Note importante
Ce Texte, provient du Dictionnaire géographique, historique, industriel et commercial de toutes les communes de la France (Volume I - Eusèbe Girault de Saint-Fargeau, (1799-1855), publié en 1844. Il ne figure ici qu’à titre de curiosité et donnera une autre image de bohémiens
Les Bohémiens

On rencontre parfois dans les environs de Montmédy, de Verdun, de Stenay; des bandes nomades colportant les produits des faïenceries et des verreries du département de la Moselle. Ce sont des familles bohémiennes fixées dans les cantons boisés de Bitche et de Forbach, et qui ont choisi pour moyen d'existence un genre d'industrie qui décèle leur ancien amour pour l’indépendance et la vie errante; Ces familles voyagent emportant leurs ustensile de ménage, et suivies d'animaux domestiques qu'elles élèvent dans leurs courses : elles campent, couchent et font leur cuisine en plein air. Les Bohémiens lorrains paraissent différer, quant à la probité du moins, des Bohémiens français du Languedoc et du Roussillon. « Le mariage, dit Audenelle, dans son Essai sur la frontière nord-est de la France, est ignoré de ce peuple singulier ; femmes et enfants, tout vit en commun. Le chef exerce un pouvoir suprême. L'autorité a souvent rendu hommage à la moralité dès Bohémiens : atteints par la prévention qui règne contre eux, quelques- uns ont été accusés des délits qui se commettaient dans les lieux voisins de leur séjour; mais rarement ces accusations ont été justifiées, et si un Bohémien était justement soupçonné, sa tribu le jugeait, l'exécutait et n'attendait pas que la justice le recherchât. « Lorsqu'une troupe de Bohémiens trouve une position favorable, elle y plante le piquet et allumé le feu. L'âne est déchargé du bagage; Les enfants folâtrent ; les jeunes femmes préparent le frugal repas, les plus vieilles se reposent en fumant, les hommes les imitent ou jouent de quelque instrument ; quelquefois la famille chante en chœur des airs tyroliens ; les enfants y mêlent, comme par instinct, leur faible voix sans blesser les accords, qui sont toujours justes et agréables à l'oreille.

Ce peuple est naturellement
musicien, et ce talent, qu'il exploite dans les lieux habités
de sa solitude, suffit à ses besoins peu étendus. Les femmes
dansent d'une manière bizarre et se piquent de magie. Les crédules
habitants se font lire leur avenir par ces sibylles de la Lorraine,
qui n'ont d'ailleurs, comme celles de l'antiquité, que des antres
et des cavernes pour temples. Le Bohémien a les traits nobles
et réguliers ; sa physionomie est très-expressive. Il est agile,
robuste, infatigable dans les exercices du corps. Son teint
est basané, parce qu'il a l'habitude de s'oindre le corps et
de s'exposer ainsi au soleil pour endurcir ses membres et leur
donner la souplesse que nécessite sa vie sauvage. Leurs femmes;
sont grandes, bien faites, leur démarché est aisée. Elles portent
leurs enfants à dos, ce. qui ne les gêne ni dans leurs courses
continuelles ni dans leurs occupations domestiques. Elles ont
l'œil vif, le regard malin, la parole pressée. Leur chevelure,
longue, épaisse et d'un noir d'ébène, se trouve relevée sans
aucun art et leur costume, absolument négligé, voile à peine
leurs charmes hâlés et rembrunis.