit pour la
croisade. L'un de ses frères, Guillaume le Roux étant
mort, le troisième fils du Conquérant, Henri Beau-Clerc,
profita de l'absence de son frère ainé pour s'emparer
de la couronne d'Angleterre et du duché de Normandie
Robert Courte-Heuse, à son retour, ayant tenté de reconquérir
par les armes ce que l'usurpation lui avait enlevé,
fut fait prisonnier par son frère, qui l'enferma dans
un château du pays de Galles, après lui avoir crevé
les-yeux. Robert languit pendant trente ans dans cette
prison, se consolant de sa captivité en composant des
poésies, dont quelques-unes nous ont été conservées.
Henri Beau-Clerc réprima énergiquement l'insolence de
ses vassaux. Ceux-ci lui suscitèrent un compétiteur
dans la personne du jeune fils de Robert Courte-Heuse,
Guillaume Clyton, et appelèrent à leur aide le roi de
France, Louis le Gros. Mais Henri vainquit ces confédérés
à Brenneville, ou plutôt Brémule en 1119), bataille
peu sanglante d'ailleurs, s'il est vrai qu'il n'y périt
que trois hommes.
Après avoir imposé au roi de France
un traité désavantageux, Henri mourut ; laissant une
fille, Mathilde, mariée à Geoffroy Plantagenet, comte
d'Anjou. La discorde et la guerre continuèrent de désoler
la Normandie.
Cependant les premières communes de
Normandie datent de cette époque au milieu de ces dissensions
rivales, les divers compétiteurs cherchaient à s'attacher
par des concessions et des franchises les bourgeois,
qui commençaient à s'enrichir par le commerce et l'industrie
Geoffroy et Henri Plantagenet, qui lui succéda, abolirent
en Normandie les charges les plus onéreuses, fruits
amers de la conquête, et accordèrent des privilèges
importants aux bourgeois de Rouen et de la ville d'Eu.
Cette époque est celle de la plus grande puissance des
Normands et l'origine des longues guerres de l'Angleterre
et de la France. Éléonore de Guyenne, fille du comte
de Poitiers et d'Aquitaine, avait épousé le roi de France,
Louis VII ; un divorce les sépara en 1150, et, la même
année, Éléonore épousait Henri Plantagenet, duc d'Anjou
et de Normandie, bientôt roi d'Angleterre sous le nom
de Henri II ; elle lui apportait en dot toute la France
occidentale, de Nantes aux Pyrénées. Maitre en France
d'un territoire beaucoup plus étendu que celui du roi,
possédant une étendue de pays qui correspondait à quarante-sept
de nos départements actuels, tandis que Louis VII n'en
possédait pas vingt, Henri II vit bientôt sa puissance
ébranlée par sa lutte avec l'archevêque de Cantorbéry,
Thomas Becket, qu'il fit assassiner, et par la révolte
de ses fils appuyés par le roi de France.
Il mourut,
laissant sa couronne à son fils Richard Cœur de Lion
celui-ci avait eu, dans le roi de France Philippe-Auguste,
un ami dévoué et fidèle. Pendant la croisade qu'ils
entreprirent ensemble, ils ne tardèrent pas à se brouiller.
Laissant le chevaleresque roi d'Angleterre étonner la
Palestine par ses exploits et révolter par son orgueil
les princes ses compagnons, Philippe, revenu en France,
excita Jean sans Terre, frère de Richard, à s'emparer
du trône d'Angleterre. Richard, longtemps captif en
Autriche, ne put revenir qu'après avoir payé une rançon
énorme. Il réduisit aisément ses vassaux révoltés ;
mais il mourut bientôt, atteint d'une flèche au siège
de Châlus, petit château du Limousin en 1199. Son frère
et successeur, Jean sans Terre, fait prisonnier à Mirebeau,
Arthur de Bretagne, fils de son frère aîné, Geoffroy,
qui faisait valoir ses droits à la couronne anglo-normande.
Il l'enferme dans le château de Rouen, puis le fait
assassiner et jeter dans la Seine. Philippe profite
avidement du crime de Jean sans Terre et de l'horreur
que ses perfidies et ses cruautés inspiraient aux Normands.
Il le fait citer devant le tribunal des pairs, pour
répondre du meurtre d'Arthur et, sur son refus de
comparaitre,
fait confisquer les provinces que Jean possédait en
France. La Normandie fut ainsi réunie à la couronne
de France en 1201.
A dater de cette époque, l'histoire
de cette province se confond avec celle de la France.
Philippe- Auguste assure son autorité en Normandie,
en achetant la plupart des fiefs importants et en confirmant
les privilèges des communes. Sous l'avide Philippe le
Bel, des impôts excessifs provoquèrent une révolte,
bientôt étouffée. Louis le Hutin octroie à la province
la charte dite Charte aux Normands, qui assurait aux
Normands le droit de n'être jamais cités devant une
autre juridiction que celle de leur province. Cette
charte, longtemps respectée, ne fut abolie réellement-
que sous Louis XIV, et, s'il arrivait qu'une ordonnance
royale en violât quelque disposition, on y ajoutait
cette réserve expresse, qui rappelait l'existence du
droit, alors même qu'il était violé Nonobstant clameur
de haro et charte normande.
La Normandie fut
constituée en duché apanager en faveur du fils ainé
de Philippe de Valois; ce fut Louis XI qui la réunit
définitivement au domaine royal.
Pendant la guerre
de Cent ans, dont elle fut souvent le théâtre, la Normandie
fut dévastée par les Anglais, et l'épidémie célèbre
connue sous le nom de peste noire réduisit de moitié
le nombre de ses habitants.
Depuis Louis XI, elle
jouit pendant près d'un siècle d'une paix dont elle
profita pour tourner son activité vers le commerce et
les expéditions maritimes.
François 1er
encouragea l'esprit de découverte qui animait, au XVIème
siècle, les marins normands, en fondant à l'embouchure
de la Seine le port du Havre. Mais la province vit bientôt
cette prospérité s'évanouir pendant les guerres de religion.
Les protestants se rendirent maitres de Rouen qui, reprise
par les catholiques, fut livrée au pillage ; le resta
deux ans au pouvoir des Anglais, et les supplices infligés
aux huguenots, les massacres qui suivirent la Saint-
Barthélemy portèrent la désolation et la ruine dans
ce beau pays. Un statisticien du XVIIème
siècle calculait que la guerre civile avait enlevé à
la Normandie plus de cent cinquante mille habitants.
La Normandie fut le théâtre de la lutte entre Henri
IV et la Ligue, dont les combats d'Arques et d'Ivry
sont les épisodes les plus importants. Henri, maitre
du royaume, releva le commerce et la marine normande,
qui prospéra de nouveau jusqu'à l'époque de nos désastres,
à la fin du règne de Louis XIV. Sous ce prince, les
états de Normandie, qui s'étaient longtemps maintenus,
disparurent enfin ; mais si la province perdit quelques-uns
de ses privilèges, la prospérité matérielle y gagna.
Au XVIIIème siècle, la lutte du vieil esprit
provincial contre l'unité française semble parfois se
ranimer, sous Louis XV, au sein du parlement de Normandie
et, dans les premiers temps de la Révolution, ce fut
à Caen que s'organisa, en 1793, l'insurrection dirigée
par les Girondins unis aux royalistes; mais l'armée
insurrectionnelle, conduite par Wimpfen et le marquis
de Puisaye, fut vaincue à Vernon, et la Normandie fut
soumise à l'autorité de la Convention.
Dès lors,
malgré le voisinage de la Bretagne révoltée, elle resta
tranquille, et ce fut à peine si la chouannerie réussit
à troubler un moment quelques cantons de la basse Normandie.
Sous Napoléon 1er, le génie commercial de
la Normandie prit un nouvel essor. Jamais l'industrie
et les productions n'y furent plus actives ni plus prospères
mais, si elle n'eut pas à souffrir des invasions en
1814 et en 1815, elle paya son tribut à la guerre de
1870-1871. Dès le 1er novembre, un corps
formé de 7 bataillons de mobiles, de 8 compagnies de
francs-tireurs, de 2 escadrons de hussards, avec une
batterie d'artillerie et quelques gardes Nationaux mobilisés,
fut chargé de couvrir, sur la rive droite de la Seine,
Rouen et Le Havre, et ces troupes se déployèrent en
avant de Rouen jusqu'à Gournay, Écouen et Les Andelys
(Eure). En décembre, les mobiles furent repoussés, à
Buchy, par le huitième corps allemand qui venait de
Metz, ils rentrèrent à Rouen vers cinq heures du soir
et y causèrent une violente émotion.
La ville était
ouverte, sans fortifications et dominée par de hautes
collines qui rendaient, dans les conditions présentes,
toute défense impossible. Le conseil municipal assemblé
à la hâte délibéra, et il fut décidé que la ville ne
serait pas défendue. Le 5 décembre, le général Briand,
qui avait été antérieurement chargé de la défense de
la place, voyant que l'on ne convoquait pas la garde
nationale à l'approche de l'ennemi et que les autorités
étaient décidées à ne pas défendre la ville, se retira
sur Le venait d'être fortifié par les soins du capitaine
de vaisseau Mouchez, et Le Havre se trouva défendu par
un corps d'environ 20 000 hommes.
Après l'occupation
de Rouen, les Allemands avaient établi leurs postes
avancés sur toute la ligne qui s'étend entre les deux
rives de la Seine, d'Elbeuf à La Bouille. Un corps de
1500 Français entreprit de forcer les postes avancés
de l'ennemi. L'action s'engagea près de Moulincaux,
à 15 kilomètres au sud-ouest de Rouen; l'ennemi en fut
chassé et poursuivi jusqu'au Grand-Couronne. Il voulut
le lendemain reprendre ses positions, mais fut chaudement
reçu et définitivement repoussé. Les francs-tireurs
du Calvados et les mobiles de l'Ardèche et des Landes
eurent principalement l'honneur de ces deux journées.
Le 1eret le 2 janvier, les Allemands
se contentèrent de mettre quelques canons en batterie
sur la route du Grand-Couronne à Elbeuf, et vers deux
heures ils tirèrent plusieurs coups de feu sur Moulincaux;
mais, le 3 au soir, d'épaisses colonnes de Prussiens
partirent de Rouen et se dirigèrent vers le Grand-Couronne,
où ils firent halte et passèrent une partie de la nuit.
Ils étaient 20 000 à 25 000 avec trente-six canons.
Le lendemain, avant six heures du matin, une formidable
fusillade éclata. C'étaient toutes les forces ennemies
qui se ruaient sur la faible avant-garde française.
Les Prussiens étaient à quinze contre un ; de plus,
un brouillard extrêmement épais permit d'avancer sans
être vu. Tout d'abord un détachement de quatre-vingts
mobiles, qui n'avaient pris aucune mesure pour éviter
une surprise, fut enveloppé et fait prisonnier.
Les lourdes masses allemandes gravirent à grand peine
les flancs escarpés du Château-Robert. Sur la plate-forme
du vieux donjon, une poignée d'hommes, soutenue de deux
canons, foudroyait à bout portant les troupes allemandes
qui montaient toujours et par un feu plongeant ouvrait
de vastes trouées dans leurs rangs épais. Mais quand
ces braves gens eurent perdu douze des leurs et virent
l'ennemi déborder de toutes parts sur le plateau, ils
durent opérer leur retraite. Elle fut lente et protégée
par une fusillade des mieux nourries. A dix heures,
les Français manœuvraient au-dessus de La Bouille, à
Saint--Ouen-de-Thiberville (Eure). Nos tirailleurs s'adossèrent
à l'église et firent sur l'ennemi un feu terrible.
Notre dernier canon ne fut pris qu'après la mort des
quatre artilleurs qui le servaient; vers deux heures
et demie, la canonnade cessa de gronder, tout était
à peu près terminé. Les Français avaient perdu environ
600 hommes et les Allemands 3 000
Cependant l'ennemi
avançait toujours Rouen, Dieppe, Fécamp, Bolbec tombèrent
en son pouvoir. Il allait marcher sur Le Havre lorsque
ses troupes furent rappelées au nord-est par suite de
l'heureuse diversion de l'armée du Nord commandée par
le général Faidherbe. Dieppe et plusieurs autres villes
furent alors évacuées par les Allemands mais ils ne
cessèrent d'occuper Rouen, qui fut largement mis à contribution
et resta entre leurs mains comme centre d'opérations
futures.
Après plus de sept mois d'occupation, le
pays se vit enfin délivré ; mais épuisé par les réquisitions
des envahisseurs.
Depuis entrée dans le mouvement
qui semble porter la France vers les arts de la paix,
la Normandie a marqué sa place au premier rang par les
développements qu'elle a donnés à son industrie agricole
et manufacturière.
Rouen devint le siège d'un archevêché
et l'abbaye de Saint Ouen y fut fondée en 535. Chilpéric
Ier, roi mérovingien de Neustrie, y épousa
Galswinthe. Son frère Sigebert Ier, roi d'Austrasie,
y épousa Brunehaut, sœur de Galswinthe, toutes deux
filles du roi wisigoth Athanagilde. Cela provoqua un
meurtre dans la cathédrale : l'évêque Prétextat qui
avait célébré la seconde union fut égorgé au pied de
l'autel par un sicaire envoyé par Frédégonde rivale
vindicative et ne supportant pas de voir l'élu de son
cœur marié avec une autre.
Les Vikings s'installèrent
à Rouen avec Rollon au traité de Saint Clair sur Epte
en 911. Philippe-Auguste rattacha la Normandie à la
Couronne en 1204. Le roi d'Angleterre Henri V prit la
ville en 1419 et Jeanne d'Arc y fut brulée sur la place
du Vieux Marché le 30 mai 1431. Rouen jouit d'une grande
prospérité comme en témoignent ses armes, datant de
1266, qui ont repris l'emblème de la puissante corporation
des drapiers. Le chef est la marque des "bonnes villes
du Royaume".
Dieppe tire son nom de l’anglo-saxon deep signifiant « profond », donné par les Normands aux VIIème et VIIIème siècles car le lit creusé par l’Arques dans le plateau crayeux du pays de Caux permettait d’accueillir des navires de haute mer. En 1195, Philippe Auguste repousse Richard Cœur de Lion et détruit la ville. Le duché de Normandie annexé, en 1204, la ville devient française jusqu’à François Ier. Les rois de France se concilient les habitants de ce site stratégique en leur accordant de nombreux privilèges. Dieppe devient alors une ville aux aventuriers multiples.
Guillaume Gouffier de Bonnivet,
amiral de France, choisit le site d’implantation du
nouveau port. Il confie le projet à Guyon le Roy, seigneur
du Chillou, capitaine du port de Honfleur. L’avancée
des travaux est retardée par l’instabilité du sol et
les tempêtes. Mais dès octobre 1518, le port est utilisable
et accueille ses premiers navires. Le 8 octobre 1518,
François Ier signe la charte de fondation
de la ville. La « grosse tour » en défend l’entrée
Le site est entouré de marais, et il n’est pas question
à l’origine de créer une ville dans ce milieu insalubre.
Pourtant, sur l’initiative de Du Chillou, François Ier
donne exemption de taille et de franc-salé aux futurs
habitants du Havre. Les armes de la villes sont celles
de François Ier : une salamandre. Le roi
se déplace lui-même en août 1520 et rend les privilèges
du Havre (essentiellement le quartier Notre-Dame) perpétuels,
essentiellement des exonérations d'impôts. En 1525,
la « mâle marée » détruit les premières constructions,
fait une centaine de victimes sur une population de
600 âmes.
Extrait du décret royal du 7 février 1517
: « avons fait chercher en la coste de Normandie et
pays de Caux lieu sûr et convenable, et nous ayant été
rapporté par vous et notables personnages, en ce exprimés
et entendus, que le lieu de grâce soit le plus propre
et le plus aise de ladicte coste et pays de Caux à faire
havre auquel lesdics vaisseaux naviguant sur la Mer
Océane (Océan Atlantique) puissent aisément arriver
et seurement séjourner, et faire ledit havre en la forme
qu’il appartient...
Le havre fut également un port
pour le trafic du « bois d'ébène». Pendant
la Seconde Guerre mondiale, Le Havre subit 132 bombardements
planifiés par les Alliés ; les nazis ont également détruit
les infrastructures portuaires et coulé des navires
avant de quitter la ville. Mais les destructions les
plus importantes surviennent les 5 et 6 septembre 1944
« opération Astonia » lorsque les Alliés bombardent
le centre-ville et le port pour affaiblir l'occupation
nazie.
L'objectif était de faciliter le ravitaillement
et la progression des troupes alliées débarquées trois
mois plus tôt en Basse-Normandie. Le bilan des bombardements
est lourd : 5 000 morts, 80 000 sans-abris, 150 hectares
rasés, 12 500 immeubles détruits. Le centre-ville est
réduit en gravats. Le port n'avait plus que quelques
sections de quais intactes. 350 épaves gisaient au fond
de l'eau ; la rade ainsi que l'estuaire étaient minés.
Ce village est situé sur
la Manche, à l'est du cap d'Antifer, près de la
baie d'échouage qui porte son nom, au débouché d'un
vallon dont le sol est au-dessous du niveau de la
marée haute. Il n'est défendu contre les flots que
par une digue naturelle formée par des cailloux
et par des débris de la côte successivement amoncelés
par les vagues. Rien n'est plus pittoresque que
la situation d'Étretat, dans une vallée verdoyante,
au sein des roches sombres et déchirées qui bordent,
à droite et à gauche, l'extrémité de la digue ;
mais c'est surtout du côté du nord-ouest que ce
village offre l'aspect le plus singulier. La falaise
qui ferme la vallée du côté du Havre y montre ses
flancs escarpés et, en suivant de gauche à droite
le prolongement de la hauteur opposée, l'œil rencontre
la roche appelée l'Aiguille d'Étretat, à cause de
sa forme élancée et de son isolement de tout autre
point d'appui que son étroite base. L'Aiguille d'Etretat
n'a pas moins de 67mètres de hauteur. Les oiseaux
de la mer bâtissent leurs nids sur son sommet, et
durant tout le jour leur troupe fugitive voltige
à l'entour. Un peu en deçà, entre l'Aiguille et
la côte, un autre déchirement de la roche forme
avec la falaise une espèce de portique en ogive
de l'aspect le plus bizarre. Dans la haute mer,
les vagues occupent l'espace entre la base du pilastre
de ce portique et la roche où sa voussure naturelle
est appuyée ; mais, à la marée basse on pénètre
par ce passage le long de la grève, qui n'est elle-même
à découvert que quelques instants. La rade d'Étretat
est d'un excellent fond, et la baie en général peut
passer pour la meilleure de la côte, considérée
comme baie d'échouage, étant à l'abri des vents
qui soufflent de l'ouest au nord-ouest en passant
par le sud. La sûreté de cette baie, la profondeur
de ses eaux, même en basse mer, le niveau du vallon
qui règne du nord-ouest au sud-est, et se continue
sur une longueur considérable, plusieurs mètres
au-dessous du niveau des hautes mers, avaient fait
concevoir le projet de faire d'Étretat un grand
port de marine militaire ; mais divers obstacles
n'ont pas permis jusqu'à ce moment qu'on s'occupât
sérieusement de ce projet.
C'est cependant le
seul point des côtes entre Cherbourg et Boulogne,
où l'on pouvait établir un port capable de recevoir
en tout temps plusieurs vaisseaux de ligne, et dont
la sortie serait facile presque par tous les vents.
Étretat possède un fort beau parc aux huîtres, pratiqué
dans le roc même ; on les y apporte de la baie de
Cancale, et elles y acquièrent en peu de temps,
par le mélange des eaux douces qui s'échappent du
milieu des cailloux du rivage et viennent se marier
aux eaux salées de la mer, une qualité supérieure
à celles des autres huîtres de la côte. On y équipe
des barques pour la pêche du hareng et du poisson
frais.
Ne connaissant de cette région que la plage de Rouen, par gros temps, et les falaises d’Étretat, et mes grimoires étant antérieurs à deux guerres qui, hélas, en ont profondément bouleversé le paysage, et notamment la seconde où ce département a subit, bien malgré lui, une avalanche de bombes de tous calibres, je ne me hasarderais pas à vous parler de ce territoire que je ne connais pas.
L'origine de cette ville se perd
dans la nuit des siècles. Elle est antérieure aux premiers
temps de la monarchie française. Deux monuments, attribués
aux Romains et conservés jusqu'à nos jours, Prouvent
incontestablement que c'était une place importante Le
premier est un chemin militaire qui conduit d'Amiens
jusqu'à cette ville; l'autre est une ancienne porte
de ville, accompagnée de deux grosses tours, à laquelle
on a toujours donné le nom de porte d'Empire. Ces anciens
monuments, et particulièrement le chemin militaire,
démontrent que du temps des Romains la ville d'Eu et
celle du Tréport, qui en est peu éloignée, étaient les
lieux les plus considérables et le port de mer le plus
fameux qu'il y eût alors sur toute la côte depuis Boulogne
jusqu'à l'embouchure de laSeine, St-Valery n'étant qu'un
désert au VII siècle, et le port de Dieppe n'ayant commencé
à se former qu'en1080. Vers 956, Richard I donna cette
ville avec le titre de comté à Guillaume son fils naturel.
En 1475, Louis XI, sur un bruit que le roi d'Angleterre
devait faire une descente en Normandie, s'emparer de
la ville d'Eu, et y passer l'hiver, donna l'ordre de
la réduire en cendres ainsi que la forteresse, ordre
qui fut exécuté le 18 juillet de la même année le château
et la ville entière furent complètement réduits en cendres,
à l'exception des églises. Cette ville n'a jamais pu
se relever de ses ruines ; fugitifs de leur terre natale,
ses infortunés habitants cherchèrent un asile dans les
places voisines les immunités qui lui furent accordées
depuis n'ont rien opéré pour lui rendre son premier
état. Plusieurs villes des environs, telles que Dieppe,
St-Valery et Abbeville profilèrent de ce désastre pour
augmenter leur commerce, et rien ne s'y opposa. Le duc
de Mayenne s'empara de cette ville en 1589.
La commune
d'Eu fut établie par deux chartes de 1149 et 1151, octroyées
par le comte Jean, à l'instar de la charte de St-Quentin.
Le comté d'Eu, érigé en 996, devint à cette époque le
partage de Geoffroy, fils naturel de Richard Ier, duc
de Normandie, dont la postérité le posséda jusqu'en
1227, en y joignant les seigneuries d'Arqués, de Driencourt
(appelé depuis de Neufchâtel et de Mortemer, que Philippe
Auguste acquit en 1219. La maison De Brienne le tint
ensuite jusqu'au supplice de Raoul de Brienne, connétable
de France, décapité à Paris en 1350. A cette époque,
il fut donné à la maison d'Artois, et fut érigé par
Charles VII en comté-pairie en 1458. Il passa ensuite
par héritage dans la maison de Clèves, et fut érigé
en duché en 1539. En 1570, Catherine de Clèves le porta
à son mari Henri de Guise, qui fut assassiné aux états
de Blois. Charles de Lorraine en prit possession à la
mort de sa mère, en 1633. Henri de Lorraine, son fils,
le vendit en 1660 pour la somme de 2,500,000 à Marie-Louise
d'Orléans, connue Sous le nom de mademoiselle de Montpensier,
qui en fit don en 1682 au duc du Maine, fils adultérin
de Louis XIV, pour obtenir la liberté de Lauzun. Douze
ans plus tard, Louis XIV rendit en faveur du duc du
Maine le titre de pairie au comté d'Eu. A la mort des
enfants du duc du Maine, leur héritage échut au duc
de Penthièvre dont la fille et unique héritière porta
le comté dans la famille d'Orléans. La situation du
château d'Eu est admirable du côté des jardins, il domine
une vallée riante arrosée par la Bresle ; à gauche on
voit des allées magnifiques des hêtres séculaires devant
la façade s'étend un parterre orné de statues et de
fleurs. Du haut de la terrasse on aperçoit la mer, qui
se termine à l'horizon. Ce château occupe l'emplacement
d'une forteresse construite par Rollon, qui y entretenait
une nombreuse garnison. Au commencement du XI siècle,
Guillaume d'Exmes ajouta à cette Forteresse des constructions
considérable à fin de pouvoir l'habiter avec sa famille,
et fit élever dans l'enceinte du château l'église originairement
collégiale d'Eu et l'abbaye du même nom. Guillaume le
Conquérant prit ce château d'assaut en 1049, et le livra
au pillage. Robert Guiscard, comte d'Eu, en étant devenu
propriétaire l'agrandi et l'embellit tellement qu'il
devint une habitation royale de premier rang, où fut
célébré le mariage de Guillaume le Bâtard avec Mathilde
de Flandre.
Le dimanche 8 mai
1927 au matin, les aviateurs Charles Nungesser
et François Coli quittèrent la côte française
près d'Etretat pour survoler la Manche en
direction du Nord-Ouest, à bord de leur
avion "l'Oiseau Blanc" avec lequel ils tentaient
la première traversée aérienne Est-Ouest
de l'Atlantique Nord.
Ce soir là, le
journal "La Presse" un grand quotidien parisien
titrait sur plusieurs colonnes en première
page l'accueil triomphant qu'avait reçu
les deux héros qui pour la premier fois
avaient traversé l'Atlantique Nord. Cette
nouvelle devait être tragiquement démentie
puisque les deux aviateurs disparurent au
cours de cette tentative, entrainant par
la de même, la faillite du journal qui avait
annoncé la fausse nouvelle.
Charles
Nungesser, pilote de chasse pendant la Grande
Guerre, fut décoré de la Légion d'Honneur
à l'âge de 26 ans pour ses 45 victoires
homologuées en chasse aérienne contre l'aviation
allemande.
Rappelons pour l'anecdote
que le tout premier combat aérien se déroula
le 5 octobre 1914, pendant la Grande Guerre,
sous forme de duel au pistolet entre le
Voisin III du sergent Frantz et du caporal
Quénault et l'Aviatik du lieutenant allemand
Von Zangen qui est abattu, près de Reims,
Ce combat est considéré comme étant le premier
à s'être déroulé dans les airs.
Avant
le premier conflit international, les avions
militaires étaient utilisés pour photographier
les positions des belligérants. Ils servaient
donc d'informateurs et n'étaient pas armés.
Plan du site - Moteur
de recherche |
| Page
Aide |
Contact © C. LOUP 2016
.