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Les petites histoires



La saint Barthélémy - 24 aout 1572


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Scène de la Saint-Barthélémy, assassinat de Briou, gouverneur du Prince de Conti - Joseph Nicolas Robert-Fleur - 1833
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Le Cardinal de Lorraine bénissant les participants à la Saint Bartélémy

Sous le règne de Charles IX Paris languit, tourmenté par les horreurs de la discorde provoquée par les intrigues de la cour de Rome et des Guises.
Le massacre des protestants fut arrêté dans l'entrevue que Catherine de Médicis eut à Bayonne, en 1565, avec le duc d'Albe, et sept années après cet infernal projet fut mis à exécution.
La reine mère en fixa l'exécution au point du jour de la St-Barthélémy, 24 août 1572 (deux jours après la tentative d'assassinat sur l'amiral de Coligny). La résolution en fut prise dans le château des Tuileries, entre la reine, le duc d'Anjou, le duc de Nevers, le comté d'Angoulême, Birague, les maréchaux de Tavannés et de Retz... On hésita si l'on envelopperait dans la proscription le roi de Navarre, le prince de Coudé et les Montmorency... Afin de prévenir jusqu'à l'ombre du soupçon, les princes lorrains feignirent de craindre quelques violences de la part de leurs ennemis, et, sous ce prétexte, ils vinrent demander au roi la permission de se retirer. « Allez, leur dit le monarque d'un air courroucé; si vous êtes coupables, je saurai bien vous retrouver...»



Note

La Saint Barthélémy

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La Saint Bartélémy

La Saint Barthélémy cette tuerie a débuté par l'assassinat d'un homme : l'amiral de Coligny, puissant noble, chef du parti des Protestants, dont les meurtriers n'avaient peut-êre pas prévu jusqu'à quelles conséquences leur geste conduirait.
Ces meurtriers étaient manipulés par un personnage encore plus puissant : Catherine de Médicis, mère d'un roi faible et avide de gloire : Charles IX. Mais la stratégie de la reine-mère était elle-même guidée par la situation politique du pays, situation extrêmement tendue entre deux factions rivales et également puissantes, où le roi risquait de perdre son autorité... Mais qui avait conduit l'unité nationale au bord de ce gouffre ? Un mouvement d'idées, une querelle spirituelle qui avait débuté sous la plume d'un ecclésiastique allemand du nom de Martin Luther et avait considérablement ébranlé, au fil des décennies antérieures, l'autorité de l'église catholique, ciment idéologique des sociétés et des états de ce temps-là.
Lorsque, le 31 octobre 1517, le moine augustinien Martin Luther clouait sur la porte de la chapelle de Wittenberg ses « 95 propositions » sur l'abus des Indulgences, il ne pensait pas le moins du monde mettre l'église catholique en péril, il souhaitait au contraire rénover le sentiment religieux et espérait que l'autorité papale réagirait avec vigueur contre les abus des marchands de paradis.
Mais le contexte politico-culturel de l'Europe de ce début du XVIème siècle devait en décider autrement : l'universalisme de l'Église était affaibli, les courants nationalistes de plus en plus forts et les intérêts politiques de différents États rejoignaient les objectifs de la Réforme. De sorte que sa parole et les principes énoncés par ses écrits rencontrèrent instantanément un vibrant écho hostile la puissance de Rome.
De son côté, l'autorité pontificale réagit selon les méthodes rigides et répressives, desquelles elle était coutumière face aux diverses hérésies qu'elle avait combattues par le passé. Mais cette position ne comptait pas avec un fait nouveau : l'imprimerie était dorénavant née et la propagation des idées échappait au seul domaine ecclésiastique.
Ainsi, de controverses rendues publiques en traductions de la Bible en langue populaire, peu à peu les idées contestataires se propagèrent.
Lorsque Luther mourut, en 1546, l'Europe germanique était déjà largement pénétrée de ses idées. Swingle à Zurich, Calvin à Genève et de nombreux princes ou rois avaient officiellement rompu avec le catholicisme ; l'église catholique romaine (et son nouveau pape, Paul III, élu en 1594) n'avait plus alors qu'une alternative : réagir ou se résigner. Elle opta pour la première solution. Dès 1535, un certain nombre de cardinaux favorables à l'idée d'une Réforme au sein de l'Église furent admis à Rome, en 1542 fut ordonnée la réorganisation de l'Inquisition, mais surtout Ignace de Loyola fut autorisé par le pape à créer la Société de Jésus. Avec l'apparition de ce nouvel ordre militant dont la première mission était d'approfondir la vie spirituelle à l'intérieur de l'Église, le deuxième acte de ce vaste conflit idéologique venait de s'ouvrir, on le nomma la Contre-Réforme.
• Le concile de Trente, conclu en 1563, proclama toute une série de résolutions qui réformaient considérablement l'église catholique, mais il lança aussi l'anathème contre toutes les doctrines hérétiques..
L'unité spirituelle, caractéristique de l'Europe occidentale jusque-là, était brisée.

La France dans un étau

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Catherine de Médicis et la Saint Bartélémy

Or, si l'on considère qu'à cette date, globalement, le nord de l'Europe est devenu protestant (Angleterre, Scandinavie, Allemagne, Suisse) et le Sud resté Catholique (Italie, Espagne, Portugal), il est vite fait de constater que le royaume de France se trouve exactement au milieu.
De plus, une série de malheurs s'acharnent depuis quelques années sur la famille royale. François 1er, mort, est remplacé en 1547 par son fils Henri II, mais celui-ci meurt en 1559 des suites d'un tournoi. Il laisse une veuve, Catherine de Médicis, et trois fils. Le premier, François II, ne règne que très peu de temps, avant de mourir et de laisser la place à son frère cadet, Charles IX, en 1560. C'est lui qui est au pouvoir en 1572, année de la Saint Barthélémy.
Une certaine tradition historique veut que l'on accable la reine-mère, Catherine de Médicis, de la responsabilité du massacre. Il est exact que c'est elle la véritable maîtresse du royaume ; tour à tour, ses trois fils (y compris le dernier à régner : Henri III) ne sont que des êtres faibles et sans envergure. Pourtant cette accusation est sans doute sommaire, si l'on veut bien considérer l'étau politico-idéologique dans lequel le royaume de France est pris. Le parti des catholiques, conduit par les ducs de Guise, prêche pour une alliance avec le très catholique roi d'Espagne Philippe II, tandis que l'amiral de Coligny, chef des protestants milite pour une alliance avec Elisabeth, reine d'Angleterre.

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Gaspard de Coligny

Et tous deux sont également puissants. Et tous deux sont soutenus par une fraction très importante de la population ! Il est certain que se laisser entraîner dans l'une ou l'autre des deux voies conduisait inéluctablement au conflit envers l'autre moitié du pays. Le choix de Catherine fut de louvoyer entre les deux pour éviter la guerre civile. Elle y parvint jusqu'au jour où, la tension devenue trop grande, elle proposa au roi de faire assassiner le chef de l'un des deux clans (l'amiral de Coligny) en espérant que ses partisans décapiteraient à leur tour, pour le venger, le clan adverse. Politique sournoise, politique de cour dont le but était de sauver la couronne posée sur la tête de son fils. Elle aboutit en fait au but exactement inverse de celui qu'elle poursuivait : le déchirement absolu du pays.
Des milliers de morts : 2 000 pour Paris, de 8 à 10 000 pour le reste de la France, des années de troubles.
Le déchaînement d'horreur qui éclata à partir de l'assassinat de l'amiral de Coligny peut paraître aujourd'hui démesuré, incompréhensible, d'autant que pour la foule déchaînée la seule conviction religieuse en était le moteur, et non pas, comme pour les grands du royaume, un enjeu politique.
Mais, de nos jours, en d'autres endroits de la planète où les discours idéologiques et religieux se confondent, n'existe-t-il pas de semblables fanatismes de masse ?

La Petite lucarne : le chemin des écoliers télé CNDP école élémentaire Centre national de documentation pédagogique (France). Auteur du texte

Tavannés fit venir en présence du roi les prévôts des marchands, Jean Charron et Etienne Marcel son prédécesseur, qui avaient grand crédit auprès du peuple. Il leur donna l'ordre de faire armer les compagnies bourgeoises, et de les tenir prêtes pour minuit à l'hôtel de ville. Ils promirent d'obéir. Mais, quand ou leur dit le but de l'armement, ils tremblèrent et commencèrent à s'excuser sur leur conscience. Tavannés les menaça de l'indignation du roi, et il tâchait même d'exciter contre eux le monarque, trop indifférent à son gré. «Les pauvres diables ne pouvant pas faire autre chose, répondirent alors : « Hé le prenez-vous là, sire, et vous, monsieur ? Nous vous jurons que vous en aurez nouvelles ; car nous y mènerons si bien les mains à tort à travers, qu'il en sera mémoire à jamais. Voilà, ajoute Brantôme, comme une résolution prise par force a plus de violence qu'une autre, et comme il ne fait pas bon acharner un peuple ; car il y est après plus âpre qu'on ne veut. » Ils reçurent ensuite les instructions à savoir, que le signal serait donné par la cloche de l'horloge du Palais ; qu'on mettrait des flambeaux aux fenêtres ; que les chaînes seraient tendues ; qu'ils établiraient des corps de garde dans toutes les places et carrefours, et que, pour se reconnaître, ils porteraient un linge au bras gauche et une croix blanche au chapeau. Tout s'arrange, selon ces dispositions, dans un affreux silence. Le roi, craignant de faire manquer l'entreprise par trop de pitié, n'ose sauver le comte de la Rochefoucauld, qu'il aimait

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Scène du massacre de la Saint-Barthélémy - Alexandre-Évariste Fragonard -1836

Triste et morne, le roi attend avec une secrète horreur l'heure fixée pour Le massacre. Sa mère le rassure et l'encourage. Il se laisse arracher l'ordre pour le signal, sort de son appartement, entre dans un cabinet tenant à la porte du Louvre, et regarde dehors avec inquiétude. Un coup de pistolet se fait entendre... Le vindicatif Guise avait à peine attendu le signal pour se rendre chez l'amiral. Au nom du roi, les portes sont ouvertes, et celui qui en avait rendu les clefs est poignardé sur le champ. Les Suisses de la garde navarroise, surpris, fuient et se cachent. Trois colonels des troupes françaises, accompagnés de Pétrucci, Siennois et de Béme, Allemand; escortés de soldats, montent précipitamment l'escalier, et fonçant dans la chambre de Coligny : À mort ! s'écrient-ils tous ensemble d'une voix terrible. Au bruit qui se faisait dans sa maison, l'amiral avait jugé d'abord qu'on en voulait à sa vie : il s'était levé, et, appuyé contre la muraille, il faisait ses prières. Béme l'aperçoit le premier. « Est-ce toi qui es Coligny? » lui dit-il. « C'est moi-même, répond celui-ci d'un air tranquille. Jeune homme, respecte mes cheveux blancs. » Béme lui enfonce son épée dans le corps, la retire toute fumante, et lui coupe le visage : mille coups suivent le premier. L'amiral tombe nageant dans son sang. «C'en est fait l'» s'écrie Béme par la fenêtre. « M. d'Angoulême ne le veut pas croire, répond Guise, qu'il ne le voie à ses pieds. » On précipite le cadavre. Le duc d'Angoulême essuie lui-même le visage pour le reconnaître, et on dit qu'il s'oublia jusqu'à le fouler aux pieds. Aux cris, aux hurlements, au vacarme épouvantable qui se fit entendre de tous côtés, sitôt que la cloche du palais sonna, les calvinistes sortent de leurs maisons, à demi nus, encore endormis et sans armes. Ceux qui veulent gagner la maison de l'amiral sont massacrés par les compagnies des gardes, postées devant sa porte. Veulent-ils se réfugier dans le Louvre, la garde les repousse à coups de pique et d'arquebuse ; en fuyant ils tombent dans les troupes du duc de Guise et dans les patrouilles bourgeoises, qui en font un horrible carnage. Des rues on passe dans les maisons, dont on enfonce les portes, tout ce qui s'y trouve, sans distinction d'âge ni de sexe, est massacré ; l'air retentit des cris aigus des assassins et des plaintes douloureuses des mourants.

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Un huguenot, le jour de la Saint-Barthélemy, qui refuse de se protéger du danger en portant le signe catholique - John Everett Millais - 1852

Le jour vient éclairer la scène affreuse de cette sanglante tragédie. « Les corps détranchés tombaient des fenêtres ; les portes cochères étaient bouchées de corps achevés ou languissants, et les rues, de cadavres qu'on trainait sur le pavé à la rivière. » Ce qui se passait au Louvre ne démentait pas les fureurs de la ville... Les gardes, ayant formé deux haies, tuaient à coups de hallebarde les malheureux qu'on amenait désarmés, et qu'on pressait au milieu d'eux, où ils expiraient les uns sur les autres, entassés par monceaux. La plupart se laissaient percer sans rien dire; d'autres attestaient la foi publique et la parole sacrée du roi. « Grand Dieu ! s'écriaient-ils, prenez la défense des opprimés. Juste Juge, vengez celte perfidie... » Des enfants de dix ans tuèrent des enfants au maillot ; et on vit des femmes de la cour parcourir effrontément de leurs yeux les cadavres nus des hommes de leur connaissance, cherchant matière à des observations licencieuses, qui les faisaient éclater de rire. Le fougueux Charles, une fois livré à son caractère impétueux, ne connut plus de bornes. On l'accuse d'avoir tiré lui-même sur les malheureux calvinistes qui fuyaient.
Ce tableau, emprunté à Anquetil (Esp. de la Ligue), est plein de vérité et de force. Mezeray peut servir à le compléter, « Pour faire en petit l'histoire de cet horrible massacre, dit-il, il dura sept jours entiers : les trois premiers, savoir : depuis le dimanche, jour de St-Barthélemy, jusqu'au mardi, dans sa grande force; les quatre autres, jusqu'au dimanche suivant, avec un peu plus de ralentissement. Durant ce temps, il fut tué près de 5,000 personnes, de diverses sortes de morts, et plusieurs de plus d'une sorte, entre autres 5 à 600 gentilshommes. On n'épargna ni les vieillards, ni les enfants, ni les femmes grosses ; les uns furent poignardés, les autres tués à coups d'épée, de hallebarde, d'arquebuse ou de pistolet, quelques-uns précipités par les fenêtres, plusieurs traînés dans l'eau.



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