Le département des Hautes Alpes, frontalier avec
l'Italie, est un pays de haute montagne avec également un grand nombre
de stations de sports d'Hivers. Outre son attrait pendant la période
hivernale, il offre également au tourisme estival des lieux de grandes
randonnées et de belles promenades dans le massif des Écrins où l'altitude
des sommets dépasse allègrement la barre des 3000 mètres avec comme
points culminants la pointe Puiseux à 3946 mètres et la pointe Durant
à 3932 mètres. Ces deux sommets portent le nom des premiers alpinistes
qui sont parvenus au sommet : Puiseux le 9 aout 1848 et Durant le 30
juillet 1828. Le département des Hautes-Alpes est formé d'une partie
de l'ancienne province du Dauphiné et tire son nom de la position physique
des montagnes des Alpes. Il est borné, au nord et à l'est, par le Piémont
au sud, par le département des Basses-Alpes à l'ouest, par celui de
la Drôme, et au nord-ouest, par celui de l'Isère. Ce département est
entièrement couvert de montagnes qui s'y élèvent par degrés du sud au
nord, depuis le département des Basses-Alpes et depuis ceux de la Drôme
et de l'Isère, jusqu'à de ces montagnes est de 2,800 mètres, les points
les plus élevés sont le mont Viso et le mont Pelvoux de Vallouise. Plusieurs
sommités des Hautes-Alpes sont chargés de glaciers que la neige couvre
pendant six a huit mois de l'année (les principaux sont ceux du Pelvoux,
de la Grave, du Lautaret, du Casset et des Arcines); les vallées de
la Guisane ou du Monestier peuvent le disputer en beautés admirables
à celles de la Suisse.
Les intervalles des montagnes se divisent
en cinq bassins principaux, traversés par autant de rivières ou torrents:
ce sont les bassins de la Durance, du Guil, du Buech, de l'Aigues et
du Drac. A chacun de ces bassins viennent aboutir un assez grand nombre
de vallées, pour la plupart très profondes est arrosées par des torrents
qui sillonnent les flancs des montagnes traversent le département en
tous sens, et semblent se multiplier depuis quelques années d'une manière
effrayante. Au moindre orage ils grossissent considérablement et, pour
peu que la pluie dure, ils grondent comme la foudre, entraînent avec
fracas des rochers énormes, renversent tout ce qu'ils rencontrent, et,
sortant souvent de leurs lits, déjà trop étendus, ils menacent les habitations,
les villages, couvrent les environs de ruines et de débris. Dans l'été,
et pendant les sécheresses les eaux des torrents n'occupent qu'une partie
de leurs lits; on a creusé beaucoup de canaux d'irrigation, par lesquels
leurs eaux sont rendus utiles à l'agriculture.
Les habitants des Hautes-Alpes sont bons,
actifs et laborieux ; patients dans les travaux, durs à la fatigue.
L'âpreté du climat où ils vivent rend leurs manières rudes; néanmoins
ils ont de l'intelligence de l'esprit et le goût de l'étude. Leurs
mœurs sont austères et pures. Dans les transactions la promesse
vaut un contrat aux champs de foires, si l'acheteur frappe dans
la main du vendeur, et que celui-ci serre fortement la sienne, l'offre
la plus brillante ne pourrait les porter à contracter avec d'autres.
Leur vie sévère les dispose à la charité dans l'arrondissement de
Briançon où le pauvre même a horreur de la mendicité où durant tout
le XVIIIe siècle il n'y a pas eu un seul attentat à la vie des hommes
les veuves est les orphelins ont le droit de faire faucher leurs
prairies trois jours avant tous les autres ; ils ne doivent que
la nourriture aux ouvriers qu'ils emploient pour leurs travaux champêtres.
Dans le cas où ils ont à réparer ou à construire leurs maisons,
les autres habitants font gratuitement le transport des matériaux
nécessaires.
Dans l'arrondissement d’Embrun, si un père de famille,
privé de ses enfants, est empêché de faire lui-même sa récolte,
le maire et le curé annoncent sa position le dimanche après les
offices, tous les habitants du village, hommes, femmes, enfants,
vont faire la moisson pour lui, rapportent ses pailles et ses grains
qu'ils mettent à l'abri dans son grenier.
Dans le Dévolu canton
si sauvage qu'un juge de paix dit n'y avoir entendu le rossignol
qu'une seule fois en quarante-trois ans, quand les familles se composent
d'orphelins, les garçons laissent à leurs sœurs le patrimoine paternel,
afin qu'elles puissent trouver un mari, et vont ailleurs chercher
fortune. Il est d'usage général, dès qu'un enfant a un an, d'acheter
pour lui une agnelle qu'on place à moitié chez un fermier; cette
agnelle devient brebis et a des agneaux on vend les mâles et on
garde les femelles et, en faisant de même tous les ans, l'enfant
se trouve à seize ans propriétaire d'un troupeau qui peut lui servir
de dot.
La vallée de Queyraz renferme cinq communes, dont la
population réunie s'élève à environ 3 000 habitants, et qui forme
entre elles une espèce de petite république dont les maires sont
les chefs naturels. Ceux-ci jouissent d'une autorité presque sans
bornes ils répartissent les impôts sans contrôle, taxent à volonté,
d'après le rôle des contributions, les chefs de famille qui payent
sans réclamations la somme fixée ils jugent souverainement les querelles;
terminent les contestations particulières et prononcent des sentences
auxquelles les habitants de la vallée se soumettent avec confiance
préférant l'équité paternelle de leurs maires à la justice coûteuse
des tribunaux. Les habitants des communes rurales des Hautes-Alpes
passent l'hiver dans les étables, hommes, femmes, enfants. Là, tandis
que les cadets de famille vont chercher fortune sous des climats
plus doux, les parents fabriquent des étoffes grossières et les
fils aînés, tantôt les aident, tantôt apprennent aux enfants à lire,
écrire et compter. Pour trouver quelque désir d'apprendre, et même
une certaine instruction réelle, il faut remonter dans le Briançonnais,
pénétrer dans des vallées profondes et étroites séquestrés en quelque
sorte de la société par d'horribles précipices, que l'homme le plus
intrépide ne franchit pas sans effroi. C'est la que l'on sent tout
le prix de l'instruction, que tous, sans exception, y consacrent
leur jeunesse ; il est rare qu'un enfant n'y sache pas lire, écrire
et compter; mais c'est la suite d'un usage antique et de l'impérieuse
nécessité. Le sol ingrat et resserré de ces vallées ne pourrait
en nourrir tous les habitants d'ailleurs, le défaut d'ateliers,
de manufactures, les laisserait oisifs pendant l'hiver, qui couvre
la terre de plusieurs pieds de neige ; de là cette émigration périodique
et, comme il est indispensable de s'utiliser dans les pays où on
émigré tous ceux qui ne connaissent pas d'arts mécaniques s'adonnent
à lire, à écrire, à l'étude de la grammaire française, même de la
langue latine, et ,à l'approche de la saison rigoureuse, ils vont
peupler d'instituteurs l'ancienne Provence, et en général les pays
méridionaux. C'est même une chose curieuse que de voir, dans les
foires considérables de l'automne, ces instituteurs couverts d'habits
grossiers, se promener dans la foule et au milieu des bestiaux de
toute espèce, ayant sur leur chapeau une plume qui indique et leur
état et leur volonté de se louer pour l'hiver, moyennant un prix
convenu. Ces bonnes gens donnent de nombreuses leçons pendant tout
le cours de la journée dans les intervalles ils rendent à peu près
autant de services que des domestiques à gages, et on est surpris
du léger salaire qu'ils demandent pour tant de peines. A la fonte
des neiges ils reviennent dans leur pays natal et travaillent à
la terre pendant toute la belle saison: il est peu d'hommes qui
utilisent autant leur existence, et qui soient plus respectables
aux yeux de la société.
Dans chaque village du Queyraz, il y
a un ou plusieurs instituteurs salariés par la commune, qui vont
donner des leçons dans les familles passant huit jours dans chaque
maison, où ils sont nourris par les familles qui les emploient.
Les montagnes donnent au sol un aspect très varié,
leurs flancs, exposés au sud, crevassés par les siècles, sont presque
nus et arides vers le nord, au contraire, ils sont garnis de forêts
jusqu'au point où cesse toute végétation. Les collines, qui forment
comme le premier échelon de ces masses énormes, sont moins âpres et
moins nues les unes sont couronnées par des bois taillis, d'autres par
des pâturages. Vers le milieu du printemps, lorsque le soleil, élevé
sur l'horizon a fondu les neiges les montagnes se couvrent du plus beau
gazon, des fleurs les plus odorantes c'est alors qu'on voit les troupeaux
sortir du fond des vallées, quitter leurs étables infectes et obscures,
couvrir progressivement les côtes, depuis la base jusqu'aux sommets
les plus élevés; c'est là qu'au milieu d'une végétation riche et d'herbes
succulentes ils respirent toujours un air frais, pendant les brûlantes
ardeurs de l'été. Au milieu des prairies qui s'étendent jusqu'aux lieux
où cesse toute végétation, apparaissent des cabanes de bergers, des
laiteries, des chalets plus ou moins rapprochés, des villages entiers
qu'on n'habite qu'en été. Sur le penchant des montagnes sont des chaumières
où les bergères traient les vaches, les brebis et les chèvres, après
le lever de l'étoile du soir, et avant que celle du matin disparaisse
elles vaquent tout le jour à d'autres travaux, leur fraîcheur, leur
franche gaieté feraient envie aux femmes de nos grandes villes. A la
mi-octobre, quand les premières neiges les chassent de cet heureux séjour,
on voit descendre d'immenses troupeaux de moutons avec d'épaisses toisons
blanchies par la rosée, chargés de graisse et d'embonpoint ayant ainsi
doublé leur valeur, suivent en suite les bêtes à cornes, puis les ânes
chargés des fromages fabriqués dans les montagnes, des ustensiles des
effets et des enfants trop jeunes pour supporter la fatigue de la marche.
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie : 730
836 ha
Population: 343 046 hab.(2009)
Dénsité :47 hab./km²
Nb de communes : 177
Le territoire du département
des Hautes-Alpes dut, dans l'origine, être occupé par
des émigrations successives des peuplades qui occupaient
les contrées voisines, et qu'une surabondance de population
et les chances contraires de la guerre chassaient de
leur pays natal.
Quoi qu'il en soit, avant la conquête
romaine, on y comptait quatre peuplades les Ségusiani,
dans le pays de Suse; les Caturiges, au sommet des Alpes;
les Brigantini, dans le territoire appelé depuis le
Briançonnais, et les Tricorii, au nord-est des Caturiges.
Presque tous alliés ou dépendants des Voconces, ces
peuples avaient chacun leur cité les Segicsiani Segusio
(Suse); les Caturiges, Catrigœ (Chorges); les Brigantini,Brigantium
(Briançon); les Tricorii, Vapincum (Gap); mais les plus
puissants et les plus célèbres étaient les Caturiges,
dont le nom signifie, suivant les uns, Montagnards,
selon d'autres, bons guerriers. Pline les fait descendre
des Caturigenses, ancien peuple d'Italie qui habitait
la partie du Milanais située au pied des Alpes Ayant
été chassés de leur pays, ils se retirèrent dans la
contrée connue aujourd'hui sous le nom de l'Embrunais
et du Gapençais. C'est par là qu'Annibal passa quand
il se rendit en Italie.
Après avoir traversé la
Durance au-dessus, croit-on, de l'Ubaye, il gravit avec
son armée la cime des Alpes. « Lorsque l'œil put
voir de près la hauteur des monts, dit Tite-Live, les
neiges qui semblaient se confondre avec les cieux, les
huttes grossières suspendues aux pointes des rochers,
les chevaux, le bétail paralysés par le froid, les hommes
sauvages et hideux, les êtres vivants et la nature inanimée
presque engourdie par la glace, cette scène d'horreur,
plus affreuse encore à contempler qu'à décrire, renouvela
la terreur des Carthaginois.» Annibal eut à combattre
les Caturiges ce qui ne les empêcha point, dans la suite,
de le servir contre les Romains.
Après avoir pris part aux guerres
puniques, ils s'unirent aux Allobroges et suivirent
leur fortune dans la guerre de l'indépendance; mais,
quand les Allobroges embrassèrent le parti de Sertorius,
les montagnards des Alpes s'abstinrent, et douze de
leurs cités furent déclarées villes municipes.
Cependant
ils s'opposèrent au passage de César lorsque ce conquérant
traversa le mont Genèvre pour aller réduire les Helvètes.
Du temps d'Auguste, ces peuples obéissaient à un prince
nommé Cottius, et Suse était leur capitale. Il y avait
dans cette ville un arc de triomphe sur lequel on voyait
inscrits les noms des quatorze peuples dont Cottius
s'était fait un petit royaume. Il est le premier qui
ait cherché à tracer un chemin régulier, la route du
Mont-Genèvre à travers les Alpes ; la postérité s'en
est montrée reconnaissante en donnant à cette partie
des Alpes le nom d'Alpes Cottiennes.
Ce prince fit
alliance avec Auguste, qui lui laissa ses possessions;
mais, après sa mort et celle de son fils, elles passèrent
à l'empire. Jusqu'au règne de Constantin, les villes
municipes cottiennes jouirent de certaines franchises.
Constantin les soumit au tribut comme le reste de la
Gaule. Taxés et ruinés par l'avarice des préteurs, outre
le capage ou droit de vivre et la scriptura ou droit
de parquerabe, les habitants payaient aux Romains la
vingtième partie des legs et successions, le vingt-cinquième
du prix des esclaves et le centième de toutes les marchandises
vendues.
Avec la liberté, ils perdirent le sentiment
national. Vainement Vindex et Civilis les appelèrent
aux armes pour la délivrance commune leur voix fut sans
écho dans ce pays dégénéré, tant il est vrai que la
misère est l'éternelle compagne de la servitude!
Quand les barbares se ruèrent
sur l'empire, c'est par là qu'ils se dirigèrent vers
Rome. Sarmates, Alains, Huns, Gépides, Hérules, Saxons,
Vandales y laissèrent tour à tour des traces de leur
passage ; mais les Bourguignons et' les Wisigoths s'y
fixèrent. Puis vinrent les Francs et les Lombards. Battus
par le patrice Mummol, ceux-ci se retirèrent, laissant
les Francs seuls maitres du pays.
Déjà saint Marcellin
y avait prêché l'Évangile, mais son esprit ne demeura
pas longtemps avec ses successeurs. Au VIème
siècle, les évêques des Hautes-Alpes avaient pris les
mœurs barbares ; deux, entre autres, Solonius et Sagittarius,
son frère le premier gouvernait l'Église d'Embrun, le
second celle de Gap, tous deux chargés de crimes, maudits
du peuple, exacteurs, tyrans, meurtriers et adultères.
Un jour, ils attaquèrent à main armée Victor, évêque
de Saint-Paul -Trois-Châteaux. Au milieu d'une fête,
ils envahirent sa maison et frappèrent ses serviteurs.
Après le meurtre, le pillage. Déposés par un synode
assemblé à Lyon, ils en appelèrent au pape, qui les
l'établit. Alors, se croyant tout permis, ils s'abandonnèrent
toute la fureur de leurs passions. Il fallut les emprisonner
; mais la peur les fit relâcher. Il n'était pas prudent,
croyait-on, de toucher aux oints du Seigneur. À peine
sortis de prison, de pécheurs ils se métamorphosèrent
en dévots. Repentants et contrits, on les voyait sans
cesse jeuner et prier ; mais cela ne dura pas, et ils
retournèrent, comme dit l'Apôtre, à leurs vomissements.
Ils passaient la nuit dans les orgies. Pendant que les
clercs chantaient matines dans l'église, ils faisaient
des libations et sacrifiaient aux plaisirs. Le jour
les trouvait encore à boire. Alors, se couvrant de vêtements
moelleux, ils s'endormaient, plongés dans l'ivresse,
et ne se levaient que pour se remettre à table. Telle
était la vie que menaient ces deux évêques. Déposés
de nouveau par un concile de Chalon-sur-Saône, en 579,
ils furent enfermés; mais ils parvinrent à s'échapper.
Solonius finit obscurément ses jours. Pour Sabittarius,
comme il s'enfuyait, caché sous un froc de moine, il
fut pris et mis à mort.
Au commencement du Xème
siècle, les Sarrasins parurent dans les vallées des
Alpes, pillant les abbayes et dévastant les églises.
Nombre de chrétiens qui s'étaient réfugiés près d'Oulx
y furent massacrés par les infidèles ; ce qui valut
à ce lieu le nom de plebs martyrum; peuple de
martyrs. Après un long séjour dans ce pays, les Sarrasins
en furent chassés. Montmaur, le torrent du Sarrasin,
la montagne de Puy-de-Maure, la tour de Moron, Villars-Mourin
et plusieurs autres lieux du Champsaur, où ils étaient
connus sous le nom de Barbarins, ont conservé des restes
de leur passages. Tel est le souvenir qu'ils ont laissé,
que les mères menacent du retour des Barbarins leurs
enfants qui ne sont pas sages.
Au siècle suivant,
nous voyons ce pays en proie à l'anarchie féodale. Comme
dans le reste du Dauphiné, le second royaume de Bourgogne
y laisse debout, en tombant, une foule de petits souverains
ecclésiastiques ou laïques. Déjà riches des dépouilles
des Sarrasins, ils se disputent à main armée l'héritage
de Boson. Vainement l'empereur Conrad essaye de les
ramener à l'obéissance ; il est obligé de légitimer
leurs usurpations. Alors le pays des Hautes-Alpes se
trouva divisé en trois petits États indépendants le
Briançonnais, L’Embrunais et le Gapençais, ayant chacun
ses souverains et sa capitale.
Situé dans les Alpes
Cottiennes, le Briançonnais, après avoir fait longtemps
partie du marquisat de Suse, obéissait aux comtes d'Albon.
Il avait pour chef-lieu l'antique cité des Brigantini,
Briançon. Au midi du Briançonnais, dans le pays des
Caturiges, était l'Embrunais, qui, successivement possédé
par les Romains, les Francs et les Bourguignons, reconnut
pour maîtres, d'abord les comtes de Forcalquier, puis
les archevêques d'Embrun, à qui l'empereur Conrad le
céda en 1020, sa ville principale était Embrun. À l'occident
de l'Embrunais s'étendait le pays de Gap, soumis tour
à tour aux comtes de Provence, aux comtes de Toulouse
et aux comtes de Forcalquier. Dans la suite, ces divers
pays passèrent aux dauphins de Viennois. Cependant,
libres du joug de la conquête et rendus à leur première
énergie, les montagnards des Alpes avaient jusque-là
vécu dans une sorte d'indépendance. Ils conservèrent,
sous les dauphins, leurs lois et leurs libertés particulières
ils ne reconnaissaient l'autorité de leurs princes qu'à
la condition qu'ils seraient maintenus dans leurs anciens
droits et privilèges, sans qu'il y fût rien changé.
Humbert II leur conféra la qualité
de francs (libres) et les exempta des contributions
et des servitudes féodales. Il octroya, en outre, aux
communes du Briançonnais, le droit de s'assembler pour
leurs affaires générales et particulières. Dans ces
conseils, on s'occupait de la répartition des impôts
; on y traitait de la paix et de la guerre, et l'on
y veillait aux subsistances. A la réquisition du bailli,
tous les habitants devaient prendre les armes pour le
dauphin. Hors du pays, ils n'étaient tenus que de 500
hommes, moitié armés d'arcs et de flèches, moitié de
lances avec pennons tous équipés de pourpoints, d'épées,
etc. Le prince payait la solde, qui était d'un gros
tournois par jour. Les villes de Gap et d'Embrun devaient
chacune 100 fantassins ; Chorges levait 50 cavaliers
; Savines n'était obligée qu'à 5 hommes d'armes, 3 chevaux
et 2 roussins. Tel était, en temps de guerre, le contingent
de la plupart des communes des Hautes-Alpes au Moyen-Âge.
Sous le règne paternel de Humbert II, le Briançonnais
jouit d'une paix profonde. Ce prince fonda en 1340,
sur le mont Genèvre, dans la combe de Malaval, des maisons
hospitalières, et des greniers d'abondance dans plusieurs
communes. Chaque vallée avait des archives centrales
; les comptes annuels des deniers communaux s'affichaient
à la porte de l'église et se discutaient par les habitants
au sortir de la messe: Il y avait des lois sévères contre
l'usure.
Heureux pays, si les guerres de religion
n'étaient pas venues l'agiter et le diviser ! Née dans
ses montagnes, la secte des Vaudois y avait fait de
grands progrès. Ils menaient la vie des pasteurs, cultivant
les champs et élevant des troupeaux. Leurs docteurs
s'appelaient barbes, nom qui, dans la langue du pays,
signifie oncles. Simples, sobres et chastes comme les
prêtres de l'ancienne Église, ces barbes visitaient
les chaumières, prêchant la paix et la charité. «
Dio t'absolve et te pardonne, disaient-ils à leurs pénitents,
comme il pardonna à Maria-Madalina »
Chaque jour, malgré les menaces de l'archevêque, le nombre des hérétiques croissait et leur doctrine se propageait. Alors l'inquisition avisa : elle chargea Borelly de leur faire leur procès. Celui-ci, secondé par le vice bailli du Briançonnais, ne remplit que trop bien son office. Nombre de Vaudois furent pris. Ceux qui se convertirent devaient porter deux croix de drap jaune, l'une sur la poitrine et l'autre entre les épaules. Pour les hérétiques obstinés, c'était l'affaire du bourreau. Dans la seule année 1397, il en périt deux cent trente sur les bûchers. Sous prétexte d'hérésie, la persécution frappa même des catholiques. Souvent on condamnait au feu sans formalité de justice. Des moines mendiants, se disant inquisiteurs de la foi, vexaient, torturaient et pillaient les habitants qui leur paraissaient suspects. C'était un véritable brigandage, et l'on s'en plaignit au roi Louis XI, qui, tout dévot qu'il était, y mit bon ordre par lettres patentes du 18 mai 1478. «De la part des manants et habitants de la Valloyse, Fraissinières, Argentière et autres lieux, tous tels qu'ils se tiennent et comportent, nous a été exposé qu'aucuns religieux mendiants, sous ombre d'office d'inquisiteurs de la foy, les aucuns ont mis en gehenne et question sans information précédente, ont pris et exigé fortes sommes et deniers, et par divers moyens les ont injustement vexés et surveillés à leur grand préjudice et dommage. Pourquoy avons, après bonne délibération, de notre certaine science, gré spécial, pleine puissance, et de notre autorité delphinale et royale, mis et mettons à néant, par ces présentes, toutes poursuites et entreprises quelconques. »
Cependant l'inquisition passa
outre, et les Vaudois ne cessèrent pas d'être persécutés.
Ceux de la Vallouise se retirèrent, en1485, à l'Aile-Froide,
caverne située sur les flancs du Pelvoux. Ils étaient
pourvus d'armes et de vivres pour deux ans. Ou prêcha
la croisade les catholiques s'armèrent, et, bénis par
le nonce, ils marchèrent, après la messe, à l'attaque
des Vaudois. Le comte de Véras les commandait. Ils avaient,
en outre, comme auxiliaires, une compagnie de cinquante
à soixante soldats. Aux sommations qui leur furent faites,
les Vaudois répondirent en faisant rouler sur les assaillants
des quartiers de roc qui en blessèrent plusieurs. Après
huit jours de siège, des Vallouisiens étant parvenus,
à l'aide d'un long câble, à escalader la montagne qui
domine la caverne, y pénétrèrent sur le derrière de
la Baume et y mirent le feu, afin d'étouffer les proscrits
par la fumée. Ceux qui voulurent s'échapper furent massacrés
ou se précipitèrent du haut des rochers, pour ne pas
tomber vivants entre les mains de leurs ennemis. Vieillards,
femmes, enfants, rien ne fut épargné. Il en périt, dit-on,
plus de trois mille. D'où le nom de Baume des Vaudois
resté à ces lieux funestes. Ainsi frappée et dépeuplée,
la Vallouise ne fut plus qu'un désert. Proscrits, dépouillés
de leurs biens, les malheureux Vaudois étaient condamnés
à errer, comme si Dieu leur eût mis sur le front le
signe maudit ! Cependant, en 1498, ils se rendirent
à Paris, au sacre de Louis XII, pour solliciter de ce
prince la rentrée en possession de leurs biens. Le roi
entendit leurs plaintes et compatit à leurs maux. «
Ils sont meilleurs chrétiens que nous, » disait-il ;
et il chargea Burelli, son confesseur, de prononcer
sur l'interdit, qui fut levé solennellement, en 1500.
Bien que tardif, cet acte de justice rendit la vie à
ce canton « auquel, dit un historien des Hautes-Alpes,
la reconnaissance publique confirma le nom de Vallouise,
qu'il avait reçu de Louis XI, et qu'il porte encore.
»
Aux Vaudois succédèrent les calvinistes. C'est
de la vallée de Champsaur que partit le signal du mouvement
protestant dans les Hautes-Alpes. Jusque là paisible,
la bourgeoisie y prit parti pour les idées nouvelles.
Après avoir donné le jour à Lesdiguières, Saint-Bonnet
devint la Genève de cette partie du Dauphiné. D'autres
communes, telles que Bénévent, Lamotte, Saint-Laurent,
Lafare, Saint-Julien, suivirent son exemple. Bientôt
la guerre éclata partout avec fureur. Ce n'étaient que
villes prises et reprises, bourgs réduits en cendres,
églises pillées et saccagées, prêtres fugitifs et demandant
l'aumône. À l'entrée de la Vallouise, les catholiques,
en 1587, avaient élevé une muraille flanquée de tours.
Cette muraille arrêta Lesdiguières pendant deux ans.
À la fin, maitre du pays, Lesdiguières s'y fortifia
et le gouverna sous le nom de roi des montagnes.
Après tant de vicissitudes, ces vallées! semblaient
renaitre à la vie, quand la révocation de l'édit de
Nantes vint leur porter un nouveau coup. Plusieurs communes,
réduites au tiers de leur population, y virent périr
leur industrie.
Sur la fin du règne de Louis
XIV, quand l'étranger envahit de toutes parts notre
territoire, les Hautes- Alpes furent occupées par le
duc de Savoie. Après avoir brûlé Gap, Chorges et plusieurs
places fortes, l'ennemi allait dévastant et rançonnant
les villages, ravageant les campagnes et enlevant les
troupeaux. Catinat le força à la retraite. On montre
encore dans le Champsaur la fontaine où, sans descendre
de cheval, ce grand capitaine se fit donner à boire
dans l'aile de son chapeau. Comme le reste du Dauphiné,
cette contrée paya son tribut aux fléaux qui ravagèrent
la France au moyen âge.
Vers 1516, la vallée du
Champsaur fut dépeuplée par ce qu'on appelait le Mal
Noir. On dit qu'à Villars-Mouren une femme y survécut
seule aux habitants. On n'y voyait que maisons désertes
ou abandonnées. Aujourd'hui encore, les ruines de ces
habitations pestiférées, couvertes de broussailles,
attestent, après tant de siècles, l'effroi qui s'attache
à ce souvenir. Dans le Champsaur, on dit d'un homme
qui en hait un autre à la mort li voua lou maou nier
(il lui souhaite le mal noir). Plus tard vint la famine
avec tous les maux qui l'accompagnent les habitants
étaient réduits à faire du pain avec les fruits du cynorhodon
mêlés avec la farine des semences âcres de la renoncule
et de la caucalide, qui avaient pris, dans les champs,
à la place des moissons. Après le mal noir et la famine,
la peste. De 1531 à 1720, ce dernier fléau visita trois
fois les vallées des Hautes-Alpes. On se cachait dans
les cavernes. Beaucoup mouraient au bord des fontaines,
pris d'une soif inextinguible, Une source de la commune
de La Fare en a gardé le nom de fontaine de la peste.
Ainsi que la Drome et l'Isère, le département des Hautes-Alpes
prit une part active à la Révolution. Pendant que ses
bataillons de volontaires se signalaient dans les guerres
de la République, il sauva la vie à plus d'un proscrit
qui vint chercher un asile dans ses montagnes. Napoléon,
revenant de l'ile d'Elbe, traversa ce département. C'est
là, disait-il, qu'il avait reconnu le sol français.
Il s'avançait, monté sur un petit cheval blanc, vêtu
de la redingote grise et portant le petit chapeau. Les
paysans allumaient des feux de joie sur son passage.
Au bataillon de l'ile d'Elbe s'était jointe une caravane
grotesquement équipée, Napoléon ne pouvait s'empêcher
d'en rire. Les officiers supérieurs cheminaient lentement,
hissés, comme le chevalier de la Manche, sur de tristes
rosses ou sur des mulets rétifs enlevés aux travaux
des champs. « La caravane, dit un témoin oculaire,
allait pêle-mêle avec une gaieté folle. Quelques lanciers
polonais, talonnant leurs chétives montures, ouvraient
et fermaient la marche, suivis à peu de distance par
les grenadiers dont les moustaches grisonnantes et le
teint noirci justifiaient l'épithète de vieux grognards.
Les habitants les arrêtaient à chaque pas et leur offraient
des rafraichissements. » Après Waterloo, l'autorité
supérieure crut devoir, pour éviter des malheurs, faire
ouvrir aux alliés les portes de Briançon, du Mont-Dauphin
et du château Queyras; mais ces places restèrent fermées
par le patriotisme des habitants.
Dans les longs et rigoureux hivers,
un grand nombre de communes du département des Hautes-
Alpes sont privées, par l'accumulation des neiges, de
toute communication entres elles ; les passages, les
sentiers, les grands chemins eux-mêmes sont obstrués
et deviennent impraticables. On a dû établir, dans les
principaux cols, pour porter quelque remède à ce fâcheux
état, des refuges destinés à servir d'abri momentané
aux voyageurs en détresse. Ces refuges, au nombre de
six, comprennent tous une salle commune, une chambre
à coucher et le logement du gardien et de sa famille.
« Ils s'élèvent, dit le Grand Dictionnaire Universel
du XIXe siècle (Supplément), sur le col d'Isoard, route
de Briançon au Queyras sur le col Lacroix, route de
Ristolas à Boby (Italie); sur le col du Noyer, route
de Saint-Bonnet à Saint-Étienne-en-Dévoluy; sur le col
de Manse, route de Gap à Orcières; sur le col de Vars,
route de Guillestre à Saint-Paul sur le col d'Agnel,
route de Malines à La Chauet (Italie). Ils ont été construits
au moyen des 500,000 francs pour lesquels le département
des Hautes-Alpes était inscrit dans le testament de
Napoléon 1er. »
Les habitants des Hautes-Alpes
sont actifs et laborieux, durs à la fatigue, intelligents,
de mœurs austères et probes leur vie sévère les dispose
à la charité ou plutôt ils comprennent d'instinct la
solidarité, car les plus pauvres mêmes ont horreur de
la mendicité. Les fêtes patronales sont nommées vogues
dans les Hautes-Alpes. C'est dans les communes de la
vallée du Champsaur que ces vogues ont conservé la physionomie
la plus originale. On plante un mai dans le champ destiné
à la danse on élit un directeur de la fête, qui, sous
le titre d'abbé, est le régulateur des plaisirs et le
maitre des cérémonies. Une canne, des rubans et de la
poudre sur les cheveux, tels sont les insignes de sa
dignité. Le jour de la fête, et de grand matin, l'abbé,
accompagné de quelques amis et du ménétrier, se rend
dans chaque maison où il y a des filles à marier ; avec
la permission des parents, il les invite à venir à la
danse chacune d'elles accepte en attachant un ruban
à la canne qu'il porte. Après avoir fini sa tournée,
il se rend au lieu du bal, où de joyeuses acclamations
saluent son arrivée. C'est lui qui fait commencer la
musique, règle les places, désigne les danseurs. Il
a un pouvoir dictatorial ; toute la jeunesse de sa commune
est prête, lorsqu'il lève sa canne, à se précipiter
contre les étrangers téméraires qui refuseraient d'exécuter
ses volontés. Les querelles étaient autrefois malheureusement
assez fréquentes, et souvent le lieu du bal se changeait
en une arène sanglante; mais des habitudes plus pacifiques
se sont introduites avec la civilisation dans le département
depuis une trentaine d'années. Parmi les danses usitées
dans le pays, il en est une qui rappelle les danses
provençales, de même que l'abbé de la vogue semble être
un pâle reflet de l'abbé de la jeunesse à Aix. C'est
une espèce de pyrrhique qui s'est conservée au Pont-de-Cervières,
hameau dépendant de Briançon, Les danseurs, au nombre
de neuf, onze ou treize, sont armés d'épées courtes
et sans pointe, comme celles des Allobroges. Ils décrivent
en dansant douze figures avec une gravité et une lenteur
bien différentes des mouvements précipités de la pyrrhique
grecque. On peut voir d'autres détails concernant cette
danse, les mœurs et usages des habitants des Hautes-Alpes
dans le bel ouvrage de Monsieur le baron de Ladoucette,
qui a été plusieurs fois réimprimé.
Ce département fut peuplé par un grand nombre de tributs tels que les Ségusiens, des Caturiges, des Ucenis, des Tricores et autres Voconces. La Durance y prend sa source avant d’aller s’accoupler avec le Rhône. Pays des grands cols des Alpes avec le Lautaret qui avec ses 2058 mètres, lieu de passage des Romains, sépare la vallée de la Romanche, affluent de l'Isère, à la vallée de la Guisane, un affluent de la Durance. Reliant la villes de Grenoble à Besançon, il est un axe important beaucoup plus accessible que son proche voisin le Galibier culminant à 2645 mètres qui lui sépare la vallée de la Maurienne en Savoie et la vallée du Briançonnais. Tous ces cols et bien d'autres sont l'éternel cauchemar des coureurs du Tour de France Cyclistes, d'ailleurs un monument dédié à Henri Desgranges, le fondateur du Tour, a été élevé au sommet du col.
Gap est l'ancienne Vapincum,
station sur la voie romaine allant de Briançon à Arles.
Ce fut le siège d'un évêché fondé au IVème
siècle par Saint Démétrius. Les évêques furent seigneurs
temporels de Gap avec le titre de comte, instaurant
ainsi un pouvoir ecclésiastique à côté du pouvoir civil.
Le pagus Vapicensis, c'est-à-dire le Gapençais, fut
rattaché au Dauphiné lorsque le dauphin Guigues VI épousa
en secondes noces Béatrice de Claustral, petite-fille
de Guillaume IV, comte de Forcalquier.
Les XVIème
siècle et XVIIème siècles sont des périodes
particulièrement sombres pour la ville. Les guerres
de religion sont meurtrières dans la région. Gap est
un fief catholique, alors que le Champsaur a basculé
dans la « religion prétendument réformée ». Après diverses
escarmouches, François de Bonne, chef des protestants,
décide d'attaquer Gap, pourtant protégée par 20 tours.
Dans la nuit du 3 janvier 1577, François Philibert,
dit « Cadet de Charance », lui ouvre la porte Saint-Arey,
et lui permet de pénétrer par surprise dans la ville.
Aux cris de «Tue! Tue !» ses hommes procèdent à une
véritable boucherie. De Bonne incendie la cathédrale,
pille les couvents, s'approprie les biens des habitants,
et s'édifie une orgueilleuse citadelle sur la colline
de Puymaure d'où il domine tout Gap. Revenu au catholicisme
en 1622, il abandonnera toute prétention sur la ville.
En 1692, les troupes du souverain piémontais Victor-Amédée
II, engagé dans la Ligue d'Augsbourg contre la France
de Louis XIV, prennent la ville, abandonnée par ses
habitants, le 29 août. Gap est pillée et incendiée :
sur les 953 maisons de la commune, 798 sont détruites.
La légende des Jouets
du Queyras:
Il était une fois, il y a très
longtemps… À cette époque, le Pays du Queyras
était si pauvre que le Père Noël ne s’y arrêtait
jamais.
Personne ne lui passait jamais commande
et son traîneau ne faisait que survoler la vallée.
Un soir de 24 décembre, en passant dans le ciel
Queyrassin, l’attelage a été secoué par le vent
montagnard et quelque chose est tombé de la
hotte du Père Noël.
Au matin, un paysan du
village d’Arvieux a trouvé dans la neige une
jolie petite figurine de bois peint, en forme
d’animal. L’histoire ne dit pas s’il s’agissait
d’un poussin ou d’une vache mais, c’était en
tout cas un fort joli jouet…
Pendant l’hiver
qui suivit, le paysan Queyrassin en a réalisé
d’autres, que son épouse a minutieusement décoré.
Et d’autres habitants en ont fait autant pour
que tous les enfants du Pays puissent eux aussi
avoir des jouets.
Le Queyras est une vallée
des Hautes Alpes perché à plus de 1600 mètres d’altitude
et dont les sommets environnants culminent à plus
de 3000 mètres avec comme point le plus haut le
Pic de Pics de la Font Sancte qui culmine à plus
de 3 385 mètres. C’est également un parc naturel
régional et également, au grand dan des éleveurs
de moutons, un territoire de chasse pour les grands
prédateurs tel que le loup.
C’est à 1 600 mètres
d’altitude, à la Chalp, que l’on vit naître, quelque
mois après la fin de la de la Grande Guerre de 14-18,
l’une des premières coopératives ouvrières : « l’Alpin
chez lui ».
En 1919, le pasteur Dupaquet, d’origine
suisse, inquiet de voir ses fidèles déserter une
montagne qui leur procurait de trop maigres moyens
d’existences imagina, pour les inciter à revenir,
de leur apprendre à découper, dans des planchettes
de pin, de petits objets. Hormis l’outillage mécanique
dont il eu vite besoin, et qu’il fallut se procurer
à l’autre bout des Alpes, il disposait sur place
d’un arsenal de moyens ; le bois de pin d’abord,
pin à crochets, ou pin cembro, très répandu dans
la région, et qui se prête fort bien au découpage
; des maisons abandonnées, où il était facile d’installer
un atelier, et surtout une main d’œuvre à la fois
disponible et qualifiée.
En effet, entre septembre
et mai, de la point de l’opinel, le fameux couteau
que tout alpin possède, les « gents d’en haut »
gravaient, au long des interminables journées, les
panneaux de ces commodes et bahuts qui meublent
encore certaines fermes.
Le pasteur Dupaquet
constitua une petite équipe de jeunes, qui se retrouvaient
à l’atelier dans une ambiance amicale, tandis qu’il
confiait des travaux à domicile comme la peinture,
la broderie, etc à des femmes d’ouvriers agricole.
Quelques années plus tard, un autre pasteur, qui
sortait de l’école des Beaux Arts, vint rejoindre
l’équipe et ce fut lui qui créa des modèles dont
plus de la moitié compose encore le fond de la collection
des « Jolis jouets du Queyras »
Gap est depuis 1790 le chef-lieu
des Hautes Alpes.
La création des routes royales
décidée par Colbert au XVIIIème siècle reliant
Marseille à Briançon puis à Grenoble a confirmé le rôle
de carrefour de Gap qui deviendra le chef-lieu du département
en 1790.
Le préfet Ladoucette, nommé en 1802 a favorisé
la construction des routes vers Valence par le col de
Cabre et vers l'Italie par le col de Montgenèvre. Il
a aussi contribué a la nouvelle configuration de la
ville en lançant le projet de redressement des rues
moyenâgeuses et en faisant démolir les remparts.
Un peu plus tard, c'est Napoléon Bonaparte qui créera
l'évènement en faisant étape à Gap dans la nuit du 5
au 6 mars 1815, lors de son retour de l'île d'Elbe.
En 1875, l'arrivée du chemin de fer marquera l'entrée
de la ville de GAP dans l'ère moderne. Elle deviendra
au XXème siècle la principale agglomération
des Alpes du Sud.
La plus haute ville de France
perchée à à 1 325 mètres. En 1228, elle est appelée
Burgus, ce qui dénote une certaine importance de la
ville haute, créée comme ville nouvelle dans le premier
quart du XIIIème siècle.
Des franchises
lui sont accordées en 1244 afin d’attirer de nouveaux
habitants. Prospère, la ville forme une communauté formalisée
avec les hameaux alentour (rassemblés sous le terme
de «tierce»). Les rempart qui clore la ville sont achevés
en 1371, carrefour commercial important, elle est le
chef-lieu du Grand Escarton. De 1343 à la Révolution,
la région est en effet organisée en une fédération de
cinq Escartons, territoires disposant de prérogatives
particulières (exemptions de redevances, liberté de
la personne et des biens, privilèges économiques, liberté
de réunion et élection de représentants), qui ont subsisté
au rattachement du Dauphiné à la France, le tout contre
un don de 12 000 florins et une rente perpétuelle. La
charte est encore conservée à la mairie de Briançon
: elle est écrite sur un parchemin de 1,60 m par 50
cm. Les habitants de Briançon bénéficient du statut
de franc-bourgeois : bien que non-nobles, ils sont libres
de toutes les contraintes imposées aux serfs, et rendent
un hommage au Dauphin quand ils le croisent.
En 1624,
un incendie survient en plein hiver, alors que l’eau
du Béal est gelée. Il dure cinq jours et détruit 80
% de la ville. En janvier 1692, un autre incendie est
encore plus destructeur, à cause des grands approvisionnements
qui avaient été stockés en ville par l’armée : seuls
quelques maisons, le couvent des cordeliers, le grenier
à sel et l’hôtel du bailli subsistèrent.
La région
de Dévoluy est une région agricole où l'on pratique
l'élevage de l'agneau gras et sa situation à la limite
de parc des Ecrins est devenu un des territoires de
chasse des grands prédateurs tel que les loups qui sont
revenus s'installer dans ce parc national.
Mont-Dauphin est bâtie au confluent
de la Durance et du Guil, au nord-est de Gap et à 18
kilomètres nord-est d'Embrun. Cette ville, peuplée de
355 habitants, n'a que deux rues, qui forment la croix;
mais toutes les maisons en sont tirées au cordeau. Au-dessus
s'élève la forteresse. Bâtie sur un plateau presque
inaccessible, au centre de quatre vallées et dominant
le cours du Guil et celui de la Durance, elle bat les
routes d'Embrun et de Briançon.
Victor-Amédée, duc
de Savoie, passant à la tête de son armée sur ce plateau,
dit « Voilà une porte à fortifier. » Louis XIV ne négligea
pas l'avis et il envoya sur les lieux Vauban et Catinat,
qui en firent l'une des clefs de la France du côté de
l'Italie. On y voit deux grands corps de caserne et
un arsenal considérable. Toutes les fortifications sont
construites en marbre rougeâtre. On y a élevé, en face
des Eygliers, des remparts massifs et deux forts parallèles
qui, croisant leurs feux sur le chemin de sortie, rendent
cette place inaccessible aux assiégeants.
Mont-Dauphin
fut érigé en ville en 1753.
Pendant la Révolution,
elle porta le nom de Mont-Lyon et, en 1815, elle refusa
d'ouvrir ses portes à l'armée austro-sarde. Il y règne
des vents réguliers et périodiques dans l'intervalle
de l'équinoxe du printemps à celui d'automne, qui en
rendent le séjour peu agréable ; aussi les anciens appelaient-ils
ce plateau Mille (millevents).
À 8 kilomètres de
Mont-Dauphin, et près de la grande route, est situé
l'établissement thermal du Plan de Phazi alimenté par
quatre sources d'eaux minérales acidules et ferrugineuses,
qui coulent du midi au nord dans des canaux anciennement
creusés. Ces eaux, qui sont purgatives et apéritives,
sont employées avec succès dans les maladies du foie
et de la peau.
Crévoux était comme chaque
hameau bénéficiait d’une école mixte et d’une
fruitière.
En ce qui concerne l’éducation,
chaque enfant devait savoir, lire, écrire compter
et connaître l’arpentage et le cubage. Ces notions
de géométrie pratiques étaient nécessaires pour
mesurer l’aire d’un champ et le cubage servait
à déterminer les coupes forestières. L’enseignement
était dispensé en hiver entre la Toussaint à
Pâques. A la révolution de 1789, les instituteurs
recevaient un salaire de 25 livres pour les
enseignants du chef-lieu, en l’occurrence Crévoux,
12 livres pour l’instituteur de La Chalp, 9
livres pour celui de Praveyral et 5 livres pour
celui Champrond. Le restant de l’année, les
enfants étaient occupés à garder les troupeaux
ou à aider dans les travaux agricoles. Les
maîtres aussi, travaillaient dans les champs
pour nourrir leurs familles.
Pauvres parmi
les pauvres, ils partageaient les mêmes conditions
des paysans crévolins. En montagne, les conditions
hivernales limitent les déplacements et chaque
hameau se doit d’être autonome. Il possède donc
de nombreux équipements pour faire face aux
rigueurs de l’hiver. On trouvait donc dans chaque
hameau, un lavoir, une voire deux ou trois fontaines,
un moulin, un four à pain et une chapelle. Le
four était utilisé environ une fois par mois
pour « faire son pain », l’aliment par excellence,
et l’objet d’un grand respect. Les anciens disaient
aux enfants : « Qui gâche son pain, ne sait
pas le gagner ». Aux environs du 15 juillet
commençait les fenaisons. Cette coupe, à la
faux, est la récolte du fourrage nécessaire
à l’alimentation des bêtes pendant les longs
mois d’hivers. Il fallait donc en amasser le
plus possible. Le transport s’effectuait à dos
de mulet. On plaçait le foin dans un grand filet,
appelé tamart que l’on accrochait au bât (le
lou bast). En 1930, apparait la première charrette,
utilisé surtout au Chalp, là le terrain et plat
et les chemins sont plus faciles d’accès. Vers
la fin du mois d’aout, commençaient les moisson
de l’orge, du seigle et de l’avoine qui étaient
entièrement coupé à l’aide d’une faucille nommé
lou vouramp.
Cette ville est d'origine
celtique. Suivant les étymologistes, son nom vient
de deux mots, fun grec, c'est le nom d'une divinité
qui était adorée dans cette contrée ; l'autre celtique,
Dun ou Dunuma, et usité chez les Celtes pour exprimer
un lieu élevé, ce qui répond à la position d'Embrun.
Strabon est le premier qui ait parlé de cette ville.
D'abord sous la dépendance des Caturiges, puis Mansio
sous les Romains, elle s'accrut rapidement dans
la suite. Bien qu'elle ne fût pas colonie, Néron
la déclara ville latine, et donna à ses habitants
le droit d'entrer dans les magistratures et les
charges de l'empire. Rangée parmi les villes alliées
sous Galba, elle devint, sous le règne d'Adrien,
chef-lieu ou métropole des Alpes maritimes. Il y
avait un questeur, un receveur des tributs des montagnes
et un ordre de décurions. Dans les guerres de l'empire
contre les barbares, elle fut fortifiée pour défendre
les passages, soit par-delà, soit en deçà des Alpes.
Au v. siècle, les Vandales vinrent l'assiéger ;
mais, dit la légende, saint Marcellin protégeait
la ville ; il fondit l'épée à la main sur l'ennemi,
qui, saisi d'épouvante, s'éloigna. Après la levée
du siège, le peuple alla se prosterner devant le
tombeau de ce martyr et le remercier de sa délivrance.
Ravagée par les Huns, les Lombards et les Saxons
; pillée et saccagée par les Sarrasins, à qui la
trahison l'avait livrée ; assiégée sous Charles
V par les grandes compagnies, la cité caturige eut
encore à souffrir de la tyrannie de ses archevêques.
C'est en 364 que le siège épiscopal d'Embrun avait
été fondé. Dans la suite, il acquit une telle importance,
qu'on se le disputait comme une proie. Au VIIème
siècle, un concile dut intervenir et déposer Chramlin
qui s'en était injustement emparé.
Créés métropolitains
en 794, puis investis par les empereurs du titre
de prince, des droits régaliens et du pouvoir de
frapper monnaie, les archevêques d'Embrun ne se
servirent de leur puissance que pour opprimer leurs
vassaux. Sans cesse en guerre avec la ville, celle-ci
finit par les chasser de leur palais et de leurs
châteaux en 1238 ; mais ils ne tardèrent pas d'y
rentrer.
Plus tard, l'Embrunais ne
passa aux comtes de Forcalquier, et de ceux-ci aux
dauphins de Viennois, qu'à charge d'hommage aux
archevêques. Les dauphins avaient fait bâtir près
de la ville un palais ou plutôt une citadelle. De
là des prétentions qui amenèrent des démêlés avec
les princes d'Embrun. Par une bulle de 1297, le
pape Urbain VI menaça le dauphin de lui retirer
l'autorité qu'il exerçait dans le comté, s'il ne
se reconnaissait point vassal de l'archevêque. Le
dauphin se soumit. Cependant, après la cession du
Dauphiné à la France par Humbert II, le pouvoir
des archevêques alla déclinant.
Dès 1401, le
conseil delphinal défendit de : « commercer ni de
recevoir aucune espèce de la monnoie que l'archevêque
avoit fait fabriquer ». Plus tard, Louis XI mit
des bornes à la juridiction épiscopale d'Embrun
en créant un bailliage dans cette ville. « On sait,
dit un historien, quelle était la dévotion singulière
de ce prince pour Notre-Dame d'Embrun, dont il portait
toujours attachée à sa toque une statuette en argent
; il lui donna un bel orgue à tuyaux d'argent et
lui promit une grille du même métal ; mais, comme
elle le négligea dans une occasion importante, et
que Notre-Dame de Lorette vint à son aide, cette
dernière eut la grille d'argent, et Notre-Dame d'Embrun
dut se contenter de celle de fer. Cependant il se
recommanda encore à sa protectrice, et l'on prétend
qu'à son heure dernière il murmura ces mots à Notre-Dame
d'Embrun, ma « bonne maîtresse, aidez-moi ». Il
lui avait attribué une guérison, miraculeuse, après
laquelle il vint, en 1481, exécuter le vœu qu'il
avait fait.
Suivant l'usage des dauphins, il
entra processionnellement dans la cathédrale comme
chanoine, revêtu du camail et du rochet, et précédé
par l'archevêque et le chapitre, au son des cloches.
Dès lors, l'archevêque ne fut plus que le second
de son église, le roi, d'après les bulles du pape,
en était le premier, et les revenus de sa prébende
servaient à célébrer tous les dimanches la messe
du roi.
Au XVIème siècle, les protestants,
s'étant rendus maitres de la ville, brulèrent le
palais de l'archevêché. Plus tard, Richelieu en
fit démolir les châteaux, sous prétexte qu'ils pouvaient
servir de retraite aux calvinistes. Sous le règne
de Louis XIV, en 1692, elle fut bombardée et prise
par le duc de Savoie. Embrun est assez bien bâtie.
Située sur un plateau, dominée par le mont Saint-Guillaume,
entourée de remparts, de bastions et d'un fossé
profond, elle est défendue, du côté de la Durance,
par un rocher inaccessible. Jadis place forte de
première classe, elle n'est plus aujourd'hui qu'un
entrepôt. Sa citadelle s'élève sur le lieu même
où se trouvait le palais delphinal. Il ne reste
que peu de traces de l'ancienne ville gallo-romaine.
On y a trouvé, en 1811, près de la porte, un tombeau
qui renfermait une urne cinéraire, une lampe sépulcrale
et un lion augural.
Non loin des pentes du mont Viso se trouve le Tunnel de la Traversette appelé également le Pertuis du Viso, sous le col de la Traversette : il s'agit du premier tunnel creusé sous les Alpes, à la fin du XVème siècle, entre 2 915 et 2 900 m d'altitude (galerie en pente vers le côté piémontais). Cet ouvrage a été réalisé à l'initiative de Ludovico II, marquis de Saluces, pour relier la Provence et le Dauphiné à son marquisat, et en particulier sécuriser la route du sel, extrait des salines de l'étang de Berre. Ce projet, présenté au Parlement de Grenoble, a reçu l'aide du roi de France, Louis XI, du marquis de Montferrat et du seigneur de Provence. Achevé en 1480, après deux années de travaux, il a été dimensionné de manière à permettre le passage d'un mulet bâté et d'un homme courbé. L'emprunter permet d'éviter de franchir le col de la Traversette, à 2947 mètres d'altitude. Sur le plan économique, il permet de réduire de trois jours le trajet de Grenoble à Saluces, en évitant le Duché de Savoie qui contrôle alors le col du Mont-Cenis, ce qui favorise le commerce. Les caravanes reliant la Provence à Turin gagnent jusqu'à trois semaines par rapport à l'itinéraire sud qui emprunte le col de Montgenèvre. Ce tunnel, d'une longueur de 75 mètres environ, est encore praticable de nos jours. Il a été réouvert en 1907.
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