
Nice, une ville qui fait rêver et qui attire comme un aimant les peuples venus du nord de la Loire (Entendons nous bien. Pour nous, les méditerranéens, les gents venus du nord sont les peuples qui demeurent au nord d'Aix en Provence. Après et au delà vivent les esquimaux. - Dixit Marcel Pagnol). Nice comme Canne ou Menton sont avant tout des villes de personnes âgées qui viennent chercher sur la Cote d'Azur une repos bien mérité après une vie de labeur passé dans une ville du nord de la France. Retraité un peu aisée car vivre dans ces villes coutent, hélas, chers. Et oui, ces villes qui font la richesse du littorale méditerranée entre Fréjus et la frontière italienne. sont un havre de paix et de repos, tout au moins pendant la période d'Octobre à Mai. Après commence l'invasion. Invasion pacifique mais qui transforme ces villes tranquilles en une intense fourmilière et où trouver une place de parking pour son véhicule relève de l'exploit.

Promenade Niçoise
Note : Voici un texte extrait de Aux
pays d'azur, Nice, Monaco et Menton : descriptions, histoire,
mœurs, légendes, excursions et promenades, flore et faune, itinéraires,
renseignements généraux : guide complet du touriste, littéraire,
historique et illustré / par Jules Monod. 1902. et décrivant
avec forces détails la ville de Nice

Chef-lieu du département des Alpes-Maritimes,
Nice est située dans un nid protégé de tout froid par une vaste
ligne arrondie de collines de 200 à 750 mètres, appuyées par
une seconde ligne de coteaux et de contreforts et renforcées
par des chaînes de montagnes, de 1300 à 2300 mètres, qui font
l'effet de bourrelets et calfeutrent hermétiquement ce joli
paradis contre l'invasion de tout frimas. Ce sont, du nord nord-ouest
au sud-est, du Mont-Chauve au Var, les collines de Château-Renard,
de la Sereine, du Col du Bart, de Pessicart, de Ferrick, de
St-Pierre, de St-Philippe, de Bellet, etc. Dans l'intérieur
du plateau s'élèvent les terrasses fleuries de St-Hélène, les
Beaumettes, St-Barthélemy, St-Maurice, le Falicon. Rimiez, etc.
Derrière cette ligne, qui se subdivise en une multitude
de coteaux et de vallons, est appliquée une autre chaine, dont
le sommet principal est le Ferrion, qui a mètres d'altitude;
puis, derrière le Mont-Gros, une nouvelle chaîne, dont les sommités
sont dominées par les crénelures blanches des Alpes, massif
de glace où se détachent, majestueuses.les cimes de l'Argentera,
du Mercantour, du Gelas, du Clapier et du Diable.
Au nord-ouest,
encore une chaîne assez élevée, du Var à l'Estéron et qui a
le Mont-Vial pour cime principale; enfin, dans la direction
du nord-ouest au sud-ouest, la Cordillère de Provence, dont
le croissant montueux va jusqu'à Saint-Tropez.
Toutes ces
montagnes et ces collines, à interceptions longitudinales et
transversales, forment une foule de petits bassins, de gorges
pittoresques, de vallées tièdes que la nature a disposées en
gradins dont le grandiose amphithéâtre va en s'abaissant, en
pente insensible jusqu'à la mer, entourant la ville de leurs
contreforts, où éclatent, grâce aux verdures délicates, une
gamme infiniment harmonieuse de violets langoureux et de verts
apâlis. Au milieu s'étend, vers le frisson et la morsure des
flots bleus, Nice, Nice la belle, Nice la jolie, la ville d'or
et de roses, la cité pâmée de joies et affolée de richesses,
l'opulente et la voluptueuse, qui développe son brocart d'avenues
et de villas, où des princes rêvent à la royauté et des mondains
à l'amour et que piquent, de bouquets d'allégresse, les jardins
exquis aux retraits de volupté, où s'épanouissent, comme des
cassolettes de parfums, les orangers et les roses.

Toute cette nature n'est pas seulement
imprégnée de la lumière qu'elle reçoit du ciel; on dirait qu'elle
resplendit des rayons emmagasinés par les rochers, les grèves,
la mer, les fleurs, depuis des siècles et qu'elle a, de ce fait,
un éclat qui lui est propre. Nice peut être, suivant la définition
fort juste de J. Macquarie, divisée en quatre parties la ville
du Port, à l'est du Château, la ville centrale et la ville du
XVIIIème siècle, à l'ouest du monticule jusqu'au
Paillon; enfin, la ville moderne, sur la rive droite du Paillon.
La vieille ville est construite, comme la plupart des cités
du moyen âge, sur le flanc de la forteresse, vers laquelle montent
les rues sinueuses et étroites, dallées, monotones et vivantes
à la fois, encombrées d'enfants et de souvenirs, avec des couloirs
obscurs. Antres où vivent des êtres que l'on sent grouillants,
évocations d'âmes de foule, population qui ne veut pas être
moderne, qui se refuse à vivre dans le siècle. Bien que le temps
ait mis sa patine sur les façades de ces sombres quartiers,
les maisons conservent, malgré leur vieillesse morose, une vague
allure de palais, on ne sait quelle fierté du passé, que trahissent
les portes à ogives, ouvertes sur des cortiles à colonnades,
que viennent rejoindre les rampes de fer, délicatement et superbement
ouvragées, des larges et somptueux escaliers et là, des balcons
de Vieille rue à Nice marbre qui crèvent les murs de leur luxe
bosselé ou de fines corniches noyées d'ombres et des fresques
effacées, débris de splendeurs. Puis, un peu partout, des chapelles
avec des saints gris de poussière, aux effigies usées par l'effleurement
des siècles, que leur vétusté empêche de prier, et, sur des
portes de caves ou d'entrepôts, des mascarons évoqués d'un cycle
infernal, ou des écussons nobiliaires, effrités et lavés, vestiges
d'antiques héroïsmes et de valeurs envolées. A chaque pas, des
buvettes dallées, où l'on consomme les mets locaux, arrosés
des crus noirs de Ligurie ou de vins fleurant la framboise.
Il y a là un dédale inextricable de rues, de ruelles et de places,
la rue Droite, une des plus animées, où fut le Palais des Lascaris
et où se trouve l'Eglise du Gésu, que les Jésuites bâtirent
en 1650, la place Rossetti, avec l'Eglise cathédrale de St-Réparate,
édifiée en 1517 et qui s'écroula, quelque années après sa construction,
ensevelissant l'évêque Désiré de Palletis et un grand nombre
de fidèles, puis les rues de la Boucherie, du Marché, des Voûtes,
de la Loge, de la Croix, du Rey, de la Condamine, la rue Saint-Joseph,
qui, traversant la rue des Voûtes, rejoint la rue du Château
et la Montée, qui conduit au cimetière et au château, à gauche,
c'est la place St-François, emplacement du marché aux légumes,
avec, dans un des angles, l'ancien Hôtel de Ville, qui présente
une belle façade du XVIIIème siècle et abrite actuellement
la Caisse d'Epargne et la Bourse du Travail. La rue Pairollière
conduit à la place Neuve, laissant, sur la gauche, l'Eglise
St-Augustin, qui s'appelait. jadis, St-Martin et où Luther célébra
la messe en 1510 ; du même côté, s'allonge la rue Sincaïre,
où était la Tour à cinq angles, qu'illustra une héroïne niçoise.
Catherine Ségurane, et, un peu plus loin, l'hospice de la Providence,
fondé par l'abbé de Cessoles.
La vieille ville est reliée à la ville moderne par les rues
de la Préfecture et la rue Malonat, où se voient les restes
de l'ancien Palais des Gouverneurs de Nice. Près de là, la place
Ste-Dominique et le nouveau Palais de Justice, édifié sur une
ancienne église et une caserne qui a remplacé un couvent.
A droite, la Préfecture, beau bâtiment, qui date de 1611, d'abord
palais du roi, puis siège du gouvernement, que Charles-Emmanuel
inaugura en 1615. En face de la Préfecture, la place où s'élève
l'estrade officielle devant laquelle défilent les chars de S.
M. Carnaval et leur cortège, à peu de distance de l'endroit
où Sa Majesté éphémère est livrée aux flammes rédemptrices.
Puis, tout le long du cours Saleya, le marché aux légumes et
aux fleuris. Là, trônent trois rangées de marchandes, la plupart
abritées sous les larges parasols à douze branches; là, dans
un amoncellement pittoresque, c'est un hourvari de couleurs,
une confusion de nuances, radis roses, légumes verts et charnus,
oranges empourprées et citrons d'or fin, dans une gaine de feuilles
vernissées, à côté des trésors éblouissants et odorants des
fleurs, violettes, rosés, anémones, tubéreuses, mimosas, œillets,
jacinthes, gammes de couleurs et ondes de parfums, dont les
mondaines adressent de coquettes boites à leurs amis du Nord,
comme échantillons du perpétuel printemps de Nice. Par le Quai
du Midi, on gagne le chemin des Ponchettes, qui longe la mer
et, très exposé au vent du large, a reçu le nom de Rauba
capeü (vole-chapeau).

En 1892, le lieutenant Léon Taverne s'y
tua, avec son cheval, et l'on n'a jamais pu retrouver son corps,
enseveli dans les grottes sous-marines creusées parla furie
du flot. En contournant le château, on arrive au Port.
Sous
les comtes de Provence, Nice avait deux ports, l'anse appelée
Lympia, du grec Olympia ou peut-être du mot Linpudus, qualificatif
de la mer, situé sur l'emplacement du port actuel et un autre
plus petit, appelé port St-Lambert, du nom d'un petit oratoire
situé sur le rocher au bas du château, et protégé par deux môles,
dont il ne reste, d'ailleurs, aucune trace. Le port actuel,
gardé par deux môles et creusé entièrement de main d'homme,
sous Charles-Emmanuel, en a une étendue de 8-900 mètres, une
profondeur de 5 et donne lieu à un certain trafic. Son extrémité
de droite est décorée d'une statue de marbre blanc de Charles-Félix,
qui date de 1826, située en face de l'avenue Montfort, ainsi
nommée en mémoire d'un général qui résista, en 1543, au duc
d'Enghien. Sur les quais, l'Hôtel de la Marine, qui occupe la
place de l'ancienne préfecture maritime, les douanes et les
docks. Au fond du port, la belle place Cassini, où se trouve
la statue du président Carnot, et dont le prolongement conduit
à gauche sur la route de Villefranche au quartier de Mont-Boron
et sur la nouvelle route de la Corniche et derrière laquelle
est l'église du Port. Si, au contraire, nous tournons à droite,
nous arrivons, par la rue Cassini, à la place Garibaldi, où
s'élèvent, entourés de maisons à façades régulières, le Musée
d'histoire naturelle et la statue en marbre blanc de Carrare,
sculptée par Deloye, du héros italien, né il Nice. Garibaldi
y figure debout, la main sur le sabre et la statue est montée
sur un piédestal représentant la France et l'Italie, sous la
garde de deux superbes lions, veillant sur Garibaldi dans son
berceau. De cette place partent, à gauche, le boulevard Risso,
qui conduit aux Abattoirs; à droite le boulevard du Vieux-Pont,
qui aboutit à la place Masséna et, au centre, le pont Garibaldi,
qui communique avec le quai St-Jean-Baptiste, le centre de la
ville, le quartier Carabacel et le quartier de la Place d'Armes,
où sont les hospices des Petites Sœurs des Pauvres, les nouvelles
prisons et la Caserne de Gendarmerie.

Fort Thaon


En 1744, des soldats piémontais et
niçois du roi de Sardaigne, sous le commandement du capitaine
Guillaume Thaon, résistent aux assauts des Français dans
une ferme fortifiée située sur un flan du mont Boron à Nice.
Le sentier qui y conduit deviendra chemin du Fort-Thaon.
Une des silhouettes les plus familières du paysage niçois,
c'est celle du fort de Mont-Alban, qui, depuis 1560, se
dresse sur la crête du mont Boron. Pourtant, la route qui
y conduit croise un autre chemin, qui porte encore aujourd'hui
le nom du fort Thaon. Ce fort là, personne ne le voit. Et
pour cause : il n'existe pas. Enfin, pas vraiment.
En
1741 éclate entre monarchies européennes une énième guerre
de succession. Cette fois, la couronne en cause est celle
de l'Autriche, convoitée par plusieurs princes et détenue
par une femme, Marie-Thérèse de Habsbourg. La guerre éclate
donc: d'un côté les Bourbons de France et leurs alliés,
l'Espagne, notamment ; de l'autre, les Habsbourg et les
leurs, dont le petit royaume de Piémont-Sardaigne, gouverné
par Charles-Emmanuel III, issu de la dynastie de Savoie,
à laquelle Nice et son comté appartiennent depuis 1388.
Au début de l'année 1744, les troupes franco-espagnoles
se massent à la frontière, sur le fleuve Var.
Défendre Villefranche
Depuis 1706, Nice a perdu sa puissante
citadelle de la colline du Château, détruite alors par les
troupes de Louis XIV. Dès lors, la doctrine militaire des
Savoie a changé. Nice est désormais indéfendable, mais la
rade , de Villefranche, par laquelle les alliés des Savoie
peuvent faire débarquer des troupes, reste un enjeu essentiel.
Face aux Franco-Espagnols, il faut donc défendre Villefranche.
La petite armée des Savoie établit un camp retranché aux
flancs des collines qui surplombent la rade, depuis Je mont
Gros jusqu'au mont Boron. En face, les assaillants passent.
Le Var le 1er avril. Du 2 au 11, ils contournent
Nice el s'emparent de l'arrière-pays, depuis Gilette jusqu'à
L'Escarène. Enfin, le 19, ils attaquent les retranchements
du mont Boron. Or, en plein centre de la ligne de défense,
à mi-pente de la colline se dresse une simple ferme, que
des soldats piémontais et niçois du roi de Sardaigne ont
fortifiée. Barricadés derrière les étroites fenêtres et
l'épais mur de la ferme, ils brisent l'assaut des troupes
françaises et espagnoles. Durant toute la journée, et encore
le lendemain 20 avril, les assaillants ne peuvent s'approcher
qu'au prix de lourdes pertes. Finalement, le 20 avril 1744,
en fin d'après-midi, 600 grenadiers espagnols attaquent.
Les défenseurs résistent encore. Enfin, à bout de forces,
ils se rendent. L'attaquant leur accorde les honneurs de
la guerre et ce sont alors pas moins de ... seize soldats
et quelques paysans qui sortent de la ferme, sous le commandement
du capitaine Guillaume Thaon, et défilent fièrement entre
les lignes espagnoles.
Le «Fort Thaon» avait vécu. Quant
à la ferme, la guerre finie, elle reprit lentement le cours
de sa vie rurale. Elle était toujours debout quand, en 1876,
fidèle à la mémoire de son ancêtre, le major Louis Thaon
fit poser sur le mur d'enceinte une plaque honorant le courage
de son parent. Et, quoique française depuis 1860, la ville
de Nice voulut conserver le souvenir de cet épisode où ses
fils se battaient contre les armées du roi de France en
baptisant du nom de chemin du Fort-Thaon le modeste sentier
qui la desservait.
Article d’Hervé BARELLI –Nice
Matin 22Mai 2016
Bien que plus propre et plus vivante,
la ville moderne est peut-être moins intéressante que la cité
ancienne qui abrite tant de souvenirs. L'avenue de la Gare,
appelée d'abord avenue du Prince-Impérial, qui part de la gare,
située à l'extrémité nord de Nice et se termine à la place Masséna,
en est, sans contredit, la principale artère. C'est un fort
beau boulevard, bordé d'hôtels et de belles maisons, où s'avancent
les façades fleuries et bruissantes de somptueux cafés et qui
a l'animation et le brouhaha élégant d'une capitale. Dans cette
avenue, l'église Notre-Dame de Nice, construite par l'architecte
Lenormand, sur le type d'une église d'Anjou du XIIIème
siècle; elle a 60 mètres de longueur et la nef 18 mètres de
hauteur, de l'intrados au dallage. Le chœur, allongé et entouré
de dix colonnes, occupe une grande partie de l'édifice, les
collatéraux sont bordés de sept chapelles et les voûtes des
nefs supportées par de frêles colonnes d'une exquise délicatesse;
les fenêtres ont de beaux vitraux et le vaisseau est à la fois
hardi et fort léger. La principale façade extérieure est flanquée
de deux tours percées de longues fenêtres, réunies par une balustrade
ajourée, au-dessus de laquelle, sur toute la largeur, se développe
l'élégance d'une galerie à arcades trilobées supportée par de
fines colonnettes, tandis qu'une belle rose fleurit au-dessus
de la grande porte. Les tours sont inachevées et, malgré lui,
l'œil habitué aux hardiesses gothiques, cherche la pyramide
extatique des flèches, en ascension vers l'azur.
Aux deux
tiers de l'avenue de la Gare partent deux grands boulevards,
les boulevards Dubouchage et Victor-Hugo, qui se font face,
et les deux plus luxueux de Nice. Le premier est embelli de
magnifiques ombrages et de jardins exquis, qui servent de préface
fleurie aux villas les plus fanfreluchées.

Sur cette voie se dresse la façade ionique
du Musée de tableaux, où sont certaines œuvres remarquables,
entr'autres les tableaux: Thésée, vainqueur du taureau de Marathon,
du peintre Van Loo, né à Nice; Une séance de clinique à la Salpêtrière,
de Bouillet; Jacob chez Laban, de Lérolle; Pendant la guerre,
de Luminais Marchande d'eau et marchande d'oranges, de Clément;
La servante du Harem, de Trouillebert ; Le chemin du Prado,
à Hyères, de Paulin Bertrand; Venise, de Ziem, etc.
Puis,
ce sont le Palais de la Bourse et, en face, l'Hôtel de la Charité.
Le boulevard Dubouchage aboutit au boulevard et au quartier
de Carabacel. Le boulevard Victor-Hugo conduit au long boulevard
Gambetta par une triomphale avenue de superbes propriétés et
d'hôtels splendides, entourés de jardins aux merveilleux parterres.
A proximité, le Temple russe, l'Eglise écossaise et le Temple
allemand. Sur ce boulevard viennent converger, à droite et à
gauche, les avenues Durante et Aubert, les rues Gounod, Berlioz,
du Congrès, Dalpozzo et Meyerbeer.
En descendant l'avenue
de la Gare, qui se termine par des arcades, où se réfugient
les désœuvrés lorsqu'une pluie fugitive vient ternir le beau
ciel de Nice, on débouche sur la superbe place Masséna, où s'ouvrent,
à droite la rue Masséna, plus loin, rue de France, qui traverse
la place Croix-de-Marbre, abrite l'église St-Pierre d'Arène,
va jusqu'aux quartiers St-Philippe et des Beaumettes, et, à
gauche, la rue Gioffredo. qui pousse ses populeuses sinuosités
jusqu'au boulevard Caiabacel et le quai St-Jean-Baptiste, pépinière
des grands hôtels, où sont construits l'Eglise du Vœu, le Lycée
et, sur un square, derrière le Casino, une hautaine statue du
général Masséna, enfant de Nice, œuvre de Carrier Belleuse et
érigée en 1869. Sur la place Masséna sont les cercles, les grands
cafés, fréquentés par les plus chics clubmen et les plus pimpantes
aimées. Au centre, la façade monumentale et la terrasse gracieuse
du Casino municipal, construit sur le Paillon, et dont le Palmarium,
unique au monde, les spectacles continuellement variés, les
concerts quotidiens, les salles de jeu, de bal et de lecture,
font un des lieux de plaisir les plus courus de Nice.
On
ne reconnaît guère le cours du Paillon, grâce au somptueux revêtement
de palais et de jardins sous lequel on l'a dissimulé. Et il
doit être furieux, ce méchant torrent, qu'alimentent les petites
rivières troubles des montagnes, venues de Touhet, de Saint-André,
de Contes-de-Cantaron, de ne plus pouvoir, de ses eaux grises
subitement gonflées et grondantes, renverser tout sur ses rives
et se livrer à des débordements licencieux et intempestifs,
dont il avait pris la trop funeste habitude. Ainsi, il ne causa
pas moins de quatorze inondations dans les trois derniers siècles
et, particulièrement mal intentionné, il renversa, le 9 octobre
1530, le pont St-Antoine, un grand nombre de maisons des champs
et plus de trois cents murailles de jardins, d'enclos et de
prairies, étendant ses eaux limoneuses jusqu'aux plaines de
Roquebillières et de Lympia.
Le 15 août 1610, l'historien
Durante raconte « qu'il abattit une quantité de maisons et de
murailles et ruina toute la plaine et les collines jusqu'au
Var, emportant les hommes et les bestiaux, la masse des eaux
s'étant élevée à une hauteur prodigieuse et ayant même menacé
d'emporter le rempart du côté de la porte du pont. » En 1812,
nous voyons, par d'anciennes gravures, que la rive droite du
Paillon était peu ou pas du tout peuplée, couverte de jardins
et d'oliviers et que son embouchure formait un marécage qui
baignait le pied des remparts. Aujourd'hui, ce que l'on voit
de cette méchante rivière est du plus piteux effet et justifie
les vers satiriques que lui a décochés le poète genevois Petit-Senn
Le Paillon, perdu dans un espace vide,
Au fond d'un
lit géant, fier de s'ensevelir,
A d'un sot employé la destinée
aride,
occupe une place et ne peut la remplir.
Une dame, le considérant une fois, du haut duquai St-Jean-Baptiste,
écrivit cette réflexion sur son mignon calepin « Paillon, rivière
dans laquelle les blanchisseuses de Nice mettent sécher leur
linge ». Dans la clarté du radieux soleil niçois et le tumulte
de la foule élégante, nous franchissons la place Masséna et
nous nous trouvons dans la rue Saint-François-de-Paul, qui relie
la vieille ville à la nouvelle. L'église St-François-de-Paul,
construite en1735, par les Pères Minimes, y surélève son austère
façade. Un peu plus loin, l'Opéra, établissement subventionné
par la ville, fondé en 1770, par un Niçois, Alli de Maccarani
et détruit, en 1881, par un incendie, qui fit plusieurs centaines
de victimes. Reconstruit immédiatement, il occupe un emplacement
de près de 2000 mètres. Haute de 20 mètres, sa façade est décorée
de statues allégoriques, avec des colonnes en marbre de Vérone
et des chapiteaux de bronze. Sa salle est de style Renaissance
avec trois étages de loges à l'italienne. On y joue tout le
répertoire classique et de nombreuses étoiles viennent, pendant
la saison, y briller aux feux de sa rampe. A quelque distance,
la Bibliothèque de la ville, qui contient 90,000 volumes, dont
300 incunables et manuscrits; parmi les ouvrages rares, nous
citerons une bible manuscrite du XIII, siècle, avec vignettes
et lettres ornées, un livre d'heures flamand, manuscrit, du
XlVe siècle, revêtu d'une reliure de l'époque, en veau frappé,
beaucoup de volumes avec de curieuses reliures des XVe et XVI°
siècles, velin, maroquin, reliures Grôlier et tranches dorées
et gaufrées. La Bibliothèque renferme, en outre, une collection
de médailles provenant d'un legs du comte de l'Escarène et de
dons particuliers, puis des débris archéologiques curieux, sculptures,
urnes et inscriptions de diverses époques. Nous revenons sur
nos pas et, devant nous, s'étendent les parterres fleuris, les
tapis, de réelles verdures du Jardin public, que borde le quai
Masséna, avenue de magasins aux vitrines éblouissantes, qui
confine à la célèbre promenade des Anglais, devant laquelle
se trouve le groupe de marbre de l'annexion de Nice à la France,
inauguré en par le président de la République.
L'origine
de ce boulevard, une des merveilles du littoral, est fort curieuse.
Toute cette partie de Nice n'était, en 1822 qu'une prairie,
confondue avec la plage, où, dit la tradition, fut planté le
premier oranger, né des fruits d'or qu'Hercule déroba au Jardin
des Hespérides. En 1830, des Anglais firent une collecte dans
le but de niveler et sabler le sentier, parcouru par les rares
étrangers qui, à cette époque, venaient là jouir de la vue et
se baigner dans les lumineux effluves du soleil. Le chemin convenable
qui s'ensuivit, prit le nom de chemin des Anglais, et, d'embellissements
en embellissements, il en arriva à la somptueuse avenue d'aujourd'hui.
C'est là que, sur le trottoir asphalté, à l'abri des légendaires
palmiers, dont s'est emparée la chromolithographie du monde
entier, devant les parterres fleuris de villas blanches à terrasses
plates et d'hôtels trop beaux, les snobs, fatigués, aux pieds
lourds, et les jolies mondaines, en toilettes plus claires que
le printemps éternel de la Côte d'azur, vont se faire admirer
de 2 à 4 heures. La mer a creusé là un golfe si suave et si
doux qu'on n'a pu mieux l'appeler que la Baie des Anges, sur
laquelle on raconte une exquise légende.
« Jadis, un jour,
une belle jeune femme païenne se promenait en bateau sur la
surface calme de la mer; la tempête s'éleva soudain et bien
que les rameurs eussent fait forces de rames vers la terre,
le bateau fut englouti. Tout à coup, au-dessus des vagues, qui
bondissaient échevelées, apparurent de blancs fantômes, voltigeant
autour de la barque renversée; leurs ailes azurées rasaient
l'eau; ils prirent, dans leurs bras, la jeune femme évanouie,
séchèrent avec le souffle de leur haleine ses beaux cheveux
tout trempés par l'eau de la mer et la déposèrent saine et sauve
sur le rivage; puis on les vit remonter au ciel et disparaitre
dans les nuages. Le lendemain, la jeune femme embrassa le christianisme
et, depuis lors, on nomma cet endroit la Baie des Anges. »
Sur ce rivage mondain, la mer est un lac tranquille élégant,
sillonné d'embarcations, qui reflète dans le miroir de sa surface
la silhouette orientale du Palais de la Jetée-Promenade, un
lieu de plaisir digne des Mille et une nuits, où sont concentrées
toutes les joies et les distractions dont s'abreuve la société
moderne. A peine, de temps à autre, une vague qui déferle avec
furie, et la brise a l'air de murmurer des compliments et de
sentir bon, comme les belles Niçoises, aux yeux de velours,
qui passent, avec leur démarche de jeunes souveraines. Tout
est exquis, pimpant, d'une joliesse de joujou neuf, d'une préciosité
de bibelot rare; la nature a des coquetteries, elle exhibe une
terre rouge, des rochers de porphyre, des fleurs de rêve, un
ciel si lavé, si propre, des arbres à la mode et, dans ce cadre
précieux, lamer s'allonge, souple, à peine féline, caressante,
lassée, traînant, sur les galets polis et bruissants, la souplesse
de son flot moiré, frangé des dentelles frissonnantes de l'écume
mousseuse. Elle semble vouloir inviter les élégants, les heureux
de cette civilisation de fin de siècle à se laisser bercer,
sur son sein, dans des nefs fleuries, aux sons de musiques d'amour,
en route vers d'autres rivages où l'extase du ciel bleu et du
calme de béatitude se continuerait indéfiniment, en l'oubli
total de la vie. Mais si l'on va vers St-Hélène, le faubourg
brulé de soleil, si l'on quitte l'asphalte chaude, où la foule
moutonne et bruit, dans un frou-frou de soie et de propos musqués,
petit à petit, la mer s'évase, s'agrandit, devient une chose
énorme, dont le regard ne peut plus se détacher et qui efface
tout; on avance encore, c'est l'infini qui éclate soudain, l'infini
du grand large, la splendeur inquiétante de la ligne grise Où
se confondent l'azur du ciel et l'azur de l'onde, ce quelque
chose d'horrible et de beau que nos sens ne peuvent percevoir,
cette sensation de la grandeur et de l'éternité des choses,
qui annule et écrase notre faible entendement, notre intelligence
au domaine borné. Alors, cela devient de l'extase; il faut s'asseoir
sur la grève, voir, ne plus marcher, ne plus avoir d'autre fonction
que celle de béer, d'être stupide d'allégresse et d'admiration.
A gauche, Nice toute entière, Nice la blanche, qui a l'air de
piaffer, avec des allures fringantes, comme un murmure de flirt,
une soif de plaisirs, parée de ses villas d'étagère, de ses
promenades aux senteurs de boudoir, de ses quais qui sont des
jardins fleuris d'Armide sur l'écran sombre de la colline plantée
d'oliviers et d'aloès de la poudreuse Villefranche.
A droite,
un cap mince et ténu, qui finit et s'efface, assombri d'eucalyptus,
éclairé des taches blanches des bastides éparpillées et, devant,
partout, géante, immense, la mer, toute la mer, cæruleum mare,
la grande magicienne, coulée d'émail précieux, paillonné et
cloisonné de nuances étranges, qui changent, luisent et se confondent,
avec, parfois, des tons clairs de porcelaine, sur l'oxyde foncé
des horizons indécis et mouvants. Parmi les villas somptueuses
où a passé tout un monde de célébrités, qui font de la Promenade
des Anglais un lieu de délices. les plus connues et les plus
illustres sont la villa Dalmas, au n° 25, où Meyerbeer écrivit
une partie de Africaine, la villa Lyons, habitée par Ali Pacha
et le roi de Bavière et la villa Stirbey, qu'occupèrent l'Impératrice
de Russie et le sculpteur Carpeaux. Si, tournant le dos à la
mer, nous nous arrachons à sa fascination mystérieuse et nous
remontons vers les collines qui font de Nice une serre tiède,
nous traversons successivement de délicieux faubourgs, qui ceinturent
la ville comme d'une corbeille de fleurs et de verdure. Ce sont,
sur un demi-cercle, Les Baumettes, Alagnan, St-Philippe, St-Etienne,
St-Barthélemy, St-Maurice, Rimiez, St-Roch et le quartier de
Mont-Boron, où les villas succèdent aux villas, les jardins
aux jardins, dans un exquis désordre de parfums et de couleurs.

Nice, célèbre pour sa promenade
Au début
du XIXème siècle c’est un modeste sentier terreux et
graveleux, large de 2 mètres, nommé « Chemin des anglais », reliant
la rive droite du Paillon au faubourg de la Croix de Marbre. Il
est construit par la communauté anglaise hivernante et financé dit-on
par le Révérend Lewis Way. Le document n°107 annexé au Plan régulateur
du Consiglio d'Ornato (lettres patentes du 26 mai 1832) prévoit
une route au bord de mer de l’embouchure du Paillon jusqu’au vallon
Magnan. La libre disposition du littoral est accordée à la municipalité
par les patentes du 5 mai 1835 signées du roi Charles-Albert. Le
29 avril 1836, le Conseil municipal approuve le projet soumis, par
l’architecte de la ville Antoine Scoffier, où figure le tracé, dessiné
dès 1830, avec une extension et un gabarit à l’échelle de l’actuelle
Promenade. En 1844, les travaux d’équipement de cet ouvrage d’art
débutent par un premier tronçon, depuis l’angle sud-est de l’embouchure
du Paillon jusqu’au vallon Saint-Philippe. Il est surélevé de 5
mètres au dessus du niveau de la mer. Sa largeur est de 23 mètres
mais seulement 12 mètres sont exécutés. En 1854-1856, la voie prend
le nom de Promenade des Anglais et est prolongée jusqu'à Magnan
selon le projet de l'architecte François Aune. D'importants travaux
sont ensuite effectués, elle est élargie de 11 mètres en dehors
du talus pour y former une allée à double rangée d'arbres. La promenade
est prolongée jusqu'à Sainte-Hélène en 1878, Carras en 1882, et
enfin jusqu'au Var, en 1903.
Aujourd'hui et doit-on le déplorer
elle est livré à la promenade pétaradent bruyantes et odorante des
véhicules de tout acabit qui l'empruntent à longueur de journée.

La colline du Château

Sur un panneau installé au sommet de la colline
du Château, on peut lire les informations suivantes : «La
Colline du Château, considérée comme le berceau de la Ville de Nice
est un ancien site fortifié occupé par les celto-ligures.
Elle
doit son nom de NIKAIA aux grecs phocéens qui établirent dès le
3ème siècle avant J.C. un comptoir à proximité, sur le
rivage.
Romanisée au début de l'ère chrétienne, elle donna naissance
à la ville haute médiévale où s'élevait l'ancienne cathédrale Sainte
Marie.
Protégée par le château des comtes de Provence, puis des
souverains de la Maison de Savoie, elle fit place au XVIème
siècle à une redoutable citadelle complétée d'un puissant rempart
entourant le ville basse (l'actuel Vieux Nice).
L'ensemble du système défensif fut démantelé sur l'ordre de Louis
XIV, par suite de l'occupation française lors de la guerre de succession
d'Espagne en 1706. La Colline définitivement déchue de sa fonction
stratégique vit s'installer dès 1783 le nouveau cimetière.
Elle
fut transformée sous la restauration Sarde en jardin public et embelli
et agrémenté de la cascade dès la fin du XIXème siècle.»
Catherine Ségurane
La Colline du Château

Cette colline est aussi célèbre pour
les niçois, que sa lavandière.
L'histoire raconte que
lors de la tentative de prise de la ville par les turcs
et les français le 15 août 1543, une lavandière du nom de
Catherine Ségurane se rue sur les remparts, assomme d'un
coup de battoir un porteur d'oriflamme turc et brandissant
son trophée elle galvanisa la troupe et se retournant, elle
aurait montré la partie charnue de son postérieur à l'ennemie
et se serait même essuyé un endroit sensible de sa personne
avec la bannière ainsi prise à l'ennemi. Quoi qu'il en soit
si les francos turcs réussissent à prendre la ville, le
château résistera vaillamment à l'assaut et c'est l'arrivée
des troupes du Duc de Savoie, Charles III qui délivrera
la ville des ses envahisseurs. Si cette existence n'est
relatée par aucun historien de l'époque il n'en demeure
pas moins que Catherine Ségurane est une héroïne locale
et chaque année le maire de Nice se doit de lui rendre hommage
en Niçois. En 1705 le château devenu une véritable forteresse,
ne résiste pas au assaut de Louis XIV et le 4 janvier 1706,
le château et son enceinte furent complètement rasés par
ordre du roi. Aujourd'hui, même s'il est impossible de localiser
le château, pour les niçois ils continuent toujours à l'appelé
la Colline du Château.
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