Les Mérovingiens
Dessin de costume de Charles Bianchini
Découvert dans la multitude des documents numérisés
par la B.N.F., et disponible sur le site GALLICA voici une galerie de
maquette de costumes pour Frédégonde. Opéra en 5 actes d'Ernest Guiraud
et Camille Saint-Saëns sur un livret de Louis Gallet, créé à Paris le
16 décembre 1895 à l'Académie nationale de Musique. La composition de
l'opéra a été achevée par Saint-Saëns après le décès de Guiraud, survenu
en 1892. Saint-Saëns est l'auteur de l'Hymne guerrier et du ballet qui
terminent l'acte III et des actes IV et V. L'orchestration de l'opéra
est presque entièrement de Paul Dukas, qui fut élève de Guiraud.
Ces
gravures sont l’œuvre de Charles Bianchini.(Lyon, 11 février 1859 –
Paris, 03 mars 1905)
Ce dessinateur de costumes se distingua très
vite par la qualité de ses dessins et fut bientôt le dessinateur attitré
de l’Opéra.
Petite anecdote en passant, et voici un extrait
du « Journal des Débats » datant de 7 mars 1899 et relatant la tentative
d’assassinat dont il fut la victime et dont sa femme fut soupçonnée
et jugée.
Au mois de mai dernier, le bruit se répandit dans
le monde des boulevards que M. Bianchini, le dessinateur de costumes
de théâtre bien connu, venait d'être l'objet d'une tentative d'empoisonnement.
On désignait la coupable, sa femme, avec laquelle, depuis plusieurs
mois, il avait de mauvais rapports, ou, pour parler plus juste, des
rapports mal définis. Des notes parurent bientôt dans certains journaux,
et, comme la rumeur allait grossissant, Mme Bianchini se décida à solliciter
elle-même une enquête. Aujourd'hui, elle comparait en Cour d'assises.
L'accusation a paru fondée au ministère public. Voici les charges relevées
par l'acte d'accusation : En octobre 1897, Bianchini loua un appartement
boulevard des Italiens, sous le nom d'un de ses amis, M. Ad. Mayer,
rédacteur au Journal, qui devint bientôt son commensal habituel. Une
liaison, qu'on assure n'avoir jamais été bien discrète, se noua entre
Mme Bianchini et M. Mayer. M. Bianchini venait de recevoir la commande
des costumes du Prophète et de Fervaal, et il était tout heureux de
ce retour de la fortune quand, le 10 mai 1898, il tomba soudainement
malade. Dans la matinée, il avait eu un peu de migraine, suite naturelle
d'un banquet où il avait assisté la veille (le banquet mensuel de l'Opéra-Cornique).
Sa femme lui fit prendre successivement un cachet d'antipyrine et deux
tasses de café qu'elle avait préparées elle-même. A trois heures, la
servante entra par hasard dans son cabinet et le trouva dans un état
voisin du coma : il avait les yeux vagues et les pupilles dilatées.
— Il faut appeler le médecin, dit la servante. — J'attendrai Mayer,
répondit Mme Bianchini. M. Mayer fit prévenir le docteur Courtain et
avertit la direction de l'Opéra-Comique de la crise inexplicable à laquelle
le dessinateur était en proie. Dans la soirée Bianchini fut examiné
successivement par trois médecins : les docteurs Courtain, Chevassus
et Mazet. Ils constatèrent de l'insensibilité, et une respiration stertoreuse,
des troubles graves du réflex pupillaire et diagnostiquèrent une congestion
cérébrale. L'état du malade leur paraissait désespéré. Il ne mourut
pas, cependant. Mais du 10 au 17 mai, il passa par des alternatives
étranges : le matin, il allait toujours mieux ; puis, vers le soir,
l'état s'aggravait rapidement ; le visage et les lèvres devenaient noirs,
des plaques vineuses apparaissaient sur le thorax, les pupilles se dilataient.
L'attitude de Mme Bianchini avait déplu au docteur Chevassus. Cependant,
il ne dirigeait sur elle aucun soupçon, quand le 13 mai elle s'avisa
de lui demander une ordonnance d'atropine. C'était pour son chien, disait-elle.
Cette imprudente démarche fut un trait de lumière pour le médecin :
il reconnut, dans les crises intermittentes, qui l'avaient déconcerté
jusqu'alors, une intoxication par l'atropine. Il n'éprouva plus aucune
incertitude quand des hallucinations lui apparurent, les 14 et 15 mai.
Il communiqua alors ses soupçons aux docteurs Gilles de La Tourette
et Charcot qui avaient été appelés en consultation. Ils furent d'avis
qu’il fallait enlever Bianchini aux soins de sa femme si on voulait
l'arracher à une mort rapide. Ils réclamèrent le transport du malade
au pavillon Henri-IV, en prenant prétexte du bon air de Saint-Germain.
Mme Bianchini ne fit aucune opposition. L'enlèvement eut lieu le 17
à quatre heures et demie du soir. La crise habituelle ne se reproduisit
pas : en huit jours, le dessinateur fut sur pied. Il eut seulement,
le 22 mai, une attaque légère de phlébite, accident qui se produit souvent
après une intoxication d'atropine. La meilleure défense de Mme Bianchini
paraît être dans l'embarras où se trouve l'accusation pour déterminer
le mobile de la tentative criminelle. Le mari de l'accusée n'était pas
gênant.