La Haute Savoie, dont le point culminant
est à 4810 mètres au Mont Blanc et qui présent la particularité d'être
le plus haut sommet d'Europe est un pays à plusieurs visages. Pays de
montagnes avec les massifs des Aravis, des Bauges que le département
partage avec la Savoie, le Chablais et le Salève qui domine de sa masse
imposante le lac Léman, frontière naturelle entre la France et la Suisse.
Pays de Vallée avec la vallée de l'Arve et la Cluse d'Annecy qui sert
d'écrin au Lac du même nom et qui relie Annecy aux Vallées de la Savoie.
Bordée au Nord par le Canton de Genève, le Canton du Valais et du Canton
de Vaud en Suisse, à l'Est la Haute Savoie est frontalière avec l'Italie
et notamment le Val d'Aoste.
La Haute Savoie où le fleuve Le Rhône lui sert
de délimitation avec le département de l'Ain, et limitrophe avec sa
sœur la Savoie.
Pays de très nombreux lac dont le plus célèbre est
le lac d'Annecy d'une superficie de 2 700 Ha. Là Haute Savoie est un
lieu de transit important pour le transport routier depuis l'ouverture
du Tunnel du Mont blanc qui relie Chamonix à Courmailleur en Italie.
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie :438
800 ha
Population: 738 088 hab.(2009)
Densité :168 hab./km²
Nb de communes : 294
Le département de la Haute-Savoie
se composant presque en entier des trois anciennes petites
provinces du Faucigny, du Chablais et du Genevois, notre
notice devrait être un abrégé de l'histoire de ces trois
provinces; mais, comme elles ont eu dans les premiers
temps une existence commune avec le reste de la Savoie,
comme, plus tard, elles ont été absorbées dans cet envahissant
petit État, pour éviter de fastidieuses répétitions,
nous nous occuperons principalement ici de l'époque
où ces contrées ont vécu de leur vie propre et où elles
ont eu une place à elles dans le morcellement de l'Europe
féodale. Pour les faits qui ont précédé et suivi cette
période, nous renvoyons nos lecteurs à la partie de
notre travail consacrée au département de la Savoie.
Le Faucigny ou Foussigni (Fociniacum,
Fussiniacensis tractus), pays des anciens Focunates
ou Focuates, est borné au nord par le Chablais, à l'ouest
par le Genevois, au sud par la Savoie et la Tarentaise,
à l'est par le Valais. De ce côté, il est séparé du
val d'Aoste par les hautes Alpes, que les anciens appelaient
Alpes Graïennes. Au reste, ses limites ont souvent changé
; en dernier lieu, il contenait 96 communes, peuplées
ensemble de 105,474 habitants, et sa superficie était
de 203,525 kilomètres carrés. Excepté quelques vallées,
le pays est âpre, rude, peu fertile. Malgré l'existence
pénible que fait aux habitants une nature ingrate et
un climat rigoureux, des trois provinces qui formaient
la division d'Annecy c'est celle où il y a le moins
d'ignorance
On prétend que la province prit son
nom d'une ville de Faucigny, disparue depuis bien des
siècles, et sur les ruines de laquelle aurait été bâtie
une autre petite ville du nom d'Anse. Aujourd'hui, le
nom ne peut s'appliquer qu'aux débris de l'ancien château
de Faucigny, habité jadis par les seigneurs de la province
et situé sur le sommet d'un rocher abrupt, à une hauteur
de 661 mètres, près du hameau de Perrine, à quelques
kilomètres du bourg de Contamine. Pendant l'occupation
romaine et la période bourguignonne, le Faucigny partagea
le sort des contrées voisines. C'est au XIème
siècle alors que les empereurs allemands descendants
de Conrad le Salique laissent échapper une à une leurs
possessions de Bourgogne et d'Arles, qu'apparaissent
les premiers seigneurs de Faucigny. Nous retrouvons
dans un vieil historien la généalogie de cette puissante
maison. C'est un document d'un grand intérêt il donne,
mieux que de longs récits, la mesure de l'influence
qu'exerça cette famille pendant plus de trois siècles.
Émerard est le premier seigneur de Faucigny dont l'histoire
nous ait laissé le nom; il vivait dans le XIème
siècle et épousa deux femmes de la première, il eut
trois fils, Aimé, Aimon, et Gui, évêque de Genève; de
la seconde, il eut Guillaume, seigneur de Faucigny,
mort vers fan 1119. Ce dernier eut quatre fils, Gérard,
Amé, évêque de Maurienne, Raymond et Rodolphe, qui lui
succéda. Rodolphe vivait en 1125 ; il eut une lignée
plus nombreuse encore ; outre Humbert, son successeur,
il eut Arducius, évêque de Genève, qui fut créé prince
de cette ville par l'empereur Barberousse, en 1157,
et qui gouverna son Église pendant cinquante ans; Ponce,
abbé de Sixt ; Annon, fondateur de la Chartreuse du
Reposoir ; Rodolphe, dit Alemand, tige des Alemands,
seigneurs de Valbonnais et d'Aubonne; enfin Raymond,
seigneur de Thoire et de Boussi-en-Genevois. Humbert
vécut jusqu'en 1170 ; il laissa deux fils, Aimon, qui
lui succéda, et Guillaume de Faucigny, qui vivait encore
en 1202. Ce dernier fut père d'une fille unique, Agnès,
mariée, selon Guichenon, à Thomas 1er, comte
de Savoie. Aimon eut trois filles l'aînée l'héritière
de la seigneurie, s'appelait Agnès, comme sa cousine,
et, comme elle, épousa un prince de Savoie, le comte
Pierre. Ce mariage fut conclu en 1233. Des deux sœurs
d'Agnès, l'une, Béatrix, devint la femme d'Étienne,
sire de Thoire et de Villars l'autre, Léonor, épousa
Simon de Joinville, seigneur de Gex.
Agnès n'eut
qu'une fille, Béatrix de Savoie, dame de Faucigny, mariée
en 1241 à Guignes XII, dauphin du Viennois. De ce mariage
naquirent deux fils, Jean et André, qui moururent sans
postérité, et une fille, Anne, qui apporta en dot le
Faucigny et le Dauphiné à son époux Humbert 1er,
sire de La Tour-du-Pin. Cette union fut féconde de ces
fruits nous ne citerons que l'héritier, Jean II, et
Hugues, mort sans postérité en 1323, après avoir épousé
Marie, fille d'Amé V, comte de Savoie. Jean II eut deux
fils Guignes XIII, qui n'eut pas d'enfants, et Humbert
II. C'est celui-ci qui, en 1343 et 1349, fit don de
toutes ses terres au roi Philippe de Valois, à condition
que le fils aîné des rois France porterait le titre
de dauphin et que sa baronnie du Faucigny ne pourrait
jamais être séparée du Dauphiné.
C'est ainsi que,
sous les auspices d'un prince généreux et dévoué à la
France, cinq cent sans avant l'annexion définitive,
le Faucigny contractait avec ce pays une première union.
Les comtes de Genève avaient des droits dont ils firent
aussi l'abandon au roi Jean ; mais ceux de Savoie acceptèrent
cette cession avec moins de résignation. Leurs officiers
étaient en perpétuelles discordes avec les gens du dauphin
les rixes étaient fréquentes et menaçaient d'entraîner
des conflits plus gr aves. Pour terminer ces différends,
un traité fut conclu en 1355. En vertu de cette convention,
le dauphin abandonnait au comte de Savoie le Faucigny,
le pays de Gex et diverses terres qu'il possédait au
delà du Rhône et du Guier. Le comte, en échange, cédait
au dauphin les terres qu'il avait en deçà des deux rivières.
Le marché était inique, car les domaines acquis par
la Savoie représentaient un revenu.de 25,000 florins
au moins, tandis que la part faite au dauphin n'en rendait
pas 1500. Aussi le comte de Valentinois, Aimar V, gouverneur
du Dauphiné, fut-il accusé de s'être laissé corrompre
par les présents d'Amé VI, comte de Savoie, et le parlement
de Paris le condamna pour ce fait à une amende de 1,000
marcs d'argent.
Quoique possesseurs du Faucigny,
les comtes de Savoie étaient tenus à un hommage qu'ils
ont rendu deux fois. Ils en furent relevés en 1445 par
le dauphin, qui fut depuis le roi Louis XI. De la part
de ce prince une pareille concession a lieu de surprendre,
surtout si, comme le prétend notre vieux et patriotique
historien cette renonciation outrepassait son pouvoir
comme étant contraire « Aux droits inaliénable et
imprescriptibles » que nos rois ont sur la baronnie
de Faucigny. Charles VIII eut moins de susceptibilité,
il ratifia le traité à Chinon cette même année ; il
est vrai qu'en réciprocité le duc de Savoie renonçait,
au profit du roi et du dauphin, à tous les droits qu'il
prétendait avoir sur le Valentinois.
A dater de cette
époque, le Faucigny a fait partie intégrante des domaines
de la maison de Savoie; il n'en avait été distrait que
sous la République française et pendant le premier Empire.
Il faisait alors partie du département du Léman.
Le Chablais ( Caballitus ager,
Caballica, Provincia equestris), ancienne province
de Savoie, qui avait le titre de duché, avait pour limites,
au nord, le lac Léman ; à l'est, le Valais ; au sud,
le Faucigny, et à l'ouest le Genevois.
Ce pays s'étend
le long du rivage méridional du Léman il a peu de largeur
au couchant et va toujours en s'élargissant jusqu'à
ses frontières orientales, qui sont la rivière de Mourgues,
depuis son embouchure jusqu'à sa source, et, de là,
une aligne tirée par les montagnes, vers le sud, jusqu'aux
glaciers, de sorte que la Valaisine reste au Chablais.
Les Romains trouvèrent cette contrée occupée par les
Andates ou Nantuates et Veragriens, dont parle César
dans ses Commentaires. Elle parut propice aux vainqueurs
pour l'entretien et la remonte de leur cavalerie ils
y établirent des haras, et ce serait là l'origine de
son nom latin. Avec le temps et la corruption du langage,
Caballica se serait transformé en Chablais.
Sous
le gouvernement sarde, voici les renseignements statistiques
qu'a recueillis M. Gabriel Mortillet au sujet de la
région qui nous occupe après les deux provinces dé plaine,
la Savoie propre et le Genevois, le Chablais est celle
où il y a le moins d'instruction. Il y a, ajoute-t-il,
dans le Chablais 60 communes qui se composent de 11,572
familles et de 57,562 habitants, répartis sur une superficie
de 928 kilomètres carrés ; c'est 62 personnes par kilomètre.
Le Chablais est donc la province de Savoie la moins
étendue, mais la troisième quant au chiffre proportionnel
de là population. Elle comprenait jadis cinq bailliages,
ceux de Thonon, Évian, Aups, Ternier et Gaillard. Les
centres de population les plus importants, les lieux
les plus remarquables se trouvent presque tous sur les
bords du Léman. On ne peut citer dans l'intérieur des
terrés que Douvaine et le fort des Allinges. Les principales
rivières sont la Mourgues, l'Ursine, la Dranse, la Béveronne.
Il y a quelques autres cours d'eau, mais trop peu considérables
pour être cités. Nous avons peu de chose à dire sur
l'histoire particulière du Chablais. Jusqu'au dernier
roi, Rodolphe III, il fit partie du royaume de Bourgogne.
Il fut donné, en même temps que la vallée d'Aoste, par
Conrad le Salique à Humbert Ier aux blanches
mains, en récompense des services que ce premier comte
de Savoie lui avait rendus dans sa lutte contre Eudes
II de Champagne, qui lui disputait sa couronne. Il n'y
a donc, comme on le voit, aucune interruption dans la
solidarité qui unit les destinées du Chablais à celles
de Savoie, puisque la petite province est déjà en la
possession du premier prince qui a constitué un comté
de Savoie. Le Chablais, cependant, formait un petit
État à part ; il donnait un titre spécial aux comtes.de
Savoie.
Dans les premiers temps, ils ne portèrent
que celui de seigneurs de Chablais ; mais, au XIVème
siècle, l'empereur Henri VII ou VIII de la maison de
Luxembourg, érigea le Chablais en duché au profit du
comte Amédée le Grand, qu'il créa en outre prince de
l'empire. Toutefois, Amédée et ses successeurs préférèrent
leur ancien titre de comtes de Savoie et de Maurienne
à leur nouvelle qualité de ducs du Chablais et de la
vallée d'Aoste ; ils ne s'intitulèrent ducs que quand
l'empereur Sigismond eut érigé la Savoie en duché et
en principauté de l'empire. Par le fait d'alliances,
ou comme conséquences passagères de la guerre, le Chablais
a fourni parfois des fiefs à des seigneurs étrangers
nous voyons en 1313 Guillaume III, comte du Genevois,
faire hommage à l'évêque de Genève du marché de Thonon
et des dépendances de Châtillon. Nous voyons à une autre
époque Hermance, qui est sur le lac, et Allinges, dans
l'intérieur des terres, relever de la baronnie de Faucigny.
Deux faits d'une certaine importance constituent à peu
près exclusivement l'histoire du Chablais les luttes
qu'il soutint pour conserver la possession du bas Valais
mais les détails nous manquent complètement ; nous ne
pouvons que constater le résultat, la victoire définitive
des hauts Valaisans, et les troubles religieux qui agitèrent
le pays au XVIème siècle.
Thonon, capitale
du pays et primitivement catholique, avait embrassé
le protestantisme sous la pression des Bernois, qui
s'en étaient rendus maîtres. Quand les princes de Savoie
reprirent la ville, les deux cultes se trouvèrent en
présence. Le Chablais eut le bonheur de voir confier
à François de Sales la mission de convertir les dissidents.
La tolérance et la douceur du saint homme eurent de
meilleurs et plus durables résultats que les persécutions
et les dragonnades, auxquelles ont eut recours en trop
d'autres endroits. Conquis par les armées républicaines,
le Chablais,. sous l'Empire, faisait partie du département
du Léman.
Le Genevois était un petit État
situé entre la France, la Savoie et la Suisse. Il se
composait, outre la ville indépendante de Genève, dont
nous n'avons point à nous occuper ici, de onze paroisses
dont Annecy devint la capitale quand leur séparation
de Genève fut consommée. Après l'histoire de la domination
romaine, les plus anciens souvenirs qui se rattachent
au Genevois sont ceux de l'établissement du christianisme.
L'Évangile fut, dit-on, prêché pour la première fois
dans cette contrée par saint Nazaire disciple de saint
Pierre, qui convertit saint Celse vers l'an 75. Ces
premiers missionnaires de la foi eurent pour successeurs
immédiats Paracodes, Donnellus, Hyginus et Fronze, qui
était auparavant grand prêtre d'Apollon. Tels sont les
premiers noms inscrits sur la longue et glorieuse liste
de prélats qui occupèrent le siège de Genève. Le dernier,
Pierre de Baume se retira à Annecy en 1534, lorsque
la coalition victorieuse des Bernois et des Fribourgeois
eut fait triompher le protestantisme dans sa ville épiscopale.
A côté de l'autorité religieuse, il y avait, pour Genève
et pour les Genevois, un pouvoir civil représenté par
des comtes dont l'établissement remontait à une époque
reculée, puisque nous connaissons le nom d'un comte
Rutbert qui vivait en 880. Là, comme ailleurs, les mandataires
de l'autorité centrale profitèrent de son affaiblissement
pour assurer leur indépendance ; il y eut donc à la
fois comtes et évêques souverains. Nous n'avons pas
à relater ici les fréquents conflits qui en résultèrent
; ils eurent presque toujours Genève pour théâtre. Voici
les seuls éclaircissements que nous fournisse Claude
Genoux sur cette époque un peu confuse ; c'est d'abord
la table chronologique des comtes que nous transcrivons
:
1020, Guillaume.
1030, Gerold.
1060, Robert,
fils du précédent.
-1080, Gerold II, frère.
1120, Aimon, fils.
1150, Amédée 1er, fils.
1175,
Guillaume 1er, fils.
1220, Humbert, fils.
1250,
Guillaume II, frère.
1270, Rodolphe, fils.
1274,
Aimon II-, fils.
1290, Amédée II, frère.
1308,
Guillaume Ill, fils.
1320, Amédée III fils.
1367, Amédée IV, fils
1368, Pierre, frère.
1394,
Robert, frère (Clément VII).
-1324, Humbert de Villars,
gendre d'Amédée III.
1400, Oddo (Eudes) de Villars,
oncle.
1401, Oddo de Villars cède le comté de Genevois
à Amédée VIII, comte de Savoie.
Cette liste
est accompagnée des quelques détails qui suivent. Amédée
VII entrait dans l'âge de sa majorité quand la famille
des comtes de Genevois s'éteignit dans la personne du
comte Robert, plus connu sous le nom du pape Clément
VII. Ce pape laissa ses États à son neveu Humbert de
Villars Oddo de Villars en hérita en 1401 et les vendit
à son élève, Amédée VIII pour la somme de 45,000francs
d'or. Cette vente fut conclue à Paris le 5 aout de cette
même année 1401.
Les premiers comtes n'avaient
eu que la possession de fait des qu'ils gouvernaient
ils s'en rendirent ensuite souverains héréditaires.
Vers le XI et le XIIème siècle, époque où
l'empire, affaibli par sa lutte avec les papes dans
la question des investitures, ne permettait pas aux
empereurs de s'occuper de choses secondaires ceux-ci
crurent bien faire en nommant l'évêque de Genève, dont
ils n'avaient pas à se plaindre, dépositaire de leur
pouvoir sur Genève et ses environs. Avec le temps, pourtant
; les évêques gardèrent le pouvoir pour eux ; ils le
gardèrent tant qu'ils purent, et ne firent pas en cela
autrement que n'avaient fait les seigneurs laïques.
Le premier évêque souverain de Genève fut Ardutius,
fils du baron du Faucigny ; il succéda au comte Humbert
en 1135. Ce dernier, forcé de quitter Genève, où Ardutius
commandait, alla résider à Talloires, puis â Annecy,
centre de ses États.
Une ordonnance de Frédéric Barberousse,
du 14 janvier 1153, déclarait qu'il mettrait au ban
de l'empire et soumettrait à une amende de 10 livres
d'or tout prince qui attenterait aux droits de l'Église
de Genève cependant Amédée, le successeur de Humbert,
ressaisit cette souveraineté de Genève, mais ne put
s'y maintenir, Frédéric Barberousse s'y opposant formellement.
Ce fut donc vers le milieu du XIIème siècle
que Guillaume, fils et successeur d'Amédée, fit décidément
d'Annecy la capitale de son comté de Genevois.
Après
sa réunion à la Savoie, le Genevois devint l'apanage
de Philippe de Savoie, second fils de Philippe, surnommé
Sans Terre et de sa seconde femme, Claudine de Bretagne.
A côté de cette branche cadette se développa une autre
souche la maison de Lullin sortie de Pierre Balard de
Genevois, fils naturel de Guillaume III et d'Émeraude
de La Frasse, dame de Montjoie, sa maitresse. Cette
famille ne s'éteignit qu'en 1663, après avoir fourni
pendant toute son existence de nombreux dignitaires
dans les plus hautes fonctions de la cour et de l'armée
des princes de Savoie.
Il ne nous reste plus qu'à
mentionner les troubles religieux qui agitèrent et ensanglantèrent
le pays au XVIème, siècle, sa conquête faite
par la République, sa réunion à l'Empire, pendant laquelle
il fit partie du département du Léman. L'annexion à
la France donna lieu à quelques réclamations de la Suisse
; la question était trop simple pour entrainer de graves
complications. Les traités de 1815, pour mieux assurer
l'inviolabilité du territoire de la Confédération helvétique,
avaient étendu les conditions de neutralisation aux
enclaves du Faucigny et du Genevois, qui faisaient retour
au royaume de Sardaigne. Il s'agissait donc de savoir
si le Piémont avait pu céder ces contrées à des conditions
différentes de celles dans lesquelles il les avait reçues
; la solution affirmative ne fut pas douteuse. Il y
a d'ailleurs toujours en France, chez tous les esprits
intelligents, des sympathies pour la Suisse, un respect
de son indépendance et un désir de paix, de bon accord,
auquel le gouvernement ne pouvait manquer de donner
satisfaction.
Le département de la Haute-Savoie
a fait partie jusqu'en 1860 d'un État indépendant constitué
et gouverné depuis le XIème siècle par la
Maison de Savoie. Cette famille de grands féodaux avait
fondé sa puissance sur le contrôle des routes et des
cols à travers les Alpes, son association particulièrement
avec la maison de Bourgogne, avec la papauté, avec les
empereurs germaniques et même avec le royaume de France
à qui elle a donné plusieurs de ses fils et de ses filles.
Bloqué à l'ouest par la puissance des rois de France,
le comté puis le duché de Savoie, a déplacé son centre
d'intérêt vers le Piémont et toute l'Italie du Nord,
jusqu'à devenir avec le royaume de Piémont-Sardaigne,
l'élément prépondérant de l'unité italienne. Le département
de Haute-Savoie a été créé à la suite du traité de Turin
et après un plébiscite, à partir de la partie nord de
la Savoie, annexée à la France. C'est l'un des derniers
grands territoires métropolitains ayant rejoint la France.
Elle a gardé de son histoire et de sa position frontalière
à la jonction de trois pays, un particularisme local,
une langue vernaculaire riche et une fraternité marquée
avec le Val d'Aoste et la Suisse romande.
Annecy (Annesiacum novum. C'était
l'ancienne capitale du Genevois et, plus tard, le chef-lieu
de la division générale qui portait son nom, et qui
comprenait, outre le Genevois, le Chablais et le Faucigny.
Quoique l'origine d'Annecy soit incertaine, on peut,
avec beaucoup de probabilité, la faire remonter au temps
des Romains ; de nombreuses antiquités, découvertes
sur la colline qu'on appelle Annecy-le-Vieux, prouvent
qu'il y existait alors une station militaire. La ville
actuelle a des antécédents exclusivement féodaux ; elle
s'est formée et a grandi à l'abri du château des comtes
du Genevois, qui la domine et qui depuis a été transformé
en caserne. Dans la seconde moitié du XIVème
siècle, cette cité était assez importante pour que le
comte René III se crût obligé de lui accorder des franchises
municipales que confirmèrent la plupart de ses successeurs.
Son heureuse situation a favorisé les développements
de son industrie et de son commerce ; ses marchés réunissent
jusqu'à six mille personnes ; mais c'est avant tout
un centre industriel ; les eaux du lac, qui traversent
la ville par trois canaux, appelés Thioux, mettent en
mouvement les roues de nombreuses usines ; ainsi compte-t-elle
une population ouvrière relativement considérable. Il
y a deux filatures de coton, une seule occupe plus de
deux mille travailleurs ; des tanneries des papeteries
et une importante fabrique d'étoffes de soie.
Outre
le château des comtes du Genevois, qui sert aujourd'hui
de caserne, les principaux monuments d'Annecy sont la
préfecture, bâtiment de construction récente l'hôtel
de ville l'évêché, élevé en 1784 la cathédrale, construite
au commencement du XVIème siècle ; l'église
du couvent de la Visitation, où l'on conserve les reliques
de saint François de Sales, avec celles de sa pieuse
pénitente, la bienheureuse Jeanne de Chantal ; les églises
de Notre-Dame et de Saint Dominique le grand séminaire.
L'hôpital, construit sur la route d'Albertville, a été
récemment agrandi et doté par un avocat nommé Favre.
La bibliothèque publique se compose de 12,000 volumes,
quoiqu'elle n'ait été fondée qu'en 1784 ; on prétend
cependant que c'est la plus ancienne de toute la Savoie.
Le Muséum possède une collection de 10,000 médailles
romaines. La principale promenade de la ville est celle
du Pâquier ; citons aussi le jardin publie, orné de
la statue de Berthollet, due au ciseau de Marochetti.
Les rives du lac d'Annecy sont célèbres ; le côté oriental,
dominé par la montagne de la Tournette, est le plus
riche en points de vue, en promenades agréables et en
souvenirs historiques. La longueur du lac est de 14
kilomètres ; sa largeur varie de 1 à 3; sa profondeur
moyenne est de 30 mètres; il nourrit assez peu de poisson.
Il a gelé complètement dans l'année 1673
À Saint-Julien, on a retrouvé
des restes de l'époque des Burgondes.
L’histoire
de Saint-Julien, qui a subi pendant des siècles les
retombées des conflits entre Genève et la Savoie du
fait de sa situation géographique, reste dominée par
la signature, le 21 juillet 1603, du traité de Saint-Julien,
traité de paix qui mit fin aux guerres entre Genève
et la Savoie.
Thonon-les-Bains est construit
sur un site occupé au moins depuis l’époque gallo-romaine.
Selon la mythologie, la cité a été fondée par une ancienne
tribu germanique ayant pris part au massacre des Romains
dans la Forêt-Noire. Mal connue pour le haut Moyen Âge,
son histoire est très bien documentée à partir de 1270,
en raison de la conservation des comptes du châtelain
comtal des Allinges, dans le ressort duquel se trouvait
le village avant de devenir au début du XIVe siècle
le siège du « mandement ». Une bourgeoisie est attestée
dès le milieu du XIIIème siècle et le village
de quelques centaines de feux est ceint de murs vers
la fin du siècle, englobant le faubourg de Rives vers
1290. En 1266, le comte Pierre II de Savoie (1203-1268)
accorda au bourg sa franchise municipale. Enjeu des
luttes entre les comtes de Savoie et les dauphins de
Viennois jusqu’en 1343, Thonon devient ensuite une des
résidences favorites de la maison de Savoie et attire
de nombreux immigrants locaux ou étrangers (Italiens,
Allemands…). Le château, initialement forteresse et
prison, est rasé et, reconstruit vers 1410, devient
une résidence d’agrément comprenant de beaux jardins
et des logis luxueux, plus confortables que le simple
pavillon de chasse de Ripaille, construit au XIVème
siècle à l’embouchure de la Dranse ; le terme de « ripaille
» synonyme dans la langue française de fêtes réussies
précède dans le temps le nom du château qui vient plutôt
du terme « rispe », broussailles. Plusieurs dignitaires
de la cour de Savoie se font construire autour du château
des hôtels particuliers (famille Ravais), l’hôtellerie
et le commerce se développent. En 1433, le duc Amédée
VIII de Savoie acquiert et lotit la vigne de Vallon,
adjacente aux murailles de la ville, et dont les « chaseaux
» (parcelles à construire) sont acquises par les principales
familles de la bourgeoisie locale l'actuel quartier
Vallon.
Il favorise également la rénovation des équipements
collectifs : moulins, fours, halle, adduction d’eau.
Thonon reste ville de cour jusqu’à la fin du XVème
siècle, malgré la présence de plus en plus prégnante
d’une contestation populaire attestée par l’hérésie
ou la sorcellerie, cruellement poursuivies à partir
de 1475, et par l’émigration vers Genève. Aux XIVème
et XVème siècles, la châtellenie d’Allinges-Thonon
fait traditionnellement partie du douaire de la comtesse,
puis duchesse de Savoie. Trois d’entre elles ont tout
particulièrement associé leur nom à la région, Bonne
de Bourbon, épouse d’Amédée VI de Savoie, Marie de Bourgogne,
épouse d’Amédée VIII de Savoie, et Anne de Lusignan,
épouse de Louis Ier de Savoie. De 1536 à
1564 la ville fût sous administration bernoise. Par
le traité de Lausanne du 30 octobre 1564, la République
de Berne rendit au Duc de Savoie le bailliage de Thonon,
entre autres possessions. En 1569, au traité de Thonon,
Évian, le pays de Gavot ainsi que Saint-Jean d’Aulps
reviennent à la Savoie
Un lieu particlier à découvrir pour les amateurs d'art est l'Église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du plateau d'Assy. Cette égise construite par l'architecte savoyard Maurice Novarina a été construite en pierre verte du pays, le grès de Taveyannaz, conçue à l’image des robustes chalets savoyards. Enveloppé d'un toit à double pan capable de supporter de lourdes charges de neige, dans une région où celle-ci est particulièrement abondante, l'édifice est solidement ancré au sol. Mais ce qui a fait la notoriété internationale de Notre-Dame-de-Toute-Grâce est sa décoration, confiée par le prêtre de la paroisse, l’abbé Devémy, aux plus grands maîtres de la première moitié du XXème siècle ; de ce fait, l’humble église de montagne s’est transformée en un véritable manifeste des mouvements artistiques de l'époque, marquant un renouveau de l’art sacré.Par un jeu d'amitiés sincères, l'abbé contacte, grâce à son ami le père Couturier, les artistes les plus importants de l'époque, qui acceptent tous de collaborer au projet avec enthousiasme. Parmi ceux-ci, Georges Rouault, Pierre Bonnard, Fernand Léger, Jean Lurçat et son élève Paul Cosandier, Germaine Richier, Jean Bazaine, Henri Matisse, Georges Braque, Jacques Lipchitz, Marc Chagall, Jean Constant-Demaison, Ladislas Kijno, Claude Mary, Carlo Sergio Signori, Théodore Strawinsky, etc., vinrent signer peintures, sculptures, tapisserie, vitraux, céramiques, mosaïques, pièces d'ameublement et objets de culte.
Pendant environ 13 ans, de 1857
à 1870, plusieurs dizaines de femmes de Morzine furent
prises de convulsions, d’hallucinations, de crises de
somnambulisme. Elles se disaient possédées par des diables.
Le docteur Augustin Constans, inspecteur général des
asiles et un des médecins qui examinèrent les malades,
qualifia ces faits d’"épidémie d’hystéro-démonopathie".
La psychiatrie contemporaine pourrait qualifier ces
crises « d’hystérie de conversion ». Cette affaire eut,
à une époque où la psychiatrie était une spécialité
balbutiante, une grande publicité. Des revues scientifiques
se firent écho des faits, des sommités du monde médical
vinrent examiner les Morzinoises. Magnétiseurs et spirites
firent aussi le déplacement « Le spirite Allan Kardec
se rendit à Morzine avant d’être refoulé par les gendarmes.
L'une des hypothèses possibles est l'empoisonnement
involontaire par l'ergot du seigle. "Les possédées de
Morzine" est également un tableau du peintre et ancien
maire Laurent Baud. Cette lettre du sous-préfet de Thonon
adressée au préfet de la Haute-Savoie et datée du 4
mai 1864 est particulièrement éloquente. Elle fut rédigée
après la cérémonie de confirmation opérée par l’évêque
d’Annecy, un des pics de la crise. Le prélat fut agressé
dans l'église bondée lors de la cérémonie de confirmation.
« Le brigadier Fourcade s’est distingué : il souffre
de nombreuses blessures occasionnées en voulant secourir
l’évêque. Il y a 120 ou 130 malades. Des jeunes fille
guéries depuis 5 ans n’ont pu supporter cet effrayant
spectacle et sont de nouveau atteintes ; trois enfants
de 5 et 6 ans sont tombés en crise (...). La consternation
et la peur n’ont jamais été si grandes à Morzine. C’est
la population entière qui est malade. Les femmes seules
ont des crises, mais tout le monde est frappé, et les
esprits ébranlés ne peuvent être rassurés par le fait
d’un seul et par le travail d’une année. C’est l’éducation
morale de la commune qu’il faut refaire, en même temps
que l’on devra appliquer des mesures rigoureuses ».
Il faut couper nette l’influence religieuse. Les exercices
religieux, les cérémonies, tout ce qui se rattache d’un
point de vue moral ou matériel, la vue d’un prêtre,
le son des cloches, sont des causes qui déterminent
presque exclusivement les accès des malades. »
Chamonix Chamounix ou Chamouny
( Campus magnitus ) En 1880 Chamonix n’est qu’un un
joli village peuplé de 2,406 habitants, situé au milieu
de prairies, au pied du mont Brévent, sur la rive droite
de l'Arve, et auquel les beautés de sa vallée ont donné
une célébrité bien méritée.
Quoique la réputation
de Chamonix date surtout des écrits de de Saussure,
de Bourrit et de Deluc, ce bourg, connu aussi sous le
nom du Prieuré, n'est pas sans quelques titres historiques.
On a retrouvé, dans les archives de la paroisse, une
donation de terres et la fondation du prieuré couvent
de bénédictins qui remonte à l'année 1090. Il y a trace
de lois édictées par le prieuré en 1330 contre les étrangers,
et preuves certaines des fréquentes visites qu'y faisaient
les évêques de Genève au XVèmesiècle, ainsi
que d'un séjour qu'y fit saint François de Sales en
juillet 1606.
Le sénat de Savoie présidé par son
souverain promulgua une ordonnance, en 1634, pour permettre
aux bêtes à cornes et autres objets de commerce d'entrer
dans la vallée sans payer aucune redevance.
Avant
de parler des magnificences que la nature a prodiguées
à ce pays, consacrons quelques lignes à ses habitants.
Ils sont actifs et laborieux, dit M. Pictet ; ils savent
presque tous lire et écrire ; ils vivent principalement
du produit de leurs troupeaux et de ce qu'ils gagnent
avec les voyageurs. La longueur de l'hiver ne leur permet
pas de cultiver les céréales d'automne. Ils récoltent
plus particulièrement un mélange d'orge et d'avoine,
avec lequel ils font leur pain ils cultivent aussi quelque
peu de froment de printemps, de l'espèce appelée blé
de Fellemberg, et d'épeautre, de l'espèce appelée triticum
monococcum: Ils n'ont pas de fruits, excepté quelques
mauvaises pommes et cerises ; les pommes de terre réussissent
bien dans cette vallée et y sont très bonnes mais les
produits les plus importants sont le lin et le miel,
devenus pour les habitants un objet d'exportation assez
considérable. La chasse et la recherche des cristaux
forment les occupations principales des Chamoniards
qui n'exercent pas la profession de guide ou de porteur.
L'industrie est représentée par quelques tanneries.
La fameuse vallée, située à 1,000 mètres environ au-dessus
du niveau de la mer, s'étend dans la direction du N.-E.
au S.-O. le long de l'Arve, qui l'arrose sur une longueur
de 30 à 35 kilomètres.
Les curiosités qu'elle renferme,
ses beautés principales dont elle est le centre sont
la source de l'Arveiron, le Montanvert, le Jardin, le
Chapeau, les Posettes, la Flégère, le Brévent, le glacier
des Bossons, les cascades des Pèlerins et du Dard, les
mines du Coupeau, la montagne de la Côte, le glacier
d'Argentière, les Aiguilles, le Buet, le mont Blanc.
Nos lecteurs comprendront que des volumes entiers ne
suffiraient pas à la description de tant de merveilles
; nous nous réduirons donc à dire quelques mots de celles
qu'il n'est pas permis d'oublier, recommandant à quiconque
désire des détails exacts et complets les ouvrages consciencieux
et si bien faits de MM. Joanne et Mortillet.
La
source de l'Arveiron se rencontre à une heure seulement
de Chamonix; on y arrive par un chemin carrossable.
L'Arveiron sort en bouillonnant de l'extrémité inférieure
de la Mer de glace tantôt par une vaste arcade, haute
parfois de 25 à 30 mètres, tantôt au milieu de blocs
de glace, lorsque le fragile portique s'écroule. Il
y a des années où il est possible de pénétrer sous cette
voûte, mais il est dangereux de s'y- aventurer trop
avant, et surtout de décharger des armes à feu dont
la détonation produit un bruit comparable au grondement
du tonnerre. En face de l'hospice du Montanvert est
la Mer de glace, nommée aussi le Glacier des bois. Elle
a environ 45 mètres de largeur. A son extrémité supérieure,
elle bifurque. La branche qui s'élève du côté de l'est
prend le nom de glacier de Léchaud. Il est situé à 2,274
mètres au-dessus du niveau de la mer et à 1,200 mètres
au-dessus de Chamonix. La branche qui s'élève du côté
de l'ouest se nomme le glacier du Tacul ou du Géant.
Depuis le commencement du chemin on voit les deux glaciers
se séparer au pied d'une haute montagne appelée les
Périades. Parmi les sommités voisines, celle qui frappe
le plus le regard est un pic qu'on nomme l'Aiguille
du Dru. « Vue du Montanvert, dit de Saussure, la
surface du glacier ressemble à celle d'une mer qui aurait
été subitement gelée, non pas dans le moment de la tempête
mais à l'instant où le vent s'est calmé et où les vagues,
quoique très hautes, se sont comme émoussées et arrondies.
Ces grandes ondes sont à peu près parallèles à la longueur
du glacier, et elles sont coupées par des crevasses
transversales qui paraissent bleues dans leur intérieur,
tandis que la glace est blanche à sa surface extérieure.
Quand on est au milieu du glacier, les ondes ressemblent
à des montagnes, et leurs intervalles semblent être
des vallées entre ces montagnes. Il faut d'ailleurs
parcourir un peu le glacier pour voir ses beaux accidents
ses larges et profondes crevasses, ses grandes cavernes,
ses lacs remplis de la plus belle eau, renfermés dans
des murs transparents couleur d'aigue-marine ses ruisseaux,
d'une eau vive et claire, qui coulent dans des canaux
de glace et qui viennent se précipiter et former des
cascades dans des abîmes de glace »
Après deux
heures de marche sur le glacier du Léchaud, on en sort
au pied d'un autre glacier qui s'y jette et qu'on nomme
le Talèfre.
Voici en quels termes M. Pictet le décrit
« L'aspect du Talèfre est majestueux et terrible.
Comme la pente par laquelle il descend est extrêmement
rapide, ses glaçons, se pressant mutuellement, se dressent,
se relèvent et présentent des tours, des pyramides diversement
inclinées, qui semblent prêtes à écraser le voyageur
téméraire qui oserait s'en approcher. » C'est de
Chamonix qu'on part généralement pour tenter l'ascension
du Mont Blanc. Cette montagne, le géant de notre Europe,
fut gravie pour la première fois en 1786 par le docteur
Paccard et Jacques Balmat, de Chamonix. L'année suivante,
de Saussure y monta avec dix-sept guides et y fit d'intéressantes
observations météorologiques.
Depuis 1786 jusqu'en
1854 inclusivement, dit G. Mortillet, c'est-à-dire pendant
une période de soixante-neuf ans, on ne compte que quarante-neuf
ascensions ayant réussi. Le chiffre total des ascensionnistes
heureux, leurs guides non compris, est de soixante-quatorze,
qui se répartissent ainsi 43 Anglais ou Écossais, 12
Français, 6 Savoisiens, 3 Américains, 2 Allemands, 2
Polonais, 1 Russe, 1 Suédois, 1 Napolitain et 3 Suisses.
Parmi ces ascensionnistes on compte trois femmes une
paysanne de Chamonix, nommée Marie Paradis, en 1809
; Mlle Henriette d'Angeville, Française, en 1838, et
mistress Hamilton, Anglaise, en 1854
Les époques
extrêmes des ascensions heureuses ont été le 19 juin
et le 9 octobre ; généralement, elles se font pendant
les mois de juillet, août et septembre. Ces ascensions,
très difficiles et très périlleuses il y a peu de temps
encore, se font maintenant avec bien moins de fatigue
et beaucoup moins de dangers, et, depuis 1854, le nombre
des ascensions réussies s'est fort multiplié. Lorsqu'on
approche du sommet, la pente devient comparativement
douce ; mais la respiration est pénible, le pouls s'accélère
sensiblement ; on perd l'appétit, on ressent une soif
ardente et on éprouve une envie de dormir presque irrésistible
; on est si facilement essoufflé, qu'il est impossible
de faire un grand nombre de pas sans s'arrêter ; certains
voyageurs ne vont pas au-delà de 24, mais il n'y en
pas qui fassent de suite plus de 150 pas. Depuis 1854,
elles ont été nombreuses ; il y en a eu plusieurs chaque
année.
Le sommet du mont Blanc est comme arrondi
en forme de dos d'âne ; il a environ 200 pas de longueur
et un mètre de largeur au point culminant. Du côté de
l'est, la pente s'adoucit en descendant, tandis que
du côté de l'ouest elle prend la forme d'une arête aiguë.
Le panorama qu'on découvre de cette élévation est immense
; malheureusement, à moins de jouir d'un temps exceptionnellement
beau, les objets paraissent en général un peu confus.
On ne voit distinctement que les grandes masses de montagnes
telles que la chaîne du Jura les Alpes suisses, les
Alpes maritimes et les Apennins. C'est à un endroit
appelé les Grands-Mulets que passent la nuit les voyageurs
tentant l'ascension du mont Blanc; ils y trouvent un
pavillon destiné à les abriter. La hauteur de cette
station est de 3,455 mètres au-dessus du niveau de la
mer. Le chemin pour y arriver commence à être dangereux
après un rocher de granit qui a 12 à 15 mètres de hauteur,
et qu'on nomme la Pierre-à-l'Échelle. A sa base, en
effet, se trouve une grotte dans laquelle les guides
déposent l'échelle qui sert à traverser les crevasses
du glacier. « En quittant la Pierre-à l'Échelle,
dit Joanne, on arrive sur le bord du glacier des Bossons,
dont l'accès est toujours difficile ; on le traverse
le plus vite possible car quelquefois, en revenant,
on trouve les traces d'une avalanche fraîche tombée
depuis qu'on est passé. Après avoir franchi le lit de
l'avalanche, on s'attache à une corde et l'on commence
à marcher sur une vaste plaine de neige légèrement ondulée
et sous laquelle d'immenses crevasses s'étendent dans
dans tous les sens. Quand les crevasses sont trop larges
pour être enjambées, on les franchit à l'aide d'une
échelle posée d'un bord à l'autre et servant de pont.
Le guide, qui marche le premier, sonde avec précaution
et à chaque pas devant lui et sur les côtés. Après avoir
dépassé les Séracs, énormes blocs de glace d'une forme
à peu près cubique, après avoir escaladé d'autres degrés
du glacier et franchi d'autres crevasses, on arrive
aux Grands- Mulets, rochers isolés, hauts de 200 mètres,
et du haut desquels la perspective est d'une magnificence
indescriptible. »
Les guides compagnons indispensables
dans ces périlleuses excursions, forment une corporation
à laquelle une loi du 11 mai 1852 a imposé certains
règlements.
Évian-les-Bains ( Acquianum),
chef-lieu de canton arrondissement et à 10 kilomètres
au nord-est de Thonon, est une ville située, dans une
position admirable et en amphithéâtre, sur le bord du
lac de Genève. L'empereur Napoléon III avait projeté
d'y établir un port, et ce projet a seulement reçu un
commencement d'exécution ; le port d'Évian est une des
stations les plus fréquentées de la navigation à vapeur
du lac de Genève. De la plage d'Évian et de la gracieuse
colline de Saint-Paul, qui la domine, on aperçoit la
rive suisse sur une étendue de plus de 12 lieues. L'œil
du spectateur, enchanté par ce merveilleux panorama,
pour limites, à l'horizon, les cimes du Jura et des
Alpes vaudoises, et, au-delà dit Léman, la chaîne entière
du Jorat, couverte de villes, de villages et de maisons
de campagne.
Mais ce qui plus encore que son site
enchanteur, fait la fortune d'Évian ce sont ses sources
minérales, qui portent les différents noms de Bron ou
de Bonne-Vie, Cachet (ce sont les deux principales),
Guillot, du Lavoir, Montmasson ; leur température ne
dépasse pas 12 degrés; elles sont gazeuses, bicarbonatées,
sodiques, limpides, sans odeur ni saveur, laissant déposer
un sédiment rougeâtre. Elles s'emploient en boisson,
en bains, en douches. Elles ont pour effet de stimuler
la digestion et peuvent, dans certains cas, être employées
comme les eaux de Vichy ; enfin, on les recommande pour
le traitement des affections catarrhales de la vessie
et des reins, les gastralgies et les maladies de la
vessie.
Lorsque l'on parle de ce département,
certains lieux ne peuvent pas être passé sous silence
tel que Chamonix, haut lieu de l'alpinisme européen
qui attire chaque année des milliers d'amateurs de moyennes
montagnes et également d'alpinistes chevronnés. La Haute
Savoie comme sa voisines la Savoie possède de très nombreuse
stations de sports d'Hivers et elle accueille chaque
année un important afflux de Tourismes tant l'été que
l'hivers qui vienne y découvrir les plaisir de la glisse
et de la randonnée en montagne.
Parmi les grandes
stations de sport d'hivers ont peut citer Avoriaz qui
accueille chaque année le Festival international du
film fantastique, Megève une des plus ancienne stations
des Alpes, Chamonix, La Clusaz, Les Contamines Montjoie,
etc..Autre lieu à découvrir pour les amoureux de la
faune et de la flore, le Massif des Beauge,à la limite
de la Savoie et de la haute Savoie, qui depuis 1995
est classé en réserve régionale et qui attire de très
nombreux vacanciers qui viennet gouter aux charmes de
la vie alpine
Les 27 et 30 Aout
1860, l’Empereur Napoléon III, son épouse
l’Impératrice Eugénie et une suite nombreuse
se rendent en Savoie pour célébrer le rattachement
de la Savoie à la France. Rattachement qui
s’est manifesté par un « oui » massif lors
du plébiscite du 22 avril 1860. Cette visite
officielle de l’empereur sera marquée par
de très nombreuses festivités tout au long
du séjour qu’effectueront leurs majestés
impériales dans les villes visitées. Chambéry
les 27 et 28 out, Aix les bains, et Annecy.
Discours, Te Deum, défilé des troupes, concerts
et banquets se succèderont sans discontinués
tout au long de son séjours.
Chaque
rue de Chambéry est pourvue d’un arc de
Triomphe où les drapeaux français côtoient
les oriflammes aux armes de la Savoie.
Le 27 aout le train impérial arrive en gare
de Chambéry où sont réunis tous les officiels
et l’accueillant par un discours le maire
de Chambéry lui remet officiellement les
clefs de la ville. Cette visite prendra
fin le 28 aout où après Chambéry, l’empereur
et sa suite partent en calèches pour se
rendre ensuite à Aix les Bains et ensuite
Annecy, qui pour la circonstance a également
pavoisé sa cité. Après les discours de bienvenue
où le même cérémoniale se produis l’empereur
visite la cité annécienne et le soir un
superbe fête est organisée sur le lac. Lors
de cette visite officielle L’empereur a
fait don à la ville d’Annecy du « Couronne
de Savoie » son tout premier bateau à vapeur
destiné à la promenade sur le lac.
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