L'Indre est un plat pays avec quelques légers
vallonnements dont l'altitude ne dépasse guère les 300 mètres, seul
une légère butte de 459 mètres se distingue du coté d'Argentons sur
Creuse dans le sud qui en fait le point culminant du département à Pouligny
Notre Dame, une petite commune de moins de 1 000 habitants. Le département
de l'Indre est formé du ci-devant bas Berry, et tire son nom de la rivière
d'Indre, qui le traverse du sud-est au nord-ouest, et le divise en deux
parties à peu près égales.
Ses limites sont : au nord, le département
de Loir-et-Cher; à l'est, celui du Cher ; au sud, ceux de la Creuse
et de la Haute-Vienne; à l'ouest, ceux de la Vienne, et d'Indre-et-Loire.
La surface de ce département, est généralement très-unie, et n'offre
aucune montagne proprement dite. Cependant à partir de St-Benoît-du-Saut
commence une chaîne de montagnes primitives schisteuses et granitiques,
qui se prolonge dans la partie méridionale du département de la Haute-Vienne.
Les coteaux qui bordent la Creuse et l'Indre, présentent aussi quelque
élévation, et l’arrondissement du Blanc offre par intervalles quelques-monticules,
d'où l'œil se repose avec plaisir, sur quelques sites heureux, sur quelques
points pittoresques. Le territoire offre trois divisions principales
et distinctes : la première, connue sous le nom dé Bois-Chaud, est entrecoupée
par des haies, des, fossés et, des bois. Cette partie divisée en petites
exploitations, forme environ les sept-dixièmes de la superficie du département,
et comprend le tiers de l'arrondissement d'Issoudun, une grande partie,
de Celui de Châteauroux, et les arrondissements de la Châtre et, du
Blanc.
Là seconde partie, désignée sous le nom de Champagne; est
un pays plat, sans bois, sans haies, sans fossés. Cette partie, qui
forme les deux dixièmes du département, est divisée en grandes exploitations
; elle comprend les deux tiers de l'arrondissement d'Issoudun et une
petite partie de celui de Châteauroux. Le Bois-Chaud et la Champagne
sont deux pays où tout est différent : température, mœurs, agriculture
et productions.
Les habitants du département sont laborieux,
patients, modérés dans leurs désirs et dans leurs passions. La douceur
est le trait distinctif de leur caractère ; ils sont religieux,
sans superstition et sans intolérance.
On les accuse de manquer
d'énergie, d'être sans, vivacité dans leurs haines, et peut-être
aussi sans ardeur dans leurs affections.
Ils sont naturellement
soumis aux lois, respectueux envers les hommes dépositaires de l'autorité;
mais ils veulent être administrés avec justice et bienveillance.
Ils se montrent toujours charitables, hospitaliers et reconnaissants,
sachant apprécier le bien qu'on leur fait, quoique par apathie se
plaignant peu du mal qu'on leur cause, et le supportant avec un
calme et une résignation qu'il faut éviter néanmoins de pousser
à bout, car ils ne sont pas moins difficiles a apaiser qu'à irriter.
On les trouve peu empressés, d'avoir dés difficultés à surmonter,
et ils mettent volontiers en première ligne le repos et la tranquillité
; aussi, à aucune. époque de notre histoire, tes réactions civiles
n'y ont-elles, été sanguinaires ni prolongées ; mais il ne faut
pas' croire néanmoins qu'ils manquent au besoin de courage ou de
résolution ; ils en ont au contraire fait preuve dans toutes les
occasions où ces deux qualités ont été nécessaires mais en même
temps, ils ne recherchent pas ces occasions.
On ne trouve pas
communément dans l'Indre de ces femmes qui, par leur beauté traditionnelle
excitent l'admiration ; mais, si les femmes ne sont pas absolument
jolies, elles sont dédommagées par des qualités plus réelles sur
lesquelles la main du temps est plus impuissante qui attachent et
qui fixent d'une manière plus durable, par les qualités de l'esprit
et du cœur. Leur esprit est naturel, leur jugement est droit, leur
cœur est délicat et sensible; elles sont modestes dans leur parure
et presque sans luxe : leurs maris, leurs enfants, qu'elles allaitent
elles-mêmes, partagent toute leur affection, et les soins de leur
ménage font leurs plus douces occupation. Seulement peut-être elles
sont trop timides et cette timidité, qui semble les tenir dans une;
réserve continuelle et dans une espèce de gêne, leur fait perdre
quelque chose de leur agrément dans la société, et à ceux qui les
fréquentent, quelques charmes de plus qu'ils pourraient trouver
auprès d'elles.
La langue française est la seule en usage dans
le département. On la parle généralement sans aucun accent et avec
une correction remarquable.
La troisième partie connue sous le nom de Brenne,
et qui comprend une faible portion de l'arrondissement de Châteauroux
et partie de celui du Blanc, est couverte d'étangs qui occupent une
surface de 10 000 arpents, sans compter plus de 1 000 arpents de marais.
La Brenne est une espèce de plateau presque sans inclinaison, dont le
fond, formé d'argile, de marne ou de tuf glaiseux, est presque imperméable;
les eaux y séjournent tant que l'action puissante du soleil n'a pas
déterminé leur entière évaporation. Ces étangs, ayant une surface considérable
et très peu de profondeur, couvrent et abandonnent alternativement les
rives plates de leurs bassins ; les dépôts qu'y laissent les eaux en
se retirant produisent, par leur fermentation, des exhalaisons pestilentielles
qui produisent les plus funestes effets sur tous les êtres animés de
cette contrée. Chaque jour, au coucher ou au lever du soleil, l'atmosphère
est chargée de brouillards épais qui répandent une odeur pestilentielle.
La qualité des terres varie à l'infini. On les divise, dans le pays,
en terres fortes-terres de Beauce, terres de grouailles, terres de bornais,
terres caillouteuses, terres sableuses, terres tuffeuses; terres argileuses
et terres molles. La terre caillouteuse est une terre dont la surface
est couverte dé silex ; la culture de la vigne est celle qui lui convient
davantage, il existe environ 45 172 hectares de terre caillouteuse.
La terre de Beauce, dont toutes les parties sont homogènes, passe pour
être la meilleure; Il en existe 78 826 hectares. Toutes les terres labourables
sont labourées, et jamais cultivées à bras.
L'Indre prend sa source
a une altitude de 410 mètres dans les Monts de Saint-Marien sur le territoire
de Saint-Priest-la-Marche dans le département du Cher, à la limite du
département de la Creuse. Elle gagne la vallée de la Loire à Marnay
une commune d'Azay-le-Rideau. L'Indre se jette dans la Loire, près de
la commune d'Avoine, dans le département d'Indre-et-Loire.
L'Indre
est une rivière dont les fonds et les berges sont exclusivement privés
donc pas en libre accès, contrairement à l'eau qui est passée depuis
quelques années dans le domaine public.
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie
:6 903 km²
Population: 232 268 hab. (2009)
Dénsité : 34 hab./km²
Nb de communes : 247
Le département de l'Indre, formé
de la partie de l'ancienne province du Berry connue
sous le nom de bas Berry, a, dans ses premières origines
surtout, une histoire commune avec celle du département
du Cher, dont la reproduction ici ferait double emploi,
et à laquelle nous renvoyons ceux de nos lecteurs qui
tiendront à avoir des notions plus complètes et plus
détaillées sur les annales de la contrée.
Les Romains
trouvèrent ce pays occupé par les Bituriges, nation
nombreuse et florissante, possédant des villes importantes,
parmi lesquelles Issoudun, dont le nom est d'origine
toute celtique, est une de celles dont nous aurons à
parler. Quelques vestiges de monuments mégalithiques,
des traces mieux conservées d'ouvrages romains, guident
et éclairent les recherches de l'historien pour ces
périodes reculées.
On sait que sous Auguste le pays
des Bituriges fut compris dans l'Aquitaine, dont Bourges,
sous le nom d'Avaricum, devint la capitale. Entre la
domination romaine et l'établissement de la monarchie
franque, deux grands faits viennent se placer l'apparition
du christianisme vers le milieu du IIIème
siècle, les premières prédications de saint Ursin et
la désastreuse invasiondes Wisigoths, qui ne furent
chassés qu'en 511 par Clovis, vainqueur de leur chef
Alaric dans la sanglante bataille de Vouglé.
La
période mérovingienne est pleine d'incertitude et d'obscurité
en ce qui concerne le Berry. Lors du partage du royaume
des Francs entre les enfants de Clovis, le pays de Bourges,
dont faisait sans doute partie notre département de
l'Indre, fut englobé dans les dépendances du royaume
d'Orléans il passa ensuite aux ducs d'Aquitaine, et
eut sa part de dévastations et de calamités dans la
vengeance que tira le roi Pépin de la révolte de Waïfre;
l'un d'eux. Charlemagne rattacha définitivement le Berry
à la couronne de France. De son organisation administrative
datent les comtes de Berry, dont le pouvoir, centralisé
et respecté sous son règne, s'éparpilla, sous celui
de ses successeurs, aux mains de seigneurs locaux qui,
pour la plupart, suivirent la fortune des comtes de
Poitou, qu'ils reconnurent comme suzerains, tout en
se réservant une indépendance à peu près complète. Nous
suivrons, dans l'histoire spéciale des villes, les développements
de quelques-unes de ces familles féodales; aucune d'elles
n'acquit une importance aussi générale sur la contrée
qui nous occupe que celle des princes de Déols. Ils
avaient la prétention de descendre d'un Léocade, sénateur
des Gaules, qui protégea l'établissement du christianisme
dans le Berry au VIème siècle; à l'époque
où nous sommes arrivés, c'est-à-dire sous les premiers
successeurs de Charlemagne, le chef de cette illustre
maison était Laune, et son frère Géronce occupait le
siège archiépiscopal de Bourges. Son petit-fils, Ebbe
ou Ebbon, surnommé l'Ancien et le Noble, fonda, de concert
avec sa femme Ilildegarde, la célèbre abbaye de Déols.
Les fiefs qui dépendaient de la principautéde Déols
étaient nombreux et considérables on en comptait 168
principaux,au nombre desquels figuraient les villes
de Châteauroux, Issoudun, Saint-Gaultier, Saint-Chartier,
La Châtre, Argenton, Clais, etc. Celte nomenclature
suffit à démontrer quels étroits rapports rattachent
l'histoire.du bas Berry tout entier à celle des princes
de Déols. En 935, l'invasion hongroise pénètre jusque
dans les provinces centrales de la France Ebbe l'Ancien
réunit ses vassaux, en forme une armée, à la tête de
laquelle il poursuit l'ennemi, l'atteint et le bat à
Châtillon-sur-Indre. Il veut consolider ses succès par
une nouvelle victoire ; il rejoint encore les Hongrois
à Loches mais, trahi par son ardeur, il est blessé mortellement,
et expire à Orléans, où l'église de Saint-Aignan reçoit
sa noble dépouille. Haoulle Large, fils d'Ebbe l'Ancien,
jette les fondements de la ville de Châteauroux ; il
fortifie la ville construite, lui donne son nom, château-
Raoul, en fait la capitale de sa principauté, abandonnant
l'ancien bourg de Déols à l'abbaye qu'y avaient fondée
ses ancêtres. Il meurt en 952. Les craintes superstitieuses,
qui, aux approches de l’an 1000, donnèrent un essor
si prodigieux aux fondations religieuses, eurent aussi
leur influence sur la pieuse famille de Déols Raoul
IV (Thibaut) avait précédé la première croisade; il
avait revêtu l'habit de pèlerin, avait visité Jérusalem
et était mort à Antioche; plus tard, Ébrérd de Vatan
se fit pour le Berry l'écho de la voix de Pierre l'Ermite,
et le prince de Déols prit part, avec un grand nombre
de ses vassaux, à l'expédition de 1099. Ce dévouement
chevaleresque n'est pas le seul gage que donnaient ces
puissants seigneurs des sentiments religieux qui animaient
leur famille. Dès les premiers temps de la fondation
de l'ordre de Saint-Benoît, des moines avaient été appelés,
et leur établissement dans le bas Berry puissamment
encouragé ils y avaient fondé, vers la fin du XIIème
siècle, les monastères de Saint-Cyranen- Brenne et de
Méobec; celui de Saint-Genou, en 828; de Déols, en 917;
d'Issoudun, en 947, et de Saint-Gildas, quelques années
plus tard.
Il ne reste aujourd'hui que de bien rares
vestiges de ces riches et antiques établissements mais
la sainte et laborieuse milice a laissé des monuments
plus utiles et plus durables de son passage ce sont
des marais assainis, des routes tracées, des forêts
défrichées, de vastes étendues de terrain livrées à
la culture, de nombreux villages créés, le joug de la
féodalité rendu plus léger, les mœurs adoucies, les
traditions de l'art et de la science antique renouées
et la civilisation moderne préparée. Pendant les deux
siècles que nous venons de parcourir, nous avons marqué
la part qui revient à la maison de Déols dans le bien
qui s'est fait ; l'heure de son extinction allait arriver,
et nous avons le regret de ne pas pouvoir ajouter à
ses titres de gloire le plus grand bienfait que les
vassaux pussent recevoir alors de leurs seigneurs, avec
la paix l'affranchissement. C'est sans doute à la douceur
de la domination des Déols faisant la liberté moins
indispensable et moins réclamée, qu'il faut attribuer
cette lacune que nous regrettons l'absence, dans le
bas Berry, de toute charte communale à une époque où
tant de villes en France avaient les leurs. En 1176,
Raoul VI, dernier sire de Déols, meurt au retour de
la croisade, sa fille unique, Denise, devient maîtresse
de ses immenses possessions. C'était au plus fort de
la lutte entre Philippe-Auguste et Henri II, roi d'Angleterre.
Denise était la nièce du prince anglais ; celui-ci,
auquel l'alliance d'Éléonore de Guyenne avait livré
déjà presque tout l'ouest de la France, ne laissa point
échapper une occasion si favorable d'étendre son influence
sur les provinces centrales du royaume il se présenta
donc comme le protecteur naturel de la jeune orpheline,
et, secondé par son fils, Richard Cœur de Lion, alors
comte de Poitiers, il s'empara des villes de Châteauroux
et de Déols, et mit garnison dans tous les autres châteaux
et forteresses de la principauté, Boussac et Châteaumeillant
exceptés. Philippe-Auguste ne pouvait voir avec indifférence
une semblable extension de la puissance anglaise ; il
prétexte la revendication du Vexin injustement retenu
par Henri, le refus du serment d'hommage que lui doit
Richard pour son comté de Poitou, et, à la tête d'une
puissante armée, il marche sur le bas Berry. Issoudun
et Graçay tombent en son pouvoir ; les campagnes de
la terre déoloise sont ravagées, le siège est mis devant
Châteauroux, les deux armées ennemies se sont rejointes
et sont au moment d'en venir aux mains, quand une trêve
est conclue par l'intermédiaire des légats du pape Philippe
se retire, ne gardant qu'Issoudun comme garantie des
promesses faites par le roi d'Angleterre. Cette trêve
ne pouvait être de longue durée, car aucune des difficultés
de la situation n'était résolue aussi, en 1189, sur
le bruit d'un mariage projeté entre Denise de Déols
et André de Chauvigny, l'un des barons du Poitou les
plus dévoués livre. aux Anglais, Philippe, prétextant
cette fois une expédition de Richard dans le Midi, faite
contre le texte des traités, revient sur le Berry, surprend
la province sans défense, s'empare de Châteauroux, Buzançais,
Argenton, soumet tout le pays et pénètre dans l'Auvergne,
menaçant de ce point central et élevé les possessions
anglaises de l'Ouest et du Midi. Cette marche victorieuse
eût sans doute assuré la domination française dans tout
le Berry, si la question ne se fût compliquée alors
de luttes moins heureuses sur d'autres points Philippe
transigea et accepta de Henri mourant un traité, ratifié
ensuite par Richard, son successeur, en vertu duquel
il ne restait en possession que d'Issoudun et de Graçay,
Six ans plus tard, une autre convention, survenue à
la suite d'une nouvelle intervention de Philippe, accouru
au secours du bas Berry, que ravageait Mercadier, chef
de routiers à la solde de Richard, modifia encore l'état
politique de la province le roi d'Angleterre consentit
à faire sa soumission et à rendre hommage au roi de
France comme comte de Poitou; mais la terre de Déolsf
continua à relever du prince anglais en sa qualité de
duc d'Aquitaine, et les villes d'Issoudun et de Graçay
lui furent remises et restèrent en sa possession jusqu'en
1200, époque à laquelle elles furent données en dot
à Blanche, nièce du roi Jean sans Terre et femme de
Louis, fils de Philippe-Auguste. Les événements si précipités
de celte courte période peuvent donner une idée des
vicissitudes auxquelles furent en butte nos malheureuses
provinces du centre, incessamment froissées dans la
lutte si acharnée et si longue de l'Angleterre et de
la France, les rivalités féodales devaient encore venir
apporter de nouveaux éléments de troubles et de discordes
à ces déplorables déchirements.
L'espèce d'unité
intérieure maintenue dans le bas Berry par la prépondérance
des princes de Déols reçut une grave atteinte à l'extinction
de cette illustre maison. Son unique rejeton, Denise,
avait épousé le baron de Chauvigny, qui devint la souche
d'une nouvelle dynastie, celle des comtes de Châteauroux,
titre qu'ils empruntèrent à la capitale de leurs domaines.
Cette famille conserva pendant plus de trois siècles,
de 1189 à 1505, une puissance moins étendue, plus contestée
que celle des Déols, mais illustrée souvent par les
exploits de ses membres, et dans les archives de laquelle
il faut encore chercher les épisodes les plus notables
de l'histoire du bas Berry.
Le XIIIème
siècle, moins agité, pour notre province, par les événements
extérieurs que les siècles précédents et que ceux qui
suivirent, se signale surtout par l'affranchissement
des communes. L'octroi des chartes était le gage que
donnaient les princes aux villes pour s'assurer de leur
dévouement et de leur fidélité ; c'était souvent aussi
le prix dont ils payaient les sacrifices extraordinaires
qu'ils leur imposaient. Cette politique, appliquée ailleurs
depuis longtemps déjà, ne, fut importée dans le bas
Berry qu'en 1208. Châteauroux fut la première ville
à qui semblable faveur fut accordée l'exemple gagna
bientôt le reste du pays, où chaque seigneur affranchit
peu à peu, sans secousses, les serfs de ses domaines
; l'influence royale y poussait de tous ses efforts,
sentant tout ce qu'elle avait à gagner à cet amoindrissement
de la puissance féodale. On sait, d'ailleurs, que cette
époque correspond au règne de rois fermes et résolus
dont on sent la politique réagir même à distance sans
que l'historien trouve toujours des témoignages palpables
de son intervention. Ici, cependant ; nous pouvons produire
un fait à l'appui de nos suppositions. Un des droits
seigneuriaux les plus importants était celui qu'avaient
conservé les comtes de Châteauroux. de battre monnaie
un pareil privilège, qui abandonnait aux mains d'un
homme ou d'une famille un élément aussi essentiel de
la fortune publique, était un invincible obstacle à
tout essor de l'industrie, à tout développement des
transactions commerciales aussi voit-on coïncider avec
les premiers temps de l'émancipation les premiers murmures
contre l'altération de la monnaie, qu'on reprochait
aux sires de Chauvigny ; la bourgeoisie, trop timide
encore pour articuler ses griefs, laisse la parole à
la noblesse et au clergé, qui en appellent au roi de
France, et, après de longues réclamations, intervient
enfin une déclaration portant la date de décembre 1316,
et par laquelle Guillaume III de Chauvigny s'oblige
à ne plus émettre de monnaie pendant sa vie et à interdire
le droit d'en frapper à ses héritiers pendant les vingt-neuf
années qui suivront sa mort. Ce qu'il y a de plus curieux
dans le fait, c'est qu'il se passait pendant que Philippe
le Bel, pour alimenter le trésor royal, avait recours
à ce même moyen, qu'on interdisait à son vassal, pour
augmenter ses richesses féodales, comme si l'instinct
public eût compris que la nécessité du temps justifiait
pour l'un ce qu'elle défendait à l'autre. Voici, du
reste, une preuve plus significative encore des progrès
accomplis, dans ce sens, pendant le cours du XIIIème
siècle, Ce même Guillaume III de Chauvigny avait commis
une violence sur un domaine du seigneur de Culant ;
celui-ci porta plainte devant le roi, qui, la cause
entendue, condamna Guillaume à une amende sur son refus
de l'acquitter, il fut saisi et enfermé dans la tour
d'Issoudun. Ces tendances vers l'établissement et la
constitution d'une monarchie française forte et puissante
furent arrêtées, au XIV et au XVème siècle,
par le réveil des prétentions anglaises et les guerres
qu'elles entraînèrent, compliquées encore de la sanglante
querelle des Armagnac set des Bourguignons. A la mort
de Charles le Bel, en 1328, la question de succession
à la couronne de France divisa la noblesse du bas Berry.
Le vicomte de Bresse, fils du baron de Châteauroux,
prit parti pour Philippe de Valois ; Robert de Mehun
embrassa la cause d'Édouard, roi d'Angleterre le prince
de Galles s'avança au secours de son champion, dévasta
les domaines du sire de Châteauroux et brûla sa capitale.
La guerre eut pour les deux partis des alternatives
de revers et de succès tantôt, comme en 1356, les Chauvigny,
toujours fidèles à la cause française, prirent l'offensive
en Guyenne sous la bannière de Du Guesclin tantôt ils
durent défendre pied à pied leurs domaines sur lesquels
faisaient irruption les masses anglaises, comme autrefois
les hordes des barbares du nord l'histoire de ces temps
malheureux n'est qu'un long récit de guerres ruineuses,
de prises et reprises de villes et de châteaux, Un des
épisodes dont les traditions locales ont gardé le souvenir
est l'héroïsme d'un Guillaume de Brabançois, seigneur
de Sarzay, qui, au milieu même des triomphes des Anglais,
alors qu'ils occupaient les forteresses de Briantes,
du Chassin et du Lis, sans autres forces qu'une petite
troupe de quarante lances, se mit en campagne, s'empara
de la ville de La Châtre, en 1360, et fit face à l'ennemi
partout où il put le rencontrer. Ces massacres et ces
dévastations se continuèrent presque sans interruption
dans la contrée qui forme le département de l'Indre,
jusqu'au triomphe définitif de Charles VII sur les Anglais
et à la mort du dernier duc de Bourgogne ; le siège
d'Issoudun, l'incendie de ses faubourgs et le sac de
Buzançais, dont nous aurons ailleurs occasion de parler,
appartiennent à la dernière période de cette époque
désastreuse. A l’exception de quelques fautes dont la
responsabilité appartient aux mœurs du temps plus encore
peut-être qu'au caractère des hommes, on a vu l'illustre
famille de Chauvigny conserver intact et glorieux l'héritage
que lui avaient légué les Déols. Sa constante fidélité
à la fortune de la France était alors un mérite assez
rare pour qu'on songeât à le récompenser, Charles VIII
acquitta la dette de ses prédécesseurs le bas Berry
fut érigé en comté en faveur d'André de Chauvigny l'acte
est daté de 1497. Le nouveau comte de Berry ne jouit
pas longtemps de son titre ; il suivit le roi dans ses
campagnes d'Italie, eut occasion de lui rendre de signalés
services, se distingua particulièrement à la bataille
de Fornoue, et mourut en 1502 sans laisser d'enfant.
En lui s'éteignit une des maisons les plus anciennes
et les plus pnissantes de la vieille noblesse française;
avant de traverser trois siècles de notre histoire,
comme comtes de Châteauroux, les Chauvigny du Poitou
avaient déjà une illustration ancienne et méritée, et
les guerres des croisades avaient rendu fameux leur
cri de guerre, devant lequel avaient souvent fui les
Sarrasins « Chauvigny chevaliers pleuvent »
La veuve
d'André se maria en 1505 à Louis de Bourbon de La Roche-sur-Yon
son premier époux l'avait instituée son héritière mais
les sires de Maillé, descendants du côté paternel du
sire de Chauvigny, attaquèrent le testament, qui les
frustrait des immenses domaines du comté de Châteauroux,
il survint une transaction en 1519, par laquelle le
sieur de Maillé fut reconnu possesseur des seigneuries
de Châteauroux La Châtre et d'autres terres situées
sur le comté de la Marche, et les seigneurs et dames
de La Roche-sur-Yon restèrent propriétaires des terres
du Châtelet, Cluis- Dessous, Neuvy-Saint-Sépulchre,
Aigurande, et tout ce qui était assis en la prévôté
et ressort d'Issoudun.
Avant d'entrer dans l'époque
moderne, jetons un regard sur les monuments élevés dans
l'intervalle qui sépara le XIème siècle du
XVème que nous touchons. Nous ne disons rien
ici ni des églises ni des châteaux forts dont la fondation
se rattache à l'histoire particulière des villes ce
seront bien souvent des ruines qu'auront à nous offrir
les souvenirs de la féodalité, les donjons des vieux
manoirs, les remparts des villes autrefois fortifiées
ont eu à combattre le double assaut du temps et de la
grande Révolution; mais le Berry offre encore en assez
grand nombre les restes plus ou moins bien conservés
d'établissements religieux qu'il dut à la dévote munificence
de ses principaux seigneurs et parmi lesquels nous devons
mentionner l'abbaye de Miseray, près de Buzançais, fondée
au XIème siècle celle de Fontgombault, qui
date de 1091 de Puy- Ferrand, dont il est fait mention
en 1145 de Landèse, construite en 1115 par les sires
de Buzançais, qui y étaient inhumés de La Prée, élevée
vers 1128 par Raoul, seigneur d'Issoudun, de Barzelle
et de Varennes, bâties, la première en 1137, l'autre,
vers 1155 ces quatre dernières dépendant de l'ordre
de Cîteaux; ajoutons le monastère de Buxière, communauté
de femmes dont la création remonte à 1140, et les deux
établissements de cordeliers celui de Châteauroux, œuvre
de Guillaume 1er de Chauvigny en 1213, qui
contenait les tombeaux de la plupart des seigneurs de
Châteauroux, des familles de Chauvigny et d'Aumont;
et celui d'Argenton, qui ne date que de 1459.. Depuis
la fin du règne de Charles VII jusqu'aux premières guerres
de la Réforme, pendant tout un siècle, la paix répara
les désastres des périodes précédentes bien des ruines
furent relevées, un champ vaste et fécond s'ouvrit à
l'activité humaine; l'art décora les villes, l'agriculture
enrichit les campagnes; cette époque fut pour notre
pauvre Berry, plus que pour beaucoup d'autres contrées,
le siècle de la Renaissance; mais dans l'histoire de
la France le calme est presque l'exception, et la guerre
l'état normal. De nouveaux orages s'amoncelaient de
l'est, de l'ouest, du midi, la réforme religieuse pénétrait
jusqu'aux régions les plus centrales; la guerre répondait
aux persécutions le Berry ne resta pas à l'abri de ses
fléaux. Issoudun fut assiégée, en 1562, par les huguenots,
qui l'auraient prise sans le secours que prêta le sieur
de Sarzay à la cause catholique Saint-Benoît-du-Sault
fut occupé l'année suivante par les troupes protestantes
plusieurs autres villes de la contrée eurent le même
sort. La colère des vainqueurs s'exerça particulièrement
sur les églises et les monastères ; la guerre toutefois
n'y eut point le caractère de barbarie et d'acharnement
qu'on a ailleurs à déplorer trop souvent, et la pacification
du bas Berry fut plus prompte et plus facile que celle
des provinces voisines. Une autre guerre moins sanglante
divisait alors les grandes familles du pays. L'héritage
des Chauvigny, partagé entre les Maillé et les Aumont,
était l'objet des rivalités les plus ardentes. Les deux
compétiteurs se disputaient et s'arrogeaient en même
temps le titre de comtes de Châteauroux aux contestations
aux réclamations avaient succédé les procès; et l'issue
de la lutte était incertaine, lorsque, en 1612 et 1613,
le prince Henri de Bourbon-Condé obtint des deux maisons
l’abandon de leurs prétentions respectives contre une
somme de 435,000 livres, équivalant à près de deux millions
de notre monnaie. Cet avènement d'un prince de sang
royal à la suzeraineté du Berry eut pour le pays les
conséquences les plus fâcheuses la Fronde, cette dernière
révolte de la féodalité expirante, s'organisait Condé,
par sa nouvelle position, eut le crédit d'entraîner
dans cette cause, perdue d'avance, une partie de la
noblesse de la province, et y attira toutes les calamités
de la guerre civile. Un seigneur de Vatan, plus obstiné
que les autres, se retira dans son château, s'y fortifia
et ne voulut plus reconnaître l'autorité du roi; il
paya de sa tête son intempestive et téméraire rébellion,
Le pays avait souffert; quelques nobles d'un rang secondaire
avaient été punis ; Condé, l'instigateur principal de
la révolte, en fut quitte pour quelques années de disgrâce
et de prison ce qui toutefois n'empêcha pas, en 1616,
l'érection de la terre de Châteauroux en duché-pairie
comme entrée dans la possession d'un prince du sang,
et cela malgré les protestations d'Issoudun, qui voyait
soustraire ainsi à la juridiction de son bailliage un
grand nombre de sièges de justices inférieures. Châteauroux
eut alors dans son ressort, outre les nombreux fiefs
démembrés des bailliages d'Issoudun, de Montmorillon,
même de Blois, les villes de La Châtre, Lignières, Levroux,
Buzançais, Mézières-en-Brenne, Le Blanc, Argenton, Aigurande
et on n'appelait des sentences du bailli de Châteauroux
qu'au parlement de Paris. Depuis la Fronde jusqu'à la
Révolution de 1789, le bas Berry ne fut le théâtre d'aucun
événement qui mérite une mention particulière; le duché
de Châteauroux resta dans la maison de Condé jusqu'en
1735, époque à laquelle Louis XV en fit acquisition
au prix de 2,700,000 livres, pour l'offrir à sa belle
maîtresse, Anne de Mailly-Nesle, marquise de La Tournelle,
qui prit dès lors et a gardé dans l'histoire le nom
de duchesse de Châteauroux. Cette dame étant morte quelque
temps après avoir pris possession du royal présent,
la terre retourna à la couronne et constitua plus tard
une partie de l'apanage d'un des frères de Louis XVI,
le comte d'Artois, qui depuis fut le roi Charles X.
Sous l'ancienne monarchie, le bas Berry dépendait de
la généralité de Bourges pour les finances et l'administration
il formait quatre élections celles de Châteauroux, La
Châtre, Le Blanc et Issoudun l'organisation actuelle
a conservé ces divisions elle a seulement emprunté pour
la formation du département de l'Indre quelques communes
qui appartenaient à l'ancienne province de la Marche,
telles que Saint-Benoît, Belâbre et quelques villages
du même canton. Pour les affaires militaires, le bas
Berry faisait partie du gouvernement du Berry ; nous
avons vu que, pour la justice, Châteauroux avait hérité
d'une grande part dans l'ancienne clientèle d'Issoudun
; ce qui était resté attribué aux bailliages d'Issoudun
et de Bourges allait en appel, comme les sentences de
Châteauroux, au parlement de Paris. La Révolution française
ne rencontra dans le bas Berry aucune opposition sérieuse
les habitants subirent sans murmurer toutes ses conséquences,
même les longues guerres de l'Empire, et, en 1815, nous
voyons fraternellement accueillis sur les bords de l'Indre
ces héroïques débris de nos vieilles phalanges républicaines
et impériales qu'ailleurs il était de mode alors d'insulter
et d'appeler les brigands de la Loire. Le bas Berry
semble s'être jeté avec moins d'ardeur que des contrées
voisines dans la carrière ouverte par la paix à l'industrialisme
moderne mais le temps n'est peut-être pas encore venu
de savoir si c'est un blâme ou une louange que mérite
son hésitation. Plusieurs villes cependant, et Châteauroux
à leur tête, ont pris un essor commercial dont nous
constaterons ailleurs l'importance; mais la vie des
champs, les travaux de l'agriculture sont, plus généralement
restés dans les mœurs et dans l'instinct du Berrichon,
qui doit à cette paresseuse insouciance des innovations,
à son culte pour les traditions paternelles, à sa fidélité
aux vieux usages, la conservation de son type original,
moins effacé que celui de la plupart de nos provinces,
même de celles qui, au point de vue historique, ont
laissé l'empreinte de nationalités plus indépendantes
et plus distinctes. Nous épargnerons à nos lecteurs
une plus longue appréciation. Le Berry est aujourd'hui
plus connu que l'Écosse après les romans de Walter Scott
qui n'a suivi l'auteur de Mauprat et du Champi dans
ses ravissantes explorations.
Quelle est la cime
qui reste à franchir? quel est le ravin que nous n'ayons
pas traversé, le ruisseau au bord duquel nous ne nous
soyons pas assis ? Êtres vivants ou objets inanimés,
grâces pittoresques du costume, pensées intimes du cœur,
quel coin du tableau est resté sans relief et sans lumière
sous le pinceau du maître ? Que reste-t-il à décrire
quand George Sand a tout raconté.
L'Indre tout comme son proche voisin le Cher appartiennent tout deux à l'ancienne province du Berry
Châteauroux doit son nom à son
fondateur, Raoul le Large, fils d'Ebbes-le-Noble, prince
de Déols, qui, au XIème siècle, quitta le
bourg héréditaire, berceau de sa famille et capitale
de ses domaines, pour un château qu'il fit construire
à quelques lieues, sur un monticule abrupt plongeant
dans les eaux de l'Indre. Autour, vinrent se grouper
des habitations qui, plus tard, formèrent la ville
Vers 937, le seigneur Raoul le Large délaissa son palais
de Déols, pour doter l’abbaye fondée en 917. Il fit
bâtir une forteresse sur un coteau de la rive gauche
de l’Indre. À partir de 1112, ce château fut nommé «
château Raoul », en raison du prénom fréquent chez les
seigneurs de Déols. La période féodale vit naître à
l’abri de cet emplacement fortifié une bourgade d’artisans
et de commerçants. Les seigneurs de Châteauroux sont
puissants : leur fiefs couvre les deux tiers de l’actuel
département de l’Indre ; au XIème siècle,
ils ont leur propre monnayage. Le château et le bourg
sont pris par Philippe Auguste en 1188. À cette époque,
la ville connaît déjà une activité drapière importante,
avec un moulin à foulon depuis quelques décennies. Toute
l’activité textile se concentre le long de l’Indre,
qui apporte sa force motrice, et une baronnie régie
par ses propres coutumes se crée (actuelle rue de l’Indre).
Cette production est réglementée contres les fraudes
externes car des drapiers de l’extérieur de Châteauroux
vendent leurs pièces de tissu comme fabriquées à Châteauroux,
et internes les drapiers castelroussins étirant parfois
leurs rouleaux de tissu pour vendre une plus grande
longueur. ces tissus sont principalement vendus lors
de la grande foire annuelle
À la frontière du Berry, du Poitou et de la Touraine, Le Blanc doit probablement son existence à la présence d'un gué permettant de traverser la Creuse. Quant à son étymologie, les formes anciennes montrent qu'elle n'a aucun rapport avec la couleur, mais serait à mettre en relation avec un thème pré-celtique *obl-, de sens obscur, et suffixe pré-celtique -incum. Tour à tour, la ville fut dénommée Oblincum, Oblenc, Oublanc, Doublanc, Du Blanc et enfin, Le Blanc. Le cours de la Creuse, partageant la ville jusqu'à la fin de l'ancien régime, a influencé toute son histoire. Plus récente, la ville Basse, au nord, s'est formée autour de l'église St-Génitour, le long de la voie romaine. Elle dépendait intégralement de la province du Berry. La ville Haute, quant à elle, au sud, était partagée entre les provinces du Berry et du Poitou, se manifestant par la présence de deux places fortes opposées : le château (des) Naillac, berrichon, et le château du Donjon, poitevin, aujourd'hui disparu. Longtemps donc, l'administration de cette cité fut particulièrement complexe et les dissensions vives. Au Moyen Âge, un pont reliait les deux villes, mais fut emporté par une crue en 1530. Pendant trois cents ans, le passage de la Creuse se fit par le bac. Le pont ne fut reconstruit qu'au début du XIXe siècle, entraînant de grands travaux d'urbanisme qui donnèrent au Blanc son aspect actuel. L’école de chirurgie du Blanc aurait été fondée par un descendant de François Le Proust du Ronday (1548-1615), jurisconsulte et cousin germain de Renée Le Proust de Niriau, femme de Jacques de Sainte-Marthe, médecin des rois Henri II, François II et Henri III et fils de Gaucher de Sainte-Marthe, médecin ordinaire de François Ier.
La Châtre tire son étymologie de « castra », camp fortifié. Celui-ci peut avoir été un ancien camp gaulois ou romain (selon les différentes versions proposées par les archéologues ou les historiens). La ville est ensuite un château féodal, siège d'une baronnie dont le premier titulaire connu avec certitude au XIe siècle siècle est Ebbes VI, dernier fils de Raoul II de Déols, seigneur de Châteauroux, qui aurait créé pour son fils en 1010 cette baronnie dont dépendaient les seigneuries de Sarzay, Briantes, Angibault, Saint-Martin de Thevet, Maugivray, Montlevicq, Virolan, Bellefont, Ars, L'Alleu, Nohant, Vieilleville, La Prune au Pot. Des moines cisterciens s’installent au bord de l’Indre et par la construction de moulins, amorcent le développement économique. En 1152, Louis VII fait annuler son mariage avec Éléonore d'Aquitaine. Elle épouse la même année Henri Plantagenêt. Le prince Ebbes de Chateauroux prête hommage à sa suzeraine, il s'en suit un saccage de ses territoires par Louis VII. La ville de La Châtre est brûlée en 1152 par le roi Louis VII. En 1189, Denise de Déols, la princesse de Déols, héritière des Raoul de Châteauroux, est mariée avec André de Chauvigny par Richard Cœur de Lion. La baronnie de Châteauroux passe ainsi à la famille des Chauvigny pour plus de deux cents ans. La Châtre est soumise par Philippe II Auguste en 1209. Un monastère de Carmes s’installe dans la ville. Ils font construire vers 1424 un château seigneurial dont il ne reste que le donjon (aujourd’hui musée George Sand et de la Vallée Noire) et qui se trouvait à l’intérieur des « gros murs de la ville ». La Charte de 1463 affranchit partiellement les bourgeois. Au XVe siècle, à la fin de la Guerre de Cent ans, la ville connaît une période de grand développement. Sa situation entre les possessions du roi de France et les anciennes provinces anglaises en font un lieu d’échange facilité par la présence de la cour à Bourges.
Située à mi-chemin de Bourges et de Châteauroux, la cité gauloise d’Uxeldunum, détruite à l'approche de César et reconstruite par ce dernier est un site occupé depuis l’Antiquité sans discontinuité. Au XIe siècle, les seigneurs d’Issoudun frappaient leur propre monnaie. À la fin du XIIe siècle, avec l’extinction de la famille des seigneurs de Châteauroux-Déols, lssoudun, comme leur héritière Denise de Déols, est ballotée entre les royaumes de France et d’Angleterre Le développement de la ville entraîne l’installation d’un couvent de franciscains (les cordeliers) dans la première moitié du XIIIe siècle. Au XVe siècle, la ville d'Issoudun connaissait une croissance d'industrie de drapier. Issoudun joue un rôle administratif important à partir de la fin du XVIe siècle en étant le siège d’une élection (subdivision de la généralité de Bourges) et d’une subdélégation. La ville d’Issoudun connaît une croissance démographique au début du XVIIIe siècle, puisqu’elle passe de 2050 feux en 1709 à 2269 en 1726 (autour de 10 000 habitants)9. A la Révolution, le choix de Châteauroux, alors seconde ville du Berry, comme préfecture du nouveau département de l’Indre nuit au développement d'Issoudun. Pendant la Deuxième République, Issoudun est une des villes les plus favorables au nouveau régime et aux idées de progrès. Dès son élection, le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte (futur Napoléon III) fait arrêter les membres des sociétés dites « secrètes » qui s’étaient donné pour mission de répandre ces idées et d’acquérir le peuple à la République sociale. Les principaux membres de La Solidarité républicaine (120 membres) sont condamnés à la prison ferme et privés de droits civiques pour deux ans (dont Lecherbonnier, père du futur maire) en juin 1849, et finalement emprisonnés après l’appel en novembre. L’agitation est permanente jusqu’au coup d'État du 2 décembre 1851, parfois dispersée par la troupe, et la garde nationale bourgeoise dissoute car trop inactive. La nouvelle du coup d’État est connue dans la journée du 2 par les officiels, mais ne se répand que le 3. Les républicains s’assemblent, manifestent (1 500 à 1 800 personnes), mais, en l’absence de certitudes, n’agissent pas pour se rendre maître des bâtiments officiels. La nouvelle de la défaite des républicains de Paris arrive le soir du 4, et le dernier rassemblement a lieu le 612. Les deux compagnies du 23e léger n’ont donc pas à intervenir. La répression commence ensuite, avec 23 arrestations pour la seule ville d’Issoudun, pendant que le pouvoir s’installe : la devise Liberté-Égalité-Fraternité est effacée des bâtiments publics. Douze cabarets populaires et suspects sont fermés en janvier 1852. L’un des prisonniers se pend en cellule ; en mai, trois des défenseurs de la République sont déportés en Algérie. Le libraire Châtelin, jeune père, libéré au bout de deux mois, préfère s’exiler à Londres, où ses travaux de relieur sont officiellement récompensés. Enfin, un élève issoldunois aux idées trop avancées de l’École normale de Châteauroux est exclu de l’établissement, le gouvernement de l’Empire autoritaire surveillant tout particulièrement les instituteurs. De la même façon, l’instituteur du village des Bordes, Nicolas Florent, particulièrement apprécié de la population, donnant des cours du soir, auparavant récompensé par l’Inspection académique, est démis dès le 22 décembre. L’opposition ne désarme pas, même si on ne peut relever dans les premières années de l’Empire que quelques condamnations pour cris séditieux. L’attentat d'Orsini, en janvier 1858, entraîne sept nouvelles arrestations d’opposants; certains sont déportés en Algérie.
La Mare au Diable
:
Ce lieu, qui servi de trame au roman
de Georges Sand, se situe non loin de Mers-sur-Indre.
Au bord de la mare, une
vieille femme ramassait du bois mort. Germain
s’arrête pour la questionner :
-« Oui
mon garçon, dit-elle, c’est ici la Mare
au Diable. C’est un mauvais endroit et il
ne faut pas en approcher sans jeter trois
pierres dedans de la main gauche, en faisant
le signe de la croix de la main droite ;
ça éloigne les esprits. Autrement il arrive
des malheurs à ceux qui en font le tour.
- Je ne parle pas de ça , dit Germain en
s’approchant et en criant à tue-tête :
- N’avez-vous pas vu passer dans le bois
une fille et un enfant ?
- Oui, dit la
vieille, il s’est noyer un petit enfant
!
Germain frémît de la tête au pied
; mais heureusement, la vieille femme ajoute
:
- Il y a bien longtemps de ça : en
mémoire de l’accident on y avait planté
une belle croix ; mais par une nuit de grand
orage, les mauvais esprits l’on jetée dans
l’eau. On peut en voir encore un bout. Si
quelqu’un avait le malheur de s’arrêter
ici la nuit, il serait bien sûr de ne pouvoir
jamais en sortir avant le jour, il aurait
beau marcher, marcher, il pourrait bien
faire deux cents lieues dans le bois et
se retrouver toujours à la même place. »
Georges Sand- La Mare au Diable.
Plan du site - Moteur de recherche | | Page Aide | Contact © C. LOUP 2016